Walid Regragui «est peut-être fou», mais il a envie de «gagner la Coupe du monde» et de battre la France en demi-finale, mercredi (20h00), a lancé le sélectionneur du Maroc dans une conférence où il a assuré le spectacle, démontant notamment la «possession». Extraits.
Est-ce que votre Coupe du monde est déjà réussie ?
«On veut changer cette mentalité. Je l'ai dit aux joueurs: si vous êtes contents d'être juste arrivés en demie et vous vous dites que quoi qu'il arrive on aura réussi notre Coupe du monde, moi je ne suis pas de cet avis. On a envie de gagner la Coupe du monde, ce ne sont pas des paroles en l'air.»
Vous avez encore faim ?
«Mais si tu n'as pas faim en demi-finale de Coupe du monde... On est une équipe ambitieuse, on a faim, est-ce que ça va suffire ? Ça peut, avec état d'esprit, c'est le plus important en football, l'état d'esprit. On a confiance, on a envie d'écrire l'histoire, de mettre l'Afrique sur toit du monde. On a peut-être eu le parcours le plus difficile, à chaque fois on nous a prédit l'élimination et on est encore là, avec nos valeurs. On va se battre demain pour aller plus loin.»
Mais la France est favorite...
«C'est la meilleure équipe du monde. Mais il faudra être fort pour nous sortir de la compétition, même si on sait que tous les pronostics sont contre nous. On est peut être fou, mais c'est bien d'être fou, on a confiance, je le répète, et on n'est pas fatigué, je le répète aussi. Depuis le début tout le monde dit qu'on est fatigué, non, tu ne peux pas être fatigué en demi-finale de Coupe du monde. En arrivant, on avait 0,01% de chances de gagner la Coupe du monde, peut-être qu'on est à 0,03%. Bon, peut-être que demain je vais passer pour un con... On est monté ou pas ?»
Le cote est à 12.
«Hamdulillah!»
Allez-vous laisser le ballon à la France ?
«On va jouer comme on sait faire. Cette possession... C'est extraordinaire comment, même vous les journalistes sportifs, ça vous fait rêver... Tu as 70 ou 75% de possession et tu tires deux fois au but ? Et les «xG» (expected goals), ça c'est la meilleure des inventions... (ironique). «On aurait dû gagner, on avait 4,5 xG». Mais t'as un attaquant «en bois» et tu as eu quatre occasions pour rien ! Gagner avec un minimum de possession n'est qu'une manière de jouer. Mais je pense qu'en face de moi il y a le meilleur sélectionneur du monde (Didier Deschamps, NDLR), il a compris depuis longtemps. Je prends exemple sur la France 2018, ils ont tout compris et ils ont «explosé» tout le monde. Contre l'Angleterre (2-1 en quarts) ils n'ont pas eu beaucoup d'occasions et ils l'ont explosée.»
Vous aurez peut-être le ballon...
«S'il nous le laissent, il faudra bien l'utiliser. S'ils ne nous laissent pas le ballon, il va nous falloir faire un énorme match pour qu'ils aient le moins de xG possibles pour nous battre (ironique). La possession... Je vais demander (au président de la Fifa Gianni) Infantino s'il ne veut pas donner des points à l'équipe qui a la possession... La possession, je suis passé par là aussi, (Pep) Guardiola (entraîneur de Manchester City) c'était mon rêve. C'est sûr que quand tu as Bernardo Silva, x et y, la possession, c'est bien. Les journalistes européens critiquent notre jeu, je pense que ça les embête de voir qu'une équipe africaine joue comme eux. Ils aimaient bien la danse, la fête, (Sofiane) Boufal qui fait deux petits ponts mais rentre à la maison.»
Sentez-vous que vous représentez bien plus que le Maroc ?
«On a envie de gagner pour l'Afrique, pour les pays en voie de développement en football. Je le répète, on n'est pas fatigué, demain on va courir, pour l'Europe, pour l'Afrique, pour le Maghreb, pour nos frères d'Afrique Sub-saharienne, tous ceux qui ont rêvé de voir l'Afrique en finale ou en demi-finale de Coupe du monde. Je n'ai pas envie qu'on fasse la même conférence de presse dans 40 ans pour dire qu'on a la possibilité de ramener une équipe africaine en finale. On a beaucoup critiqué les pays africains, c'est le moment de marquer notre territoire, on va essayer de le faire, inchallah !»