Bernie Sanders n’a pas gagné la guerre des primaires pour les élections présidentielles américaines mais il a sans conteste gagné la bataille du look lors de l’investiture. Si vous n’avez pas vu sa photo, ses moufles et ses dérivés humoristiques sur le Net, c’est que vous vivez sur une autre planète!
Le sénateur démocrate du Vermont, Bernie Sanders, s’est retiré de la course aux élections présidentielles en faveur de Joe Biden, qui a été élu 46e président des États-Unis. L’intronisation du nouveau président et de la vice-présidente Kamal Harris était un évènement très attendu, regardé dans le monde entier.
Côté chiffon, tout a été dit sur les choix vestimentaires des uns et des autres: la préférence pour des stylistes américains comme symbole, les couleurs des tenues féminines (le violet, notamment – les hommes, manquant toujours cruellement d’imagination et ou de goût, en sont restés au marine et noir). Chacune et chacun était sur son trente et un. Tout sauf un! Tel un habitant d’un fameux village breton résistant à l’envahisseur romain, un homme avait osé défier l’élégance pour privilégier la chaleur et le confort version hiver rigoureux. Et cet homme, c’était Bernie, le franc-tireur.
Bien confortablement au chaud dans sa parka de campagne (électorale) Burton offerte par son fils, le presque octogénaire, dûment masqué d’un banal masque chirurgical bleu hôpital, avait aussi enfilé une paire de moufles en laine marron et à motifs vaguement islandais. Ajoutons à cela que, très respectueux de la distanciation sociale ou ne souhaitant pas se mêler à ceux qui furent ses concurrents (ou l’inverse ?), Bernie Sanders se tenait à l’écart des groupes, solitaire sur sa chaise pliante, les mains et bras croisés. Du moins, c’est ainsi que l’a saisi le photographe de l’AFP, Brendan Smialowski.
Les moufles de Bernie (surnom affectueux qui lui donnent ses partisans) ont soudain fait le tour du monde et provoqué l’intérêt, et, il faut le dire aussi, la dérision. Une fois entamé le débat essentiel: moufles ou gants, quels sont ceux qui tiennent le plus chaud, la question s’est vite posée de l’origine des moufles.
Une histoire sympathique et émouvante
Elles semblaient faites main... et elles le sont! Par ailleurs, ces moufles ont une histoire sympathique et émouvante. Tricotées avec de la laine recyclée, elles sont un cadeau (et même un cadeau à répétition) d’une institutrice américaine du Vermont, Jennifer Ellis, fidèle du sénateur «de gauche» et écolo. La première paire datait de la campagne de 2016, et celle-ci fait partie du lot qu’elle a de nouveau envoyé au sénateur, sachant que celui-ci n’hésitait pas à donner ses gants à ceux qui ont froid.
Depuis l’investiture et la campagne virale, les commandes affluent par milliers chez Jennifer Ellis, qui a très sagement fait savoir qu’elle préférait continuer à enseigner et à passer du temps avec sa famille plutôt qu’à faire des moufles expédiées autour du monde.
Parmi les dizaines de mèmes qui ont envahi le Net, celui qui met le mieux en valeur les moufles reprend la peinture de la chapelle Sixtine, une main gantée de la moufle de Bernie s’apprête à toucher celle de Dieu... Michel-Ange n’a pas encore demandé de droits d’auteur.
Pour la bonne cause
Quant à Bernie Sanders et son équipe, ils ont prouvé qu’ils avaient un sens aigu de l’humour... et ne perdaient pas le nord: sur son site internet, un sweat «polaire en coton biologique» est vendu avec la photo de l'investiture de Washington pour 45 dollars. Et c’est évidemment pour la bonne cause! La totalité des recettes réalisées par la vente est versée à la Meals on Wheels Vermont, qui fournit des repas chauds à des personnes souffrant de maladies chroniques ou de handicaps.