Etude de l'EPFLSurprenante diversité microbienne dans les ruisseaux glaciaires
ceel, ats
2.1.2025 - 11:24
Des scientifiques suisses ont découvert une diversité surprenante de bactéries dans les ruisseaux glaciaires du monde entier. Mais dès sa découverte, cette diversité est déjà menacée.
Keystone-SDA, ceel, ats
02.01.2025, 11:24
ATS
Pendant plus de cinq ans, une équipe dirigée par l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) a collecté et analysé des échantillons de 170 ruisseaux glaciaires. L'objectif du projet, baptisé «Vanishing Glaciers», est de documenter ces organismes vivants avant qu'ils ne disparaissent en même temps que les glaciers.
Les résultats de ces analyses ont été publiés mercredi et jeudi dans deux études parues dans les revues Nature et Nature Microbiology. Les scientifiques y montrent que ces ruisseaux présentent une grande diversité microbienne.
«Les ruisseaux glaciaires sont les écosystèmes d'eau douce les plus extrêmes de la planète», a indiqué Tom Battin, qui a dirigé ces travaux à l'EPFL, à Keystone-ATS. On ne s'attendait pas à trouver une grande diversité dans ces conditions, a-t-il ajouté.
Les températures dans les ruisseaux sont proches de zéro et les nutriments y sont rares. Ils ne reçoivent presque pas de lumière du soleil en hiver et sont en revanche exposés à un fort rayonnement UV en été, note le spécialiste.
Championnes de la survie
Et pourtant, il existe une biodiversité remarquable parmi le microbiome vivant dans ces ruisseaux. Ces bactéries sont de véritables championnes de la survie, selon Tom Battin.
Pour survivre dans ces conditions, elles ont développé différentes stratégies. Certaines ont formé des films protecteurs qui les protègent des forts rayonnements UV, d'autres peuvent utiliser simultanément différentes sources d'énergie. De plus, le microbiome bactérien des ruisseaux glaciaires est unique. Il se distingue nettement de celui des glaciers.
Selon le chercheur, il est également frappant de constater que de nombreuses bactéries n'apparaissent que dans une chaîne de montagnes donnée. En Nouvelle-Zélande et en Équateur notamment, les scientifiques ont trouvé de nombreuses bactéries qui n'existent à aucun autre endroit.
Une course contre la montre
L'étude du microbiome des ruisseaux glaciaires est une course contre la montre. Avec le recul des glaciers, il est fortement menacé, souligne le Pr Battin. «Or c'est une biodiversité que l'on ne voit pas, mais sans laquelle la biodiversité que nous voyons, c'est-à-dire celle des plantes et des animaux, n'existerait pas», dit-il.
Selon le chercheur, le répertoire génétique de ces bactéries est en outre d'une grande importance. Les scientifiques y recherchent par exemple des enzymes actives à très basse température, qui pourraient donc être utiles dans les processus industriels, par exemple dans le nettoyage du linge ou la fabrication du papier.
Ces micro-organismes pourraient en outre contribuer au développement de nouveaux antibiotiques et jouer un rôle-clé dans la lutte contre les antibiorésistances. «Nous devons explorer cette boîte à outils génétique avant que les ruisseaux glaciaires ne disparaissent», conclut Tom Battin.