«Assez !»Groenlandais et Danois font front commun face à Trump
ATS
14.3.2025 - 19:58
«Assez, c'est assez!» Responsables politiques groenlandais et danois ont condamné à l'unissons vendredi les velléités insistantes de Donald Trump d'annexer l'île arctique qui aspire, pour sa part, à l'indépendance.
Les chefs des cinq partis représentés au Parlement groenlandais ont déclaré qu'ils « ne peuvent pas accepter les déclarations répétées concernant l'annexion et le contrôle du Groenland» (image symbolique, archives).
Felipe Dana/AP/dpa
Keystone-SDA
14.03.2025, 19:58
ATS
De Copenhague à Nuuk, capitale du territoire autonome danois, la tonalité était la même pour rejeter les nouvelles déclarations du président américain qui s'est dit convaincu que les Etats-Unis finiraient par annexer le Groenland.
«Nous – tous les chefs de parti – ne pouvons pas accepter les déclarations répétées concernant l'annexion et le contrôle du Groenland», ont réagi, dans une déclaration conjointe, les leaders des cinq partis représentés au Parlement groenlandais.
«Nous trouvons ce comportement inacceptable envers des amis et des alliés dans une alliance de défense», ont-ils ajouté, à l'issue d'une réunion d'urgence convoquée par le premier ministre Mute Egede.
Interrogé sur sa volonté de rattacher le Groenland aux Etats-Unis, Donald Trump a répondu jeudi à Washington, en présence du chef de l'Otan Mark Rutte, qu'il pensait que «cela va arriver».
Il a aussi évoqué l'envoi de davantage de soldats américains sur l'île, où les Etats-Unis disposent déjà d'une base militaire, et affirmé que le chef de l'Otan pourrait l'aider à arriver à ses fins.
«Vous savez Mark, nous en avons besoin pour la sécurité internationale», avait-il dit.
Placé dans une situation inconfortable, M. Rutte, lui, n'avait pas réagi, au grand dam de plusieurs responsables politiques au Danemark, pays membre de l'Alliance atlantique.
Lançant «assez, c'est assez», M. Egede avait annoncé jeudi sur Facebook qu'il réunirait d'urgence tous les leaders de partis pour trouver une réponse commune aux propos du président américain.
«Nous ne deviendrons jamais, de quelque manière que ce soit, une partie des Etats-Unis et nous ne deviendrons jamais des Américains», a-t-il insisté vendredi, dans un nouveau message sur le réseau social.
Manifestation à Nuuk
Depuis la défaite de son parti de gauche écologiste aux législatives mardi, M. Egede dirige le Groenland par intérim en attendant la formation d'un nouveau gouvernement.
Son probable successeur, Jens-Frederik Nielsen, chef du centre droit vainqueur du scrutin et signataire de la déclaration conjointe, a pour sa part qualifié de «déplacés» les propos de Donald Trump.
Grand comme quatre fois la France, le Groenland revêt un intérêt stratégique en raison notamment de son emplacement – il est sur l'itinéraire le plus court pour d'éventuels missiles entre les Etats-Unis et la Russie – et de ses richesses minérales.
Lors de son premier mandat (2017-2021), le dirigeant républicain avait déjà soulevé l'idée d'acheter le Groenland, s'attirant une fin de non-recevoir des autorités danoises et groenlandaises.
Revenu à la Maison Blanche en janvier, il martèle depuis plusieurs mois sa volonté de mettre la main sur le territoire, sans exclure la force.
Si tous les principaux partis groenlandais sont favorables à l'indépendance du territoire à plus ou moins long terme, aucun ne soutient l'idée d'un rattachement aux Etats-Unis.
A en croire les sondages, la population de 57'000 habitants est également massivement en faveur de l'indépendance mais opposée à une intégration du Groenland au sein des Etats-Unis.
Reprenant l'expression de M. Egede, des Groenlandais mobilisés sur Facebook ont prévu de manifester samedi devant le consulat américain à Nuuk derrière le slogan Naammaqaaq ("Assez, c'est assez! en inuit).
Au Danemark, le ministre des Affaires étrangères, Lars Løkke Rasmussen, a lui aussi rejeté une nouvelle fois les propos du président américain.
«Que ce soit au regard du traité de l'Otan, de la charte des Nations unies ou du droit international, le Groenland n'est pas ouvert à l'annexion», a-t-il dit à la presse.
Des analystes estiment que les visées de Donald Trump pourraient en fait contribuer à rapprocher le Groenland de son ex-puissance coloniale.
Plusieurs Groenlandais rencontrés par l'AFP ces derniers jours à Nuuk ont de fait témoigné qu'il convenait de remettre une indépendance à plus tard, de peur de voir le territoire tomber dans l'escarcelle du président américain.