Chaleurs extrêmes annoncées Des retombées en Suisse ? Le monde est confronté à El Niño pour la première fois en sept ans

sn, ats

4.7.2023 - 10:03

Le monde est entré dans une période de courant chaud El Niño pour la première fois en sept ans, selon l'ONU. Un record de températures pourrait être observé cette année ou en 2024.

Un record de températures pourrait être observé cette année ou en 2024.
Un record de températures pourrait être observé cette année ou en 2024.
IMAGO/YAY Images

Keystone-SDA, sn, ats

Cet épisode sera au moins d'intensité modérée, a estimé mardi à Genève l'Organisation météorologique mondiale (OMM). «C'est le résultat d'un changement rapide et substantiel aussi bien dans l'atmosphère et dans les océans», a expliqué à la presse un responsable de l'organisation, Wilfran Moufouma Okia.

Selon l'évaluation de l'OMM, la menace qu'il se maintienne au moins jusqu'à la fin de l'année atteint 90%, un retour à des conditions neutres n'étant anticipé qu'à 10%.

«L'arrivée d'El Niño va largement augmenter la probabilité de nouveaux records de températures et de nouvelles chaleurs extrêmes dans de nombreuses parties du monde et dans les océans», alerte le secrétaire général de l'organisation Petteri Taalas.

Des retombées en Suisse ?

  • La Suisse devrait sans doute être moins exposée au phénomène, qui affecte davantage les régions tropicales et subtropicales.
  • Il n'y a pas d'effets directs connus en Europe où chaleur et sécheresse ne sont pas plus fréquents qu'habituellement lorsque El Niño sévit de l'autre côté de la planète.

Les effets se font souvent ressentir avec plusieurs mois de décalage, a rappelé M. Moufouma Okia. Ils sont habituellement inverses à ceux du courant froid La Niña.

«C'est une très grande inquiétude pour une agence sanitaire comme nous», a estimé de son côté à la presse la cheffe de l'environnement et de la santé à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Maria Neira. L'institution s'attend à «une augmentation du nombre de personnes affectées par des maladies infectieuses».

Sécheresse ou encore précipitations

Elle est «très préoccupée» par l'insécurité alimentaire. Des cas de maladies comme le choléra ou la malaria devraient aussi s'étendre. Les inondations ou les tempêtes devraient provoquer des dommages aux infrastructures de santé. L'OMS a acheminé des stocks de médicaments dans certaines régions.

L'OMM avait estimé il y a quelques mois à 98% la probabilité d'un record de températures dans l'une des cinq prochaines années. De même, celle d'un dépassement provisoire de 1,5°C par rapport aux températures de la période préindustrielle est évaluée à deux tiers.

L'année 2016 est la plus chaude qui ait jamais été observée en raison de la combinaison entre El Niño, avec l'intensité la plus importante qui ait été identifiée jusqu'à présent, et le changement climatique.

Celui-ci exacerbe les sécheresses dans des territoires comme l'Australie, une partie de l'Asie, l'Amérique centrale ou encore le nord de l'Amérique centrale. A l'inverse, il provoque des précipitations importantes et des inondations dans plusieurs régions comme une partie des continents américain, africain et asiatique, de même que dans le sud de l'Amérique du Sud.

Ce courant chaud est habituellement observé tous les deux à sept ans et dure en principe neuf à douze mois. Mais l'OMM ne peut pour le moment pas anticiper cette durée parce qu'elle ne peut pas donner d'indication sur la situation au-delà de la fin de l'année. «On est incapable de le dire», admet M. Moufouma Okia.

Limiter «les impacts pour notre santé»

El Niño provoque un réchauffement des températures des océans dans le Pacifique tropical central et oriental. Certaines régions avaient estimé qu'un épisode avait également eu lieu en 2018 et 2019, mais l'OMM ne l'avait alors pas déclaré en raison d'un manque de consensus scientifique.

Début mai, l'organisation avait déjà demandé aux gouvernements de se préparer à l'arrivée d'El Niño après la fin d'un épisode La Niña qui avait duré trois ans et avait limité le réchauffement l'année dernière. Il faut limiter «les impacts pour notre santé, nos écosystèmes et nos économies», insiste M. Taalas.

Alertes et anticipation pour sauver des vies

L'alerte et l'anticipation de situations météorologiques extrêmes doivent pouvoir sauver de nombreuses personnes, selon lui. A la demande du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, l'OMM est en première ligne pour armer tous les pays, notamment ceux en développement, d'un système contre ce problème d'ici 2027.

Elle a déjà lancé un dispositif et estime que plus de 100 millions de personnes sont mieux protégées grâce aux efforts menés l'année dernière. Près de 290 millions au total devraient l'être dans les prochaines années.

Au total, plus de quatre désastres sur cinq sont liés aux situations météorologiques ou climatiques. De 1970 à 2021, ils ont fait environ deux millions de victimes, dont 90% dans les pays en développement, et provoqué pour environ 4300 milliards de dollars de pertes économiques (près de 3900 milliards de francs), selon l'ONU.