Vigilance Quand l'écran devient un problème

Valérie Passello

9.9.2021

En Suisse, 99% des habitants dès 12 ans possèdent un téléphone portable. La plupart gèrent raisonnablement l'utilisation de leur smartphone, la consommation d'internet, de la télévision ou des jeux vidéos. Mais  1% à 4% ont un usage problématique d'internet, selon Addiction Suisse.

Valérie Passello

La nuque penchée en avant, le nez «dans l'écran»: la scène est devenue banale dans notre société, tant chez les jeunes que chez les adultes. Smartphones, tablettes, ordinateurs, téléviseurs et autres écrans font partie de notre quotidien, aussi bien à la maison qu'à l'extérieur. 

Mais entre les réseaux sociaux, les séries, internet et les jeux vidéo, à quel moment notre utilisation des écrans devient-elle problématique? Le terme d'«addiction» n'est, pour l'heure, pas utilisé, car il n'existe pas de critères diagnostiques reconnus universellement. Par contre, les écrans peuvent représenter une accoutumance telle que l'on ne peut plus poser de limites à leur utilisation. 

Faits et chiffres -Monde numérique

Addiction suisse

1% à 4% de la population présenterait un usage problématique d'internet, la proportion étant plus élevée chez les jeunes. Le temps passé sur les écrans est l'un des critères, mais il y en a d'autres, comme un fort désir d'utiliser Internet, des difficultés à contrôler son utilisation, de l'agitation et de l'irritabilité lorsqu'on ne peut pas se connecter ou encore la poursuite de l'utilisation d'Internet malgré un impact manifestement négatif, notamment. 

Evaluez-vous!
Combien de temps passez-vous sur internet au quotidien?

Les conséquences liées à l'usage problématique d'Internet en général ou à la pratique problématique d'activités spécifiques sur Internet peuvent être psychiques, physiques et sociales, prévient Addiction Suisse. Etat dépressif, irritabilité, prise de poids, altération de la vision, isolement social ou chute des résultats scolaires en sont quelques-unes. 

Mieux vaut prévenir

Markus Meury, d'Addiction Suisse, relève: «Vu que la tranche d’âge de 12 à 20 ans est de loin la plus concernée, la prévention cible principalement les enfants et les jeunes, par la promotion d'un usage d'Internet sûr et responsable». Parents, école et organisations dédiées à la jeunesse ont donc un role important à jouer dans le développement des compétences médiatiques des jeunes.

Dans cette optique, Addiction Suisse a édité un guide à l'attention des parents. «En tant que parent, il est important de s’intéresser à ce que ses ados font sur internet, et de fixer des règles (combien de temps, quand, quels contenus, et surtout les moments sans écran : à table, avant d’aller au lit, etc...). Et pas seulement interdire et limiter, mais favoriser un équilibre avec du sport, des amis, de la vie familiale, etc..., ou aussi des techniques de la détente», souligne Markus Meury. Des conseils qui sont, d'ailleurs, aussi valables pour les adultes.

Et la pandémie dans tout ça?

Contrairement à ce que l'on aurait pu craindre, l'arrivée de la pandémie n'a pas fait exploser les chiffres quant à l'utilisation d'internet. C'est ce que l'on peut constater en consultant l'étude JAMES réalisée auprès d'un panel de quelque 1000 adolescents suisses de 12 à 19 ans, par la Haute école zurichoise de sciences appliquées. 

Selon leur propre estimation, les sondés disent passer près de trois heures par jour sur internet et environ quatre le week-end, des résultats similaires à ceux de l'étude précédente menée en 2018. 

Utilisation moyenne d'internet chez les 12-19 ans en 2020 (JAMES)

  • En semaine: 2,44 heures/jour 
  • Le week-end: 3,59 heures/jour

Par contre, la durée d'utilisation du téléphone portable semble être en nette augmentation, à près de quatre heures quotidiennes du lundi au vendredi et plus de cinq heures les samedis et dimanches. Par rapport aux données récoltées en 2018, cela représente une augmentation de 40 minutes durant la semaine et de près d'une heure le week-end.

Utilisation moyenne du smartphone chez les 12-19 ans en 2020 (JAMES)

  • En semaine: 3,47 heures/jour
  • Le week-end: 5,16 heures/jour

Markus Meury analyse: «Cette vague 2020 de l’étude a été effectuée vers la fin du confinement, en mai-juin, donc les réseaux sociaux et l’échange avec les copains étaient probablement particulièrement importants à ce moment-là. On ne peut pas clairement dire si ce phénomène continuera».

Mais il ajoute: «la crise du coronavirus et ses répercussions socio-économiques renforcent les motifs d’utilisation particulièrement à risque, notamment l’usage pour fuir les soucis quotidiens et le stress émotionnel. Une petite minorité risque de développer un usage problématique. Les personnes les plus exposées sont celles qui avaient déjà des difficultés à contrôler leur consommation auparavant».