CoronavirusPourquoi le nombre de cas de coronavirus augmente-t-il aussi rapidement?
tafu
9.10.2020
Le nombre de nouvelles contaminations en 24 heures n’a jamais été aussi élevé depuis avril. Mais quelles en sont les raisons? La Suisse doit-elle craindre un reconfinement?
Le nombre de nouveaux cas de coronavirus grimpe en flèche en Suisse: 1487 nouvelles contaminations ont ainsi été recensées vendredi par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). Ce chiffre n’a plus été aussi élevé depuis longtemps: la dernière fois que plus de 1000 nouveaux cas ont été signalés remonte au 1er avril, en pleine période de confinement.
Mais que signifie tout cela pour la Suisse? Le pic de 1446 nouveaux cas, enregistré le 23 mars, pourrait-il encore être dépassé? Les Suisses doivent-ils se préparer à des mesures plus strictes, voire à un reconfinement? Et pourquoi les chiffres repartent-ils autant à la hausse actuellement?
Pourquoi le nombre de cas repart-il à la hausse?
Le fait que le nombre de nouvelles contaminations soit si élevé à l’heure actuelle peut être attribué à plusieurs causes. Tout d’abord, la stabilisation et le recul du nombre de contaminations en septembre ont eu un effet trompeur, les gens sont devenus moins prudents.
L’augmentation du nombre de cas de coronavirus est également due à la baisse des températures, comme l’expliquent les scientifiques Isabella Eckerle des Hôpitaux universitaires de Genève et Emma Hodcraft de l’université de Bâle au «Tages-Anzeiger». Les gens restent davantage en milieu clos et aèrent moins, ce qui favorise la propagation du coronavirus. La reprise à plein régime des écoles et des universités joue également un rôle, tout comme la pression économique qui favorise un relâchement.
En outre, la population baisse la garde dans la sphère privée, comme l’a souligné le ministre de la Santé Alain Berset mercredi au cours d’une visite à Zoug, dans des propos relayés par le «Tages-Anzeiger». «Il y a eu des événements privés qui ont provoqué d’un coup un nombre assez important de contaminations.»
Le nombre accru de tests effectués constitue bien entendu un autre facteur. La situation actuelle en matière de tests est différente de celle au printemps, indique l’épidémiologiste Olivia Keiser à «20 minutes». A l’époque, les jeunes devaient s’isoler sans se faire tester et n’apparaissaient donc pas dans les statistiques. Aujourd’hui, la capacité de test est beaucoup plus importante, précise Olivia Keiser.
Le taux de positivité, un facteur important
Une attention particulière doit toutefois être accordée au taux de positivité, qui indique le nombre de tests positifs par rapport au nombre total de tests effectués. Il s’est élevé à 9,7% mardi et à 7,1% mercredi. A titre de comparaison, le taux de positivité est tombé à 0,5% en juin et se situait aux alentours de 3% début septembre. Il s’agit d’un mauvais signal au niveau de la progression de la pandémie: si un pays présente un taux supérieur à cinq pour cent, soit il teste trop peu, soit il a perdu le contrôle de la situation, explique l’OMS.
Mais que signifie tout cela pour les Suisses aujourd’hui? La hausse des chiffres est notamment due aux clusters apparus dans différents cantons. En conséquence, plusieurs cantons ont déjà pris des mesures supplémentaires. Par exemple, le canton de Zoug impose désormais le port du masque dans les magasins, alors que dans le canton de Berne, celui-ci sera obligatoire à partir de lundi prochain dans tous les espaces publics clos, y compris les gares, les musées, les théâtres et les bureaux de poste. «Nous en sommes à un point où nous devons dire que quelque chose doit changer dans le comportement de la population», a déclaré mercredi Martin Pfister, directeur de la santé du canton de Zoug, à l’occasion de la visite d’Alain Berset.
Un élargissement du port du masque obligatoire
Matthias Egger, ancien chef du groupe de travail COVID-19, voit la situation du même œil. «A mon avis, il serait raisonnable de rendre le port du masque obligatoire dans les espaces publics clos dans tous les cantons au plus tard maintenant», a-t-il expliqué à «blick.ch». L’urgence est selon lui d’éviter le scénario dit néerlandais. En effet, après une longue période de stabilité, les Pays-Bas se trouvent soudain confrontés à une forte hausse des contaminations. Matthias Egger préconise également le port du masque au travail ou dans les ascenseurs dès lors qu’une distance suffisante ne peut être maintenue.
Néanmoins, paniquer maintenant n’est pas la bonne solution, comme l’explique également au «Tages-Anzeiger» Marcel Tanner, épidémiologiste et expert en santé publique au sein de la Science Task Force. Selon lui, la récente augmentation est bien sûr préoccupante, mais il est crucial «que nous puissions encore déterminer où les contaminations se sont produites et y répondre de façon appropriée, ciblée et rapide».
Vers un reconfinement?
Cependant, le reconfinement n’est pas un scénario probable en Suisse. Au cours des dernières semaines et des derniers mois, divers experts ont souligné qu’il fallait à tout prix éviter de nouvelles mesures de confinement. «La Suisse ne peut pas se permettre un reconfinement. Nous n’avons pas l’argent pour cela», a déclaré le ministre des Finances Ueli Maurer à la mi-septembre dans des propos relayés par le «Tages-Anzeiger». Le conseiller national PVL Jörg Mäder a même qualifié un reconfinement de «scénario catastrophe».
Le faible nombre d’admissions à l’hôpital et le faible taux d’occupation des lits en service de soins intensifs sont d’autres indicateurs qui écartent l’éventualité d’un reconfinement. Toutefois, ces chiffres sont également à prendre avec des pincettes. Le nombre d’hospitalisations pourrait très bien exploser une nouvelle fois, concède Emma Hodcroft à «20 minutes». «Les virus qui circulent actuellement dans notre pays sont les mêmes qu’en Espagne ou au Royaume-Uni, où le nombre d’hospitalisations augmente. Il n’y a donc aucune raison de croire que les choses seront différentes ici si nous ne parvenons pas à refaire baisser le nombre de cas.»