Pour sauver la planète Des applications anti-gaspi pour aider la planète et dépenser moins

Relaxnews

9.2.2020 - 15:22

Coco di Mama, à Londres, est un partenaire de l'appli anti-gaspi Karma
Coco di Mama, à Londres, est un partenaire de l'appli anti-gaspi Karma
Source: Relaxnews

Jack Convery se rend d'un bon pas chez Coco di Mama, une chaîne de restaurants italiens à Londres. Cet employé d'une entreprise du secteur high-tech de 27 ans a commandé son repas en quelques clics sur l'application Karma, qui brade les invendus de centaines de restaurants.

Karma fait partie comme Olio, Too Good to Go or Food Cowboy d'une vague d'applications très en vogue à travers le monde et notamment en Angleterre pour lutter contre le gaspillage alimentaire, l'une des principales causes d'émissions de CO2.

«Ce que je peux faire pour l'environnement et en même temps mon budget, c'est gagnant-gagnant», remarque Jack avant de récupérer son repas au comptoir, qui l'attend emballé dans du papier kraft.

Pour les restaurateurs, c'est aussi une bonne opération. «Quand on donne les invendus à des organisations caritatives, c'est super, mais avec Karma on récupère un peu d'argent. Ca ne couvre pas totalement le coût des repas mais c'est déjà ça», remarque Sarah McCraight, l'une des dirigeantes de Coco di Mama.

Face à la prise de conscience de l'urgence climatique, les applications comme Karma, start-up suédoise créée en 2016, sont de plus en plus populaires. Karma revendique 1 million d'utilisateurs en Suède, au Royaume-Uni et en France. Olio, société britannique née en 2015, en affiche 1,7 million dans 49 pays.

«On jette un tiers de la nourriture produite chaque année, environ 10% des émissions de gaz à effet de serre viennent de déchets alimentaires à eux seuls», trois fois plus que les émissions de CO2 provenant de l'aviation, insiste Tessa Clarke, co-fondatrice d'Olio.

Le gâchis a lieu à travers toute la chaîne de production: dans les fermes, pendant le transport, dans les supermarchés. Mais dans les pays développés, c'est essentiellement dans les restaurants et surtout chez les particuliers que la nourriture est gaspillée.

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Olio vise surtout les particuliers qui y mettent des aliments qu'ils pensent ne pas consommer: des épices lors d'un déménagement, des légumes quand on part en voyage, un gâteau qu'on ne va pas finir.

Selon Tessa, la moindre tête de brocoli, le plus petit paquet de nouilles – parfois déjà ouvert – trouve preneur.

L'application est particulièrement prisée des 18-44 ans, et des femmes, comme Amanda Connolly, 43 ans.

Cette adepte d'Olio, très engagée dans la réduction des déchets, souligne qu'elle ne travaille pas actuellement alors l'application «est vraiment utile pour récupérer du pain, des boîtes de conserves ou des trucs comme ça».

«Et puis ça vous fait rencontrer des gens près de chez vous», ajoute-t-elle.

Olio, gratuite pour les particuliers, intervient aussi auprès de supermarchés ou restaurants, à qui a société facture des frais d'enlèvement.

Des bénévoles se chargent ensuite de redistribuer les invendus sur la plate-forme.

Pour une ONG environnementale comme WWF, ces applications de partage alimentaires jouent un rôle certain dans la lutte contre le changement climatique.

«La plupart des gens ont des appareils mobiles alors les applications sont un moyens évident et simple pour sensibiliser les gens et faciliter leur action», remarque Joao Campari, de WWF.

Elles peuvent toutefois être compliquées à utiliser pour ceux qui n'ont pas de flexibilité – les offres sur Karma apparaissent surtout hors des horaires de repas traditionnels. Pour Olio, il faut aussi avoir le temps de se déplacer pour récupérer parfois de petites quantités, ou alors être fréquemment sur son téléphone pour voir les «bonnes affaires» en ligne avant qu'un autre adepte ne se les attribue.

Leur utilité dans la réduction des gaz à effet de serre connaît aussi des limites: «ces applications sont bonnes pour aider à la prise de conscience mais elles ne sont pas des solutions en soi», affirme Martin Caraher, professeur au centre pour les politiques alimentaires à City University à Londres.

La racine du problème, c'est qu'«on produit trop de nourriture», et il faut comprendre pourquoi».

La solution passe par un éventail d'initiatives, estime M. Caraher. Il encourage notamment les restaurants à réduire l'ampleur de leurs menus «car beaucoup de gâchis vient de ce qui n'a pas été commandé», et leurs portions.

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