Bébé secoué«Ça ne peut être que moi», reconnaît le père jugé à Nanterre
AFP
2.12.2024
«Je reconnais que ça ne peut être que moi», a déclaré lundi Nathanaël K., père d'un bébé de deux mois qu'il a reconnu avoir mortellement secoué début 2019 et qui comparaît pour ces faits devant la cour d'assises des Hauts-de-Seine à Nanterre.
AFP
02.12.2024, 13:13
Marjorie Kublun
L'accusé a exprimé pour la première fois, à la demande du président de la cour, sa version des faits: il conteste «avoir eu des gestes violents», parlant d'un comportement «brusque et déplacé», mais admet sa seule responsabilité dans le décès de son fils.
Pourtant, rappelle le président en début d'audience, le rapport médical évoque des «secousses extrêmement violentes (dont l'auteur) ne peut (...) ignorer le caractère très violent et douloureux pour l'enfant».
L'homme de 43 ans est jugé pour violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner sur mineur de 15 ans par ascendant, ce qui lui fait encourir trente ans de réclusion.
La mère de l'enfant, Aude Lafitte, habillée intégralement de noir, est assise sur le banc des parties civiles, un doudou lapin blanc serré entre ses doigts.
Fin février 2019, l'accusé arrive aux urgences avec son fils de deux mois prénommé Timothée, qu'il gardait alors que sa mère était partie à un rendez-vous médical, expliquant qu'il aurait fait un malaise.
«Quand il sort du scanner, le médecin (...) nous dit qu'il y a beaucoup de sang dans le cerveau, qu'il a peut-être le syndrome du bébé secoué», relate la mère à l'AFP, très émue.
Celui-ci décèdera quelques jours plus tard, les médecins n'ayant pu le sauver.
Selon les éléments du dossier, l'enquête débute après le signalement de l'hôpital au parquet des mineurs.
Alors que son fils est encore hospitalisé, le père disparaît, avant de revenir à l'hôpital.
Il confesse à des membres de sa famille avoir «juste secoué (Timothée) deux ou trois secondes pour qu'il se taise», évoquant de forts pleurs.
Dans un message à son épouse de l'époque, il parle de «deux voire trois secondes de nervosité et surtout une totale méconnaissance du «secouage» d'enfants».
Les circonstances précédant le moment où le père secoue son fils seront l'un des points que ce procès prévu jusqu'à vendredi devra éclaircir, la femme de ménage du couple ayant assuré pendant l'instruction que les pleurs avaient été «normaux» et très courts avant que Nathanaël K. intervienne.
Plus de cinq ans après les faits, Aude Lafitte est «impatiente» que «justice soit faite» pour elle et sa famille mais sait que ce procès représente une «nouvelle épreuve».
Après le drame, elle a cofondé une association pour protéger les enfants de 0 à 3 ans, Action contre les violences infantiles (Avi), qui a convaincu le gouvernement de mener une campagne de sensibilisation sur le syndrome du bébé secoué en 2022.
«Aujourd'hui, soit on n'en parle pas, soit on en parle mal en présentant le profil d'une mère épuisée qui va secouer et le regretter immédiatement», déplore-t-elle.
«Dans les cas les plus violents (d'infanticides), notamment le syndrome du bébé secoué, c'est plus souvent des pères que des mères», notait en effet en 2013 Anne Tursz, directrice de recherche à l'Inserm et spécialiste de la maltraitance des enfants, dans un entretien à l'AFP.