La Bourse de Séoul a lourdement trébuché mercredi, à l'unisson du won, minée par l'incertitude politique après l'éphémère instauration de la loi martiale en Corée du Sud. Un risque qui vient s'ajouter aux tensions commerciales qui pèsent déjà sur les marchés de la région.
04.12.2024, 08:51
ATS
Les marchés ont vivement réagi à la proclamation puis la levée quelques heures plus tard de la loi martiale en Corée du Sud par le président Yoon Suk Yeol, qui s'est heurté à l'opposition du Parlement et fait désormais face à un tollé général dans le pays. A la Bourse de Séoul, l'indice composite Kospi a terminé en repli de 1,4% à 2464 points, après avoir perdu jusqu'à 2,3% lors des échanges matinaux
La plus grosse entreprise du pays, Samsung Electronics, a plongé d'environ 3% en cours d'échanges, avant de clôturer en baisse de 0,93%. Le constructeur Hyundai Motors s'est lui effondré de 2,56%. La monnaie coréenne s'est effondrée de plus de 2,5% face au billet vert dans la nuit, à 1444 wons pour un dollar, au plus bas depuis plus de deux ans. Une chute jugée excessive par les investisseurs: elle a effacé ses pertes en début d'échanges asiatiques, avant de rebondir à 1409,55 wons pour un dollar vers 05h00 (+1,2%).
«Cette proclamation soudaine de la loi martiale a surpris les marchés, la population et le monde politique (...) Le won s'est effondré avant de se reprendre quand la loi martiale a été levée et que les autorités ont promis des liquidités illimitées pour stabiliser les marchés», observe Michael Wan, de la banque MUFG. La Banque de Corée a convoqué mercredi une réunion extraordinaire de son comité de politique monétaire pour «discuter de la situation (...) et des mesures de stabilisation du marché», selon l'agence Yonhap.
«Si les pires conséquences économiques pour la Corée du Sud, notamment sur le tourisme et l'activité dans le pays, ont pu être évitées à court terme, l'incertitude politique pourrait subsister», avec la perspective d'une destitution du président Yoon, insiste M. Wan. «D'un point de vue macroéconomique, la Corée du Sud était déjà l'un des pays les plus vulnérables à l'impact des taxes douanières projetées par (le président élu américain) Donald Trump», ajoute-t-il.
Le won s'affiche déjà en baisse d'environ 10% cette année face au dollar, devenant l'une des devises les moins performantes d'Asie.
Tokyo en repli, les tensions géopolitiques inquiètent
La nervosité a contaminé la Bourse de Tokyo, où l'indice vedette Nikkei a terminé à l'équilibre (+0,07% à 39'276,39 points) dans un marché volatile, tandis que l'indice élargi Topix abandonnait 0,47% à 2740,60 points. Le marché a pâti de prises de bénéfices après plusieurs séances de hausse, sur fond d'exacerbation des risques géopolitiques régionaux.
Outre la situation sud-coréenne, «les tensions commerciales mondiales se sont encore aggravées avec l'annonce par la Chine de restrictions sur les exportations de composants essentiels» à la fabrication de puces vers les Etats-Unis, souligne Stephen Innes, de SPI Asset Management. «Les barrières douanières américaines pèseront comme une épée de Damoclès sur les économies asiatiques axées sur l'exportation», prévient l'analyste.
Des titres des groupes exportateurs ont plongé de concert, à l'image de Nikkon (-3,47%), Canon (-1,73%) ou Panasonic (-1,42%).
La monnaie japonaise, considérée comme une valeur refuge, a initialement profité des inquiétudes en Corée du Sud, grimpant dans la nuit jusqu'à 148,65 yens pour un dollar, au plus haut depuis mi-octobre. Mais à mesure que les marchés prenaient acte de la stabilisation à Séoul, le yen a effacé ses gains: il reculait de 0,29% à 150,04 yens vers 05h00.
«Le yen s'est renforcé face au dollar hier en raison de l'aversion au risque: celle-ci s'estompe désormais, mais une certaine prudence restera de mise», commentent les analystes de Tokai Tokyo Intelligence.