Vers une votation populaire?La demande pour enfouir les déchets nucléaires à Stadel est déposée
kigo, ats
19.11.2024 - 11:42
La Société coopérative nationale pour le stockage des déchets radioactifs (Nagra) veut enfouir des déchets radioactifs en couches géologiques profondes dans le canton de Zurich. La demande a désormais été déposée auprès de la Confédération.
19.11.2024, 11:42
ATS
Comme annoncé en 2022, la Nagra veut construire le dépôt en couches géologiques profondes sur le site «Nördlich Lägern», sur le versant nord du Lägern, à Stadel (ZH). Il s'agit du meilleur site, où un dépôt en profondeur répondra à long terme aux normes de sécurité les plus élevées, a estimé mardi Matthias Braun, le directeur général de la Nagra, devant les médias à Berne.
Le site est réalisable en respectant les prescriptions liées à la protection de la population, à l'environnement et à l'aménagement du territoire, a-t-il continué. La demande déposée détaille les pierres angulaires du projet.
Le site doit prendre la forme d'un dépôt combiné, c'est-à-dire qu'il servira à la gestion aussi bien des déchets de haute activité que des déchets de faible et de moyenne activité. Il faudra examiner si le choix d'un dépôt combiné est justifié, ou s'il faut deux dépôts séparés, a relevé Felix Altorfer, de l'Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN).
La capacité maximale pour les déchets de haute activité sera de 2500 m3, comme «une piscine olympique», a détaillé M. Braun. Pour les déchets de faible et de moyenne activité, la capacité maximale sera de 100'000 m3, «une grande partie du hall de la gare de Zurich».
Des milliers de pages
L'installation de conditionnement des éléments combustibles est elle prévue sur le site de l'actuel dépôt intermédiaire, à Würenlingen (AG). Pour les deux sites, la Nagra a déposé les demandes d'autorisation générale nécessaires auprès de l'Office fédéral de l'énergie (OFEN).
La recherche d'un site pour un dépôt en profondeur a débuté en 2008. Après seize ans de recherches, l'évaluation des demandes peut commencer, a salué Roman Mayer, sous-directeur de l'OFEN. «C'est un jalon.»
La procédure associe aussi les cantons et les communes concernés, la population, un certain nombre d'organisations et l'Allemagne voisine, rappelle l'OFEN. Les prescriptions en matière de sécurité sont définies par l'IFSN. Celle-ci, en sa qualité d'autorité de surveillance, contrôle également les travaux de la Nagra.
Pour les deux sites, celle-ci a fourni comme documents le rapport de sécurité, le rapport de sûreté, le rapport justifiant le choix du site, le rapport de l'étude de l'impact sur l'environnement ainsi que le rapport relatif à la concordance avec l'aménagement du territoire. Elle a aussi défini le site de l'installation (taille et implantation des principales constructions) et la limite maximale d'exposition des personnes aux radiations aux alentours.
Pour le dépôt à Stadel, des documents déterminent la capacité maximale du dépôt, les critères d'exclusion ainsi que la zone provisoire de protection du sous-sol autour du site du dépôt. S'y ajoute le concept pour la phase d'observation et la fermeture définitive de l'installation. M. Braun a souligné une documentation «très étoffée», avec des documents de centaines de pages chacun.
Probable votation populaire
La Confédération examinera d'ici le printemps 2025 si tous les documents exigés lui ont été fournis, avant de procéder à un examen approfondi, qui devrait s'achever d'ici 2027. Les demandes d'autorisation générale ainsi que les prises de position et les expertises des cantons et des autorités fédérales seront ensuite rendues publiques. Les personnes intéressées pourront s'exprimer.
Le Conseil fédéral devrait se prononcer en 2029, le Parlement en 2030. Une votation populaire pourrait avoir lieu en 2031. Vendredi dernier, la commission «Décharge nucléaire en profondeur devant le peuple!» a déjà exigé que le projet passe dans les urnes.
Matthias Braun y est favorable. Il a plaidé pour un «large débat basé sur des faits», pour que le projet ait une «légitimité démocratique».
Une fois que l'autorisation générale entrera en vigueur, des études géologiques seront menées en sous-sol en vue de la construction du dépôt. Concernant la surface en profondeur, 25 km2 sont encore actuellement comptabilisés, a précisé M. Braun. Mais au final, la surface ne sera que de 2 ou 3 km2.
La demande d'autorisation de construire et celle d'autorisation d'exploitation seront déposées ultérieurement. Les premiers déchets radioactifs pourraient être entreposés à partir de 2050, selon l'OFEN.