Interview Piscine de Porrentruy: «Si c'était à refaire, je referais pareil»

De Sébastien Fasnacht/AllTheContent

13.8.2020

Philippe Eggerstwyler, conseiller municipal.
Philippe Eggerstwyler, conseiller municipal.
© Municipalité de Porrentruy / AllTheContent / Journal L'Ajoie

Le 30 juillet 2020, le conseil municipal de Porrentruy (Jura) prenait une décision radicale, après des «incivilités» répétées aux abords de la piscine: celle-ci est désormais interdite aux ressortissants français. La mesure fait l'objet d'une véritable polémique. Explications de Philippe Eggertswyler, conseiller municipal de Porrentruy.



Philippe Eggertswyler, comment en êtes-vous réellement arrivés, vous et vos collègues du Conseil communal, à exclure de la piscine municipale une partie de ses utilisateurs réguliers?

Au moment de la décision, nous nous trouvions dans une situation d’urgence avec d’un côté le coronavirus et une vague de chaleur annoncée qui nous faisait craindre pour la sécurité sanitaire globale, et de l’autre des incivilités en hausse qui avaient contribué à transformer la piscine en poudrière. Après en avoir longuement discuté avec le vice-maire Julien Loichat et averti les membres du Conseil qui étaient en vacances à ce moment-là via notre groupe Whats’App, nous avons pris la décision que vous connaissez.

«Nous voulions à tout prix éviter un psychodrame.»

Avec le recul, n’était-elle pas disproportionnée?

Non. Nous voulions à tout prix éviter un psychodrame ou une escalade de la violence comme la piscine de Delémont a pu en vivre par le passé. Si c’était à refaire, je referais pareil.

Et le côté discriminatoire de la décision, qui pénalise de fait de nombreuses personnes respectueuses et sans histoires, vous l’avez pris en compte?

Je ne pense pas que cette mesure soit discriminatoire. Et le Conseil municipal n’est pas dans une logique discriminatoire non plus. C’est vrai que certaines personnes sont privées de piscine à Porrentruy à cause du comportement d’autres, mais elles ne sont finalement pas si nombreuses que cela.

Donc, selon vous, il n’aurait pas été possible de gérer le problème autrement?

Au sein du Conseil, nous n’avons pas l’habitude de prendre des décisions à la va-vite. Nous avons envisagé l’ensemble des autres options avant de trancher.

L’option d’une intensification de la présence policière n’a donc pas été retenue.

Non. Nos agents font très bien leur travail, il n’y a rien à dire de ce côté-là. Et ce n’est pas dans la culture d’ici d’aller à la piscine avec des agents de police ou des Securitas un peu partout. Peut-être que ça fonctionne ailleurs, mais ici j’en doute.

De nouveau avec le recul que l’on a aujourd’hui, n’y a-t-il pas eu un couac de communication, avec une mise en avant hâtive du Covid pour justifier la décision?

Non. Les médias ont repris l’info comme ils souhaitaient la reprendre. Du côté du Conseil municipal, j’estime que nous avons toujours été très clairs sur ce point.

Retour à la page d'accueil