Règle des «2G» Certains épidémiologistes se montrent sceptiques

jc, ats

13.11.2021 - 08:50

Cette semaine la règle des «2G» – soit le fait de limiter l'accès à certains lieux aux seules personnes guéries du Covid-19 ou vaccinées – s'est invitée dans le débat en Suisse. Les épidémiologistes se montrent toutefois sceptiques face à cette mesure.

L'idée de limiter l'accès à certains lieux -ici un concert de Pegasus au Hallenstadion de Zurich- aux seules personnes guéries du Covid-19 ou vaccinées, fait débat en Suisse. (image d'illustration)
L'idée de limiter l'accès à certains lieux -ici un concert de Pegasus au Hallenstadion de Zurich- aux seules personnes guéries du Covid-19 ou vaccinées, fait débat en Suisse. (image d'illustration)
KEYSTONE

Le niveau de sécurité est plus élevé avec le certificat «2G» car le risque d'infection est plus faible, note Marcel Tanner dans une interview diffusée samedi dans la Schweiz am Wochenende. Il ajoute toutefois que le certificat «3G» (expression empruntée à l'allemand ("geimpft» pour vacciné, «genesen» pour guéri et «getestet» pour testé, ndlr.) est meilleur pour la société dans son ensemble car c'est une réglementation plus «vivable».

Le scientifique note encore que le second G, qui fait référence aux personnes guéries, présente aussi des incertitudes: ceux qui n'ont été que légèrement infectés ou qui n'ont présenté que peu ou pas de symptômes ne sont pas solidement protégés contrairement à ceux qui ont développé une forme plus sévère de la maladie.

Milo Puhan, directeur de l'Institut d'épidémiologie, de biostatistique et de prévention de l'Université de Zurich, émet également des réserves. Il souligne que, si en théorie le certificat «2G» peut présenter un avantage, il n'est pas facile d'évaluer l'ampleur de son effet car il n'existe pas encore de données scientifiques solides. Ces dernières sont nécessaires pour savoir si cette règlementation est applicable et si elle permet de prévenir plus d'infections que le certificat «3G», précise-t-il.

D'autres mesures plus importantes

Pour l'épidémiologiste Marcel Salathé, le certificat «2G» n'est pas la mesure sur laquelle il faut se focaliser maintenant. La discussion sur cette question détourne l'attention des «facteurs importants»: plus de premières injections et des vaccinations de rappel rapides. Ce sont ces éléments centraux qui permettront de passer l'hiver sans surcharge du système de santé, souligne-t-il.

Didier Trono, responsable du Laboratoire de virologie et de génétique de l'EPFL est du même avis. En Israël, où les taux d'infection avaient augmenté de façon spectaculaire, l'incidence a diminué depuis l'administration d'une troisième dose de vaccin, illustre-t-il. Et de conclure qu'il existe une solution et que la Suisse peut la mettre en oeuvre.

Il faudrait peut-être aussi raccourcir la durée de validité des tests antigéniques de 48h à 24h. Cela renforcerait la sécurité, estime M. Trono.

Mesure sensée

Seul Richard Neher, de l'Université de Bâle, se prononce clairement en faveur de cette mesure dans le journal. Selon lui, il est «manifeste» que les mesures sanitaires actuelles ne sont pas suffisantes pour empêcher l'augmentation du nombre de cas. Les tests, nécessaires pour obtenir le certificat «3G», réduisent certes le risque d'infection mais ne sont toujours qu'un instantané.

D'un point de vue épidémiologique, le certificat «2G» fait sens, en particulier s'il est combiné à une campagne intensive de tests, vaccinations et vaccinations de rappel, souligne M. Neher.



Plusieurs pays ou régions ont déjà introduit le certificat «2G». C'est notamment le cas de l'Autriche qui a introduit lundi cette règle pour les restaurants, les hôtels et les lieux culturels.

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