Verdict de la CEDHQui sont ces «Aînées pour le climat» qui ont fait plier le pays?
AFP
9.4.2024
Le groupe suisse des «Aînées pour le climat» a remporté mardi une importante victoire à la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) qui a condamné pour la première fois un Etat, la Suisse, pour son inaction face au changement climatique.
AFP
09.04.2024, 19:38
10.04.2024, 06:28
Marc Schaller
Voici quelques éléments sur ce groupe et ses activités.
Avoir plus de 64 ans
Selon leur site, l'association compte «plus de 2.500 membres et environ 1.200 sympathisant·es».
Mais l'organisation cherche de nouveaux membres. Pour cela il faut être une femme âgée de 64 ans ou plus et domiciliée en Suisse.
L'âge moyen des membres est de 73 ans. L'association compte exclusivement des femmes car «les femmes âgées sont extrêmement vulnérables aux effets de la chaleur», indique-t-elle.
Leur aventure a commencé au mois d'août 2016, quand un petit groupe d'entre elles a créé l'association des «Aînées pour la protection du climat» avec plusieurs femmes de la même génération concernées par cette question, afin d'exiger un renforcement des mesures pour lutter contre le changement climatique et atteindre les objectifs de l'Accord de Paris.
«Si tout le monde agissait comme la Suisse le fait aujourd’hui, le réchauffement planétaire pourrait atteindre 3 degrés d’ici 2100. Rester sous le seuil de 1,5 degré est décisif pour écarter des menaces plus graves pour les droits de l’Homme», estiment-elles.
Un long parcours juridique
Les Aînées pour le climat indiquent avoir fondé leur action sur le principe de précaution garanti par la Constitution fédérale et par la Convention européenne des droits de l’Homme, ainsi que sur le droit à la vie.
Leur requête ayant été rejetée par toutes les instances en Suisse, y compris le Tribunal fédéral, elles ont présenté un recours à la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) à Strasbourg en novembre 2020.
La Cour a accepté leur requête et l'a portée devant la Grande Chambre (composée de 17 juges), qui a rendu son verdict mardi.
Une bibliothécaire et une conseillère d'éducation
L'association compte deux co-présidentes.
Anne Mahrer, genevoise, bibliothécaire de métier, a toujours lutté pour la protection de l'environnement, au sein du mouvement antinucléaire d’abord, dans les années 1970, selon le Forum des cent personnalités qui font la Suisse, publié chaque année par l'hebdomadaire L'Illustré.
Elle s'est ensuite lancée en politique, allant jusqu'à devenir députée à la chambre basse, au sein du parti des Verts.
A ses côtés, Rosmarie Wydler-Wälti, conseillère d'éducation et conjugale à Bâle.
Jeune mère déjà, elle participait au mouvement écologiste et féministe, et a été marquée par l'année «traumatisante» de 1986, avec la catastrophe nucléaire de Tchernobyl et l'incendie d'un hangar de produits chimiques près de Bâle, a-t-elle raconté dans un portrait publié par l'organisation des Suisses de l'étranger.
Soutenues par Greenpeace
Le collectif bénéficie depuis ses débuts d'un important soutient de Greenpeace-Suisse sur le plan opérationnel et financier, qui se porte garant des frais de justice.
Depuis la création de l'association en 2016, près de 120.000 francs suisses (plus de 122.000 euros) ont été engagés, selon son site.
Le verdict mardi «est évidemment un grand soulagement pour les personnes qui travaillent sur cette affaire depuis des années», a déclaré Mathias Schlegel, porte-parole de l'ONG, au journal suisse Le Temps.
«Ce fut un moment rempli d'émotion. J'ai même vu certains de mes collègues pleurer. Il va me falloir plusieurs jours pour réaliser que nous y travaillions depuis 2016 et digérer toute l'ampleur que cela a pris».
Greenpeace va désormais, avec les Aînées pour le climat, porter leur action auprès de la Cour de justice internationale (CIJ), à La Haye, «où auront lieu au début de l'année prochaine des auditions sur les responsabilités de tous les gouvernements - dont la Suisse - en matière de justice climatique».