SuisseLes sénateurs jubilent après la décision sur la protection du loup
vf, ats
3.12.2024 - 12:10
Après la décision du comité de la Convention de Berne d'affaiblir la protection du loup, le Conseil des Etats veut une mise en oeuvre conséquente dans la gestion des populations de loups en Suisse. Il a accepté deux motions en ce sens.
03.12.2024, 12:10
03.12.2024, 13:34
ATS
Plusieurs sénateurs des régions de montagne ont accueilli mardi avec un plaisir non dissimulé la décision du Conseil de l'Europe sur le déclassement de la protection du loup, annoncée au moment même du débat sur le prédateur. L'une des motions demandait précisément au Conseil fédéral de s'activer pour rétrograder le loup d'"espèce de faune strictement protégée" à «espèce de faune protégée» dans la Convention de Berne.
Le texte, accepté par 32 voix contre 11, doit permettre à l'avenir de réguler la population de loups au niveau régional. Selon cette approche, le canidé pourrait être chassé dans les régions où la population atteint une certaine valeur seuil, selon des quotas fixés au niveau régional. Enfin, le Conseil fédéral est chargé de clarifier la question juridique des zones «zéro loup» au niveau cantonal.
Beat Rieder en appelle au gouvernement
La régulation demandée est désormais possible, s'est félicité Beat Rieder (Centre/VS). S'adressant au Conseil fédéral, il a ajouté: «Vous pouvez le faire, vite et de manière efficace, de manière à ce qu'on n'ait plus besoin de parler du loup dans cette chambre», a-t-il déclaré. En Valais, le travail administratif pour tirer le loup a pris des proportions énormes, a-t-il ajouté.
Avec la rétrogradation du statut du loup, les recours des organisations de protection de la faune ne pourront plus s'appuyer sur cette convention pour s'opposer à des tirs, ce qui est une bonne nouvelle, s'est aussi réjoui Stefan Engler (Centre/GR).
Pour le PS et les Vert-e-s, le durcissement des conditions de tirs demandé par la droite n'avait plus lieu d'être. Sur les 35 meutes actuelles, il est déjà possible d'en éradiquer entièrement une bonne vingtaine, a rappelé Mathilde Crevoisier-Crelier (PS/JU).
Elle plaidait pour évaluer l'effet des dispositions déjà adoptées avant de prendre de nouvelles mesures. Le canidé tue moins d'animaux de rente grâce à la meilleure protection des troupeaux. La plupart des attaques ont d'ailleurs lieu sur des animaux non surveillés, a abondé Simon Stocker (PS/ZH).
Le conseiller fédéral Albert Rösti s'est aussi défendu face aux critiques. La législation autorise déjà des tirs dans les régions fortement touchées, a rappelé le chef du Département fédéral de l'environnement. Et une nouvelle ordonnance qui va dans le sens de la motion entrera en vigueur le 1er février. «Mais, depuis un an, l'explosion des populations de loups a été cassée et les dégâts dus au loup ont été réduits», a-t-il constaté, laissant ouvert si les premières mesures suffiront.
Des arguments qui n'ont pas convaincu la majorité pour qui la récente révision de la loi sur la chasse qui permet des tirs préventifs et les modifications prévues dans l'ordonnance sur la chasse ne suffisent pas à résoudre la problématique du loup. La motion sera encore soumise au National.
Pas de zones sans loups
Dans la foulée, le Conseil des Etats a adopté une deuxième motion demandant d'accélérer les analyses génétiques du prédateur et de simplifier l'accès à un soutien financier pour la protection des troupeaux, ainsi que l'indemnisation des agriculteurs en dehors de la période de mise à l’alpage. Le National avait déjà donné son feu vert au texte déposé par Fabio Regazzi (Centre/TI) lorsqu'il était député.
La troisième motion du Tessinois, devenu sénateur, a en revanche été tacitement enterrée. Elle voulait autoriser les cantons à créer des zones «zéro loup». Il y a peu de chance que le loup, un animal difficile à chasser, se conforme à des zones prescrites par les autorités, a déclaré Benedikt Würth (Centre/SG) pour la commission. Une idée jugée irréaliste par Mathilde Crevoisier-Crelier.