Addiction aux jeux Un postulat ciblant la Loterie Romande ne passe pas la rampe

sj, ats

4.3.2025 - 12:52

Le Grand Conseil vaudois a refusé de justesse un postulat écologiste demandant au Conseil d'Etat d'étudier la possibilité de nouvelles régulations sur les activités de la Loterie Romande (LoRo). Le texte sous-entendait que cette dernière n'en faisait pas assez pour prévenir les problèmes d'addiction.

Au Grand Conseil vaudois, la question de la dangerosité des jeux d'argent électroniques de la Loterie Romande a été pointée du doigt (archives).
Au Grand Conseil vaudois, la question de la dangerosité des jeux d'argent électroniques de la Loterie Romande a été pointée du doigt (archives).
ATS

Keystone-SDA, sj, ats

Avec son postulat intitulé «Loterie Romande: une course au profit au détriment des joueurs?», la députée Verte Rebecca Joly demandait précisément au gouvernement «de dresser la liste des mesures afin d'user de son influence au sein de la Loro (...) afin que les impératifs en matière de santé publique soient pris en compte dans la stratégie d'entreprise de la Loro». Pour rappel, la Loterie Romande est 100% en mains publiques, dont celles de l'Etat Vaud.

L'élue a émis «des doutes quant à la stratégie économique» de l'entreprise, estimant qu'elle était «orientée sur les gens qui ont un problème de jeu excessif, de personnes vulnérables voire précarisées ainsi que des jeunes». Selon elle, cette stratégie se fait au détriment «d'une stratégie de protection irréprochable de la population et des plus faibles en matière de rapport aux jeux d'argent, un domaine d'activité dangereux».

En clair, l'Etat doit pousser la LoRo à en faire plus en lien avec les effets sanitaires et sociaux de la dépendance aux jeux, notamment électroniques. L'objectif est de renforcer encore plus la recherche de solutions face au jeu excessif et à son accroissement, et particulièrement chez les jeunes.

«La LoRo en fait assez»

Ces arguments, repris par d'autres parlementaires à gauche, ont été balayés par la droite de l'hémicycle. L'honnêteté de la LoRo a été vantée, la redistribution de ses bénéfices à des acteurs culturels, sportifs ou sociaux saluée et la liberté et responsabilité individuelle du joueur plaidées.

«Elle prend déjà en compte les impératifs de santé», a défendu l'UDC Fabien Deillon. «Elle fait son travail», a surenchéri le PLR Gérard Mojon. Et de souligner: «Il y aura toujours des joueurs compulsifs. Avec de nouvelles régulations ou interdictions, ils iront jouer ailleurs, en ligne par exemple, vers des jeux moins bien encadrés et plus dangereux. L'interdiction augmente souvent l'attractivité».

A noter que les députés David Vogel (Vert'libéraux) et Laure Jaton (PS) ont ouvertement critiqué le lobbyisme de la Loterie Romande qui, selon eux, a envoyé une lettre de trois pages à tous les députés du plénum pour défendre son point de vue et demander le classement du postulat.

Au final et de justesse, le texte a été classé par 68 refus, contre 66 voix en faveur de son renvoi au Conseil d'Etat ainsi que deux abstentions. Le vote au sein de la commission chargée d'étudier le postulat avait lui-même été très serré, mais dans le sens inverse (sept voix pour et six voix contre).