TechnologieUne IA pour faire les devoirs, le cauchemar pour les enseignants
ATS
15.1.2023 - 08:30
L'intelligence artificielle ChatGPT, capable de rédiger des textes en réponse à de simples questions, s'est répandue comme une trainée de poudre dans le monde éducatif. Elle a poussé des enseignants à s'interroger sur l'opportunité de l'interdire ou de la mettre à profit.
15.01.2023, 08:30
ATS
Dès la mi-décembre, quelques semaines seulement après la mise à disposition de l'outil par la start-up californienne OpenAI, huit universités australiennes ont annoncé modifier leurs examens et considérer que l'utilisation de l'IA par des étudiants s'apparentait à de la tricherie.
En 2023, leurs tests seront désormais «surveillés» avec «un recours accru au papier et au stylo», a indiqué la dirigeante du «groupe des huit» Vicki Thomson, citée sur un blog du quotidien The Australian.
Plus récemment, après que plusieurs médias ont rendu compte de l'utilisation croissante de l'outil par des élèves dans le monde entier, notamment encouragés par des vidéos TikTok, les écoles publiques de New York ont restreint l'accès à ChatGPT sur leurs réseaux et terminaux.
Robot conversationnel
L'outil «ne permet pas de développer des compétences de réflexion critique et de résolution de problèmes, qui sont essentielles à la réussite scolaire et à la réussite tout au long de la vie», tranche Jenna Lyle, la porte-parole du département éducation de la ville américaine, dans une déclaration à l'AFP.
ChatGPT est un robot conversationnel qui a été «entraîné» grâce à des quantités phénoménales de données glanées sur Internet. Il peut «prédire» la suite probable d'un texte. Mais, à défaut de raisonner, il produit un étonnant mélange de réponses correctes et d'erreurs factuelles ou logiques, plus ou moins difficiles à déceler.
Il lui arrive par exemple de citer le requin-baleine (un poisson) parmi les mammifères marins, de se tromper dans la taille des pays d'Amérique centrale, d'«oublier» certains événements historiques comme la bataille d'Amiens de 1870 ou d'inventer de toutes pièces des références bibliographiques.
«Au sein du monde éducatif, certaines voix s'élèvent pourtant pour intégrer cette innovation dans les méthodes d'enseignem»ent. «ChatGPT est une innovation importante, mais pas plus que celle des calculatrices ou des éditeurs de texte», qui ont fini par trouver leur place à l'école, explique à l'AFP Antonio Casili, professeur à l'institut polytechnique de Paris et auteur d'«En attendant les robots» (Seuil).
Interdiction «contre-productive»
Selon lui, «ChatGPT peut aider à faire un premier jet lorsque l'on se retrouve face à une feuille blanche, mais, après, il faut tout de même écrire, donner un style». L'expert relève aussi que ChatGPT renverse en partie la philosophie de l'enseignement, fondée sur l'enseignant qui pose des questions.
Cette fois, l'élève doit lui-même interroger la machine. «C'est une opportunité pour nous de voir comment les étudiants réalisent des tâches qu'on leur confie, de les faire travailler sur la vérification des faits et de vérifier si les références bibliographiques générées sont correctes», analyse M. Casili.
Pour Olivier Ertzscheid, chercheur à l'université de Nantes en sciences de l'information, l'interdiction de l'outil est de toute façon «contre-productive», car elle renforce le désir des étudiants de l'utiliser.
Comme après l'arrivée de Wikipédia ou des moteurs de recherche, l'enjeu pour les enseignants est, selon lui, «d'expérimenter les limites» de ces outils.
Enfin, la riposte s'organise pour détecter les textes générés par une IA. Le service en ligne GPTZero prépare par exemple une offre dédiée aux professionnels de l'éducation et OpenAI travaille sur un «filigrane statistique» apposé lors de la génération de textes. Les tricheurs sont prévenus.