Son pronostic vital n'était pas engagé Un septuagénaire jugé pour avoir étranglé son épouse gravement malade

AFP

29.10.2024

Un septuagénaire est jugé depuis lundi et jusqu'à mercredi devant les assises de l'Aube pour l'assassinat de son épouse malade qu'il affirme avoir tuée à sa demande pour soulager ses souffrances.

Le fils du couple a déclaré devant le juge d'instruction que son père avait assassiné sa mère «par amour, par compassion», agissant pour le bien de celle-ci. (photo symbolique)
Le fils du couple a déclaré devant le juge d'instruction que son père avait assassiné sa mère «par amour, par compassion», agissant pour le bien de celle-ci. (photo symbolique)
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Âgé de 78 ans, Bernard Pallot, ingénieur de formation et professeur dans un IUT à la retraite, est accusé d'avoir étranglé le 11 octobre 2021 son épouse Suzanne avec un câble électrique, après lui avoir injecté du cyanure, une opération qui n'avait pas suffi à la tuer, selon les éléments de l'enquête.

Bernard Pallot, dont le casier judiciaire est vierge, a effectué près d'un an de détention provisoire mais comparaît libre sous contrôle judiciaire depuis lundi. Les réquisitions et le verdict sont attendus mercredi.

M. Pallot a, tout au long de la procédure, expliqué avoir volontairement donné la mort à son épouse à la demande de celle-ci, qui le suppliait selon lui de l'euthanasier pour mettre fin à ses souffrances et lui éviter de retourner à l'hôpital. Le couple était marié depuis 1969.

«Je sous-signée Pallot Suzanne, encore saine d'esprit, demande à mon mari Bernard Pallot, de me soulager définitivement des souffrances incurables que je supporte», pouvait-on lire sur une lettre retrouvée près du corps, datée du 23 septembre 2021. Un expert graphologue a indiqué que cette lettre ne semblait pas avoir été rédigée par Bernard Pallot.

Son épouse, également septuagénaire, était atteinte de la maladie de Carrington, une pneumopathie chronique, et d'ostéoporose, avec des fractures multiples, dont une du col du fémur intervenue début septembre. Des pathologies qui n'engageaient pas son pronostic vital, selon un expert médical cité dans l'enquête.

Le fils du couple a déclaré devant le juge d'instruction que son père avait assassiné sa mère «par amour, par compassion», agissant pour le bien de celle-ci. Ce fils doit déposer devant la cour mardi après-midi, en qualité de partie civile, selon l'avocat de l'accusé, Frédéric Verra.

La défense a fait citer Olivier Falorni, rapporteur général du projet de loi sur la fin de vie dont l'examen a été suspendu par la dissolution de l'Assemblée, mais «a priori» il ne sera pas présent mercredi, a regretté Me Verra.

«C'est le procès de M. Pallot mais il dépasse ce cadre-là», a-t-il ajouté, estimant que M. Falorni pourrait éclairer le contexte du débat sur la fin de vie, au moment où «quelqu'un risque la plus haute peine en droit français».

bj/ms/sp