À la veille du BürgenstockVladimir Poutine fixe ses deux conditions pour négocier la paix
AFP
14.6.2024
Le président russe Vladimir Poutine a de facto fixé vendredi la reddition de l'Ukraine comme condition pour des pourparlers, à la veille d'un sommet en Suisse consacré aux moyens d'arriver à la paix et dont la Russie est exclue.
AFP
14.06.2024, 14:50
14.06.2024, 14:54
Barman Nicolas
Le maître du Kremlin a réclamé que Kiev abandonne son ambition de rejoindre l'Otan et retire ses forces des régions de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia.
«Dès que Kiev (...) commencera le retrait effectif des troupes et qu'elle notifiera l'abandon de son projet d'adhésion à l'Otan, nous donnerons immédiatement, à la minute même, l'ordre de cesser le feu et d'entamer des négociations», a dit M. Poutine face aux cadres du ministère russe des Affaires étrangères.
Et il a une fois encore martelé vouloir une Ukraine «neutre, non alignée, sans armes nucléaires, démilitarisée et dénazifiée».
Une demande de capitulation de l'Ukraine
Ces revendications constituent de facto une demande de capitulation de l'Ukraine, dont l'objectif est de rétablir son intégrité territoriale et de maintenir sa souveraineté.
Si Moscou a l'initiative sur le front, l'armée russe, qui a subi des pertes considérables depuis deux ans, ne parvient pas à percer les lignes ukrainiennes et à prendre un avantage décisif sur l'Ukraine.
Le Kremlin a proclamé dès septembre 2022 l'annexion de quatre régions de l'est et du sud de l'Ukraine, en plus de celle de la Crimée en 2014.
Poutine dénigre le sommet pour la paix
Vladimir Poutine a insisté vendredi sur le fait que l'Ukraine devait remettre à la Russie la totalité de ces territoires, alors même que Moscou ne les occupe que partiellement et que les combats y font toujours rage.
Le président russe a aussi dénigré le sommet pour la paix, dont la Russie a été exclue, prévu en Suisse les 15 et 16 juin à l'initiative de l'Ukraine. Kiev espère que les quelque 90 délégations présentes y aboutiront à un consensus pour accroître la pression sur la Russie et son isolement.
M. Poutine a balayé un «stratagème pour détourner l'attention de tout le monde» des vrais responsables du conflit à savoir, dans sa lecture, l'Ukraine et les Occidentaux.
Mykhaïlo Podoliak, conseiller à la présidence ukrainienne, a martelé, lui, que les revendications russes se «heurtent au bon sens» et constituent «une offense au droit international».
Poutine : «le vol ça reste du vol et ça ne restera pas impuni»
Vladimir Poutine a aussi dénoncé la décision jeudi du G7 de garantir un prêt de 50 milliards de dollars à l'Ukraine avec les futurs intérêts des actifs russes gelés depuis le début de l'offensive russe.
«Les pays occidentaux ont gelé une partie des actifs russes et des réserves en devises. Et désormais ils réfléchissent à une base juridique pour se les approprier définitivement», a-t-il déclaré, «même si on enjolive les choses, le vol ça reste du vol et ça ne restera pas impuni».
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lui jugé «juste que ce soit la Russie qui paye», mais a réclamé du G7 la confiscation pure et simple des 300 milliards d'euros d'actifs de la banque centrale de Russie gelés par les Occidentaux depuis deux ans, ce à quoi ils se refusent pour des raisons juridiques.
L'aveu surprise de Poutine
Enfin, le président russe a fait une révélation surprise sur les objectifs des premiers jours de son assaut, lui qui avait toujours affirmé que son offensive ne visait pas la conquête de territoires ukrainiens.
Vendredi, il a indiqué que l'un des objectifs était de conquérir Marioupol, ville portuaire qui a subi un siège effroyable en 2022, et qu'un autre était de forcer l'Ukraine à lui octroyer un pont terrestre à travers le sud ukrainien pour relier la Russie à la Crimée annexée.
M. Poutine a ainsi dit qu'il n'avait «pas exclu» de laisser à Kiev souveraineté sur le sud du pays, «à condition toutefois que la Russie dispose d'un lien terrestre solide avec la Crimée».
Il a raconté que cette revendication avait été signifiée le 5 mars 2022 à un hôte de marque qui proposait ses services de médiateur. Le président russe n'a pas révélé le nom de ce responsable, mais ce jour-là le Premier ministre israélien d'alors, Naftali Bennett, était au Kremlin.
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