PsychologiePourquoi aimons-nous les films d'horreur?
Relax
8.11.2024 - 17:51
(ETX Daily Up) – Si certains préfèrent s'émerveiller devant un film fantastique, d'autres choisiront volontiers de frissonner devant un film d'horreur. Que ce soit en série, en film, et même à travers des expériences immersives, prendre du plaisir à se faire peur est une vraie tendance. Mais qu'est-ce qui pousse réellement les gens à apprécier ces récits terrifiants? Une étude publiée dans le journal Scientific Reports apporte des éléments de réponse.
08.11.2024, 17:51
Relax
Il peut sembler étonnant pour certains de se rendre dans l'obscurité des salles de cinéma dans le but de se faire peur. Pour les chercheurs de l'université de Pécs, en Hongrie, ce penchant pourrait bien s'expliquer par l'excitation que procure la peur elle-même.
L'étude, dirigée par Botond Kiss, doctorant et assistant de recherche à l'Institut de Psychologie de l'Université de Pécs, a recruté 558 participants. Ces derniers ont été invités à remplir des questionnaires en ligne sur leurs habitudes de visionnage de films, leur régulation émotionnelle, leur curiosité pour les sujets morbides, leurs croyances dans le surnaturel, leur sensibilité au dégoût et leurs traits de personnalité liés à la recherche de sensations
Les participants ont ensuite visionné dix scènes courtes de différents sous-genres de films d'horreur, allant du surnaturel au psychologique, en passant par les films de monstres. Après chaque scène, ils ont évalué leurs expériences en termes d'excitation, de plaisir, de peur, de dégoût et de réalisme.
La peur et le réalisme comme aphrodisiaques
Les résultats de l'étude sont révélateurs. Les sentiments de peur, le réalisme des scènes et la curiosité pour les sujets morbides sont tous de forts prédicteurs d'excitation et de plaisir. En d'autres termes, pour ces derniers, plus ces films sont réalistes, plus ils sont excitants et divertissants. La peur, en particulier, est particulièrement associée à l'excitation et au plaisir.
A contrario, les scènes qui évoquent un fort dégoût tendent à diminuer le plaisir chez le spectateur mais sans forcément affaiblir l'excitation. «Les approches précédentes ne faisaient pas de distinction entre le plaisir et l'excitation», a déclaré Botond Kiss à PsyPost. «En revanche, notre recherche actuelle suggère que, bien qu'ils soient des concepts similaires, ils sont influencés par des facteurs différents. Le plaisir est plus influencé par le dégoût perçu, tandis que l'excitation est plus influencée par la peur perçue.»
L'étude en a profité pour tordre le cou à un cliché bien ancré. Non, les fans de films d'horreur ne sont pas forcément des accros aux sensations fortes. Peu importe vos croyances personnelles dans le surnaturel, votre sensibilité au dégoût, ces paramètres ne semblaient pas non plus influencer les réactions des spectateurs: «Comme certains consommateurs de films d'horreur peuvent être décrits comme des amateurs de sensations fortes, ils ressentent l'adrénaline induite par la peur comme une récompense. Cela semble avoir un effet indirect sur d'autres facteurs», souligne Botond Kiss à PsyPost.
Il est tout de même important de noter les limites de cette étude. La plupart des participants étaient des fans de films d'horreur, donc ayant déjà une appétence pour ce genre.
«Dans cette recherche, nous avons examiné les effets directs. Donc, si un facteur avait un effet à travers un autre facteur, nous ne pouvions pas le détecter. Cela nécessiterait des analyses plus complexes», a expliqué Kiss. «De plus, le contenu des différents genres de films d'horreur est très différent. Pensez à la différence entre un film d'horreur psychologique et un film de zombies. À l'avenir, il pourrait être utile de prendre cela en compte.»
«Notre plan direct à long terme est d'identifier certaines motivations pour lesquelles les gens consomment ce type de contenu», a déclaré Kiss. «Indirectement, nous avons l'opportunité d'identifier les facteurs qui influencent la perception du dégoût et de la peur. Cela pourrait être important pour comprendre les phobies spécifiques où la peur et le dégoût sont particulièrement importants (par exemple, les phobies animales ou les phobies de blessure-injection).»