L'équipe d'Espagne, adversaire de la Suisse en 8es de finale de la Coupe du monde dames de football, avait laissé apparaître un gros potentiel en début de tournoi. Mais sa nette défaite 4-0 contre le Japon a ouvert quelques questions.
Ce revers contre les Nippones peut être digéré sans trop de mal. Les deux pays étaient déjà certains de continuer leur parcours. Les Espagnoles avaient battu le Costa Rica 3-0 et la Zambie 5-0. Mais il n'empêche que l'ampleur du revers, ainsi que la manière, pourrait avoir laissé des traces dans les esprits.
L'Espagne demeure cependant toujours parmi le cercle des équipes potentiellement capables d'aller chercher le trophée. L'histoire montre aussi que des chocs tels que ce 4-0 en phase de groupes peut paradoxalement renforcer le groupe et lui donner une nouvelle impulsion.
Période un peu trouble
Chez les hommes, cela avait été le cas pour l'Espagne en 2010 après sa défaite inaugurale contre la Suisse (1-0). La Roja avait ensuite été jusqu'au bout pour gagner sa première Coupe du monde. Plus récemment, on rappellera que l'Argentine avait commencé le Mondial 2022 au Qatar sur une défaite 2-1 contre l'Arabie saoudite avant de décrocher sa troisième couronne.
Les Espagnoles traversent cependant une période un peu trouble. La préparation a été perturbée par des blessures, des retraites et des changements d'avis. Une certaine fragilité entoure la sélection.
En septembre 2022, quinze joueuses ont écrit et signé un mail à leur Fédération dans lequel elles listaient plusieurs reproches, dont des critiques à l'encontre du sélectionneur Jorge Vilda. Après un ping-pong médiatique, la Fédération s'est rangée derrière Vilda, qui est en poste depuis 2015.
Les joueuses ont dû reconnaître leurs erreurs et présenter des excuses si elles voulaient encore être sélectionnées en équipe nationale. Trois ont fait ce pas, mais beaucoup d'autres ont refusé, dont notamment Patricia Guijarro, dont les deux buts en juin avaient contribué au succès de Barcelone en Ligue des champions.
Une Putellas pas encore au top
La grande star de l'équipe, la double Ballon d'or Alexia Putellas, ne faisait pas partie de la bande des quinze rebelles. En automne, elle était sur le flanc après la rupture du ligament croisé qui lui avait fait manquer l'Euro en Angleterre.
Mais elle avait exprimé sur les réseaux sociaux sa solidarité avec les plaignantes. Putellas a justifié son retour en équipe nationale en évoquant des «améliorations significatives», sans autre précision. Les médias espagnols décrivent la sélection comme une communauté de complaisance dans laquelle les conflits ont été mis en veilleuse en raison du gros potentiel à disposition.
Lors de l'Euro, l'Espagne avait fait un bon tournoi malgré l'absence de sa star. Mais elle avait été sortie dès le début de la phase à élimination directe. Contre les futures championnes anglaises, les Espagnoles avaient mené 1-0 jusqu'à la 84e, avant de s'incliner 2-1 ap.
Le retour de Putellas (29 ans) pour ce Mondial est synonyme d'espoir pour les fans. Mais jusqu'ici, la vedette n'a guère pris la lumière. Son billet se limite à un assist en trois bouts de match. Elle a joué 20 minutes contre le Costa Rica, une mi-temps face à la Zambie et une heure contre le Japon, sans jamais vraiment se mettre en évidence.
L'Espagne aura besoin d'une Alexia Putellas en meilleure forme lors de son 8e de finale contre la Suisse samedi matin. Sans quoi elle prendra une fois encore l'avion de manière prématurée.