Un peu d'espoirSelon l’EPFL, limiter le réchauffement à moins de 2°C serait possible
nt, ats
21.6.2023 - 17:10
Les 120 pays signataires de l’accord de Glasgow atteindront-ils leurs engagements climatiques d’ici la fin du siècle ? Des chercheurs de l’EPFL ont développé des modèles d’analyse très détaillés qui permettent de calculer sur le long terme les réductions des émissions de CO2 et l’impact sur le réchauffement. Leurs résultats apportent une note d’espoir.
Keystone-SDA, nt, ats
21.06.2023, 17:10
ATS
L’étude menée au sein du Laboratoire d’économie urbaine et de l’environnement (LEURE) témoigne pour une fois d’un léger optimisme en matière de réchauffement climatique, souligne l'EPFL mercredi dans un communiqué.
Selon un scénario qui calcule une projection jusqu’en 2100, il serait possible de rester juste en dessous d’une hausse de température de 2 degrés si les pays respectent et appliquent les engagements climatiques signés lors de la COP26 à Glasgow en 2021. Pour rappel, 120 nations y ont revu à la hausse leurs objectifs pour 2030 et annoncé des promesses de neutralité carbone d’ici 2050 à 2070.
Evaluation multimodèle
Les scientifiques Marc Vielle et Sigit Perdana, spécialistes de la modélisation appliquée au changement climatique dans la Faculté de l’environnement naturel, architectural et construit (ENAC) ont collaboré au sein d’un consortium de plusieurs universités pour mener à bien cette recherche, dans le cadre du projet européen Paris Reinforce. Leurs résultats viennent d’être publiés dans la revue Nature Climate Change.
«Notre objectif était d’analyser les politiques climatiques de plusieurs pays avec différents modèles économiques intégrés afin d’évaluer dans quelle direction vont les émissions de CO2 et le réchauffement. Cela permet de fournir aux décideurs des projections détaillées et à long terme. A notre connaissance, c’est la première évaluation multimodèle publiée, qui considère les derniers développements des négociations climatiques», détaille Marc Vielle.
Défi de la neutralité carbone
Les résultats prennent la forme de trois scénarios. Si les Etats continuent à appliquer la politique climatique décidée avant la COP26, la température augmentera de 2,1 à 2,4 degrés d’ici la fin du siècle, selon leurs prévisions. Dans le cas où les pays mettent en place leurs nouveaux engagements définis à Glasgow à l’horizon 2030, le deuxième scénario prévoit une plus petite augmentation de 2 à 2,2 degrés.
Enfin, si les pays, qui ont décidé de s’inscrire dans une trajectoire de neutralité climatique à long terme, mettent en œuvre leurs engagements, l’augmentation passe juste sous la barre des 2 degrés (entre 1,7 et 1,8 degré). Ce troisième scénario est le plus optimiste même s’il n’arrive toujours pas à atteindre le 1,5 degré, seuil limite décidé lors des accords de Paris en 2015.
En ce qui concerne la réduction des émissions de CO2, les trois scénarios montrent une stabilisation puis une diminution proportionnelle à leurs engagements climatiques à partir de 2030.
Vision plus fiable
Pour arriver à ces conclusions, les scientifiques ont utilisé plusieurs modèles d’analyse qui prennent en compte aussi bien des facteurs socio-économiques, régionaux que technologiques. «On regarde pour chaque pays les moyens mis en place pour atteindre ce fameux 1,5 degré d’ici la fin du siècle. On se base également sur plusieurs hypothèses qui prennent en compte des incertitudes de faisabilité afin d’obtenir une vision plus fiable pour l’avenir», relève Sigit Perdana.
L’objectif d’atteindre la neutralité carbone est un véritable défi et les moyens d’y parvenir varient énormément d’un pays à l’autre. L’Europe, par exemple, s’est fixé cet objectif pour 2050 tandis que la Chine l’a agendé pour 2060.
Prioriser certains domaines
«Ce qui est aussi novateur dans cette recherche, c’est d’évaluer pour chaque région et dans différents domaines, la faisabilité des scénarios décrits, car chaque zone fait face à des défis bien différents. Cela permet de souligner les domaines d’action dans lesquels les politiques gouvernementales devraient accorder leur priorité, ajoute Marc Vielle.
Si leurs projections les plus ambitieuses prédisent la capacité des Etats à passer sous la barre des 2 degrés, les chercheurs soulignent que l’objectif de 1,5 degré n’est toujours pas atteint. Et qu’il faut continuer à redoubler d’efforts.