Donald Trump a annoncé lundi qu'il désignerait en fin de semaine une nouvelle juge pour la Cour suprême afin de succéder à Ruth Bader Ginsburg. Il a martelé que le vote au Sénat devrait se tenir avant l'élection présidentielle, attisant une féroce bataille politique.
Balayant les cris d'indignation des démocrates, le locataire de la Maison Blanche a estimé que le Sénat, à majorité républicaine, avait «largement le temps» de confirmer la nomination d'une nouvelle magistrate avant le scrutin du 3 novembre qui l'opposera à Joe Biden.
«Le vote final (du Sénat) devra se tenir avant l'élection», a-t-il souligné sur Fox News. Il a promis d'annoncer le nom de sa candidate «vendredi ou samedi», sonnant le coup de départ du processus de confirmation pour remplacer la juge, icône féministe et de la gauche américaine, décédée vendredi dernier à 87 ans.
Enjeu majeur
Electrochoc dans cette campagne, la succession de «RBG» au sein du temple du droit américain sera dans les prochaines semaines l'un des enjeux majeurs de la présidentielle.
L'enjeu est simple: solidement ancrer ou non la Cour suprême dans le camp conservateur pour des décennies. Une institution qui tranche, aux Etats-Unis, les principales questions de société, comme l'avortement, le droit de porter des armes ou les droits des homosexuels.
De quoi galvaniser les électeurs des deux camps. Des petits donateurs ont ainsi versé plus de 100 millions de dollars ce week-end sur la plateforme ActBlue, qui lève des fonds pour les démocrates.
Joe Biden, qui mène dans les sondages, avait placé jusqu'ici au coeur de sa campagne la gestion par Donald Trump de la pandémie de Covid-19 et les quelque 200'000 morts aux Etats-Unis. Le décès de la magistrate a soudainement rebattu les cartes.
Dépouille exposée à la Cour suprême
Ayant promis de nommer «une femme très talentueuse», le locataire de la Maison Blanche a précisé vouloir attendre la fin des cérémonies funéraires.
La dépouille de la magistrate sera exposée à la Cour suprême mercredi et jeudi, puis au Capitole vendredi. Elle sera inhumée dans l'intimité la semaine prochaine au cimetière national d'Arlington, près de Washington.
Apportant bougies et fleurs en hommage à Ruth Bader Ginsburg, des milliers de personnes émues se sont pressés ce week-end devant la Cour suprême, qui se dresse face au Congrès à Washington.
Virage à 180 degrés
«Je me battrai»: la sénatrice progressiste Elizabeth Warren leur a fait reprendre en coeur samedi soir ce mot d'ordre contre le chef des républicains au Sénat, Mitch McConnell.
C'est en effet la chambre haute du Congrès qui a le pouvoir de confirmer, à la majorité simple, les juges à la Cour suprême nommés par le président.
En 2016, à la mort d'Antonin Scalia dix mois avant la présidentielle, M. McConnell avait bloqué le processus pour le remplacer en arguant qu'il fallait laisser les électeurs choisir.
Cette fois, il a promis à peine quelques heures après l'annonce du décès de la magistrate qu'il tiendrait sans attendre un vote pour lui succéder.
Voix de Mike Pence
Sa majorité de 53 contre 47 est fine. Déjà deux sénatrices républicaines modérées ont estimé que le Sénat ne devrait pas se prononcer avant la présidentielle.
Tous les regards se tournaient donc lundi vers un autre républicain grand critique de Donald Trump, Mitt Romney, qui ne s'est pas encore prononcé.
Mais même sans eux, les républicains disposeraient d'assez de voix, grâce à l'intervention du vice-président Mike Pence qui peut intervenir en cas d'égalité, pour confirmer la remplaçante de «RBG».
«Abus de pouvoir»
Joe Biden a dénoncé dimanche «un exercice de pouvoir politique brutal» de son rival, «un abus de pouvoir» s'il poussait réellement son remplacement avant l'élection.
Les démocrates martèlent que Ruth Bader Ginsburg a laissé comme dernière volonté de ne pas être remplacée jusqu'à ce qu'un «nouveau président soit en fonction», selon la radio publique NPR.
Donald Trump a balayé ces objections lundi: «C'est sorti de nulle part». «Au final, nous avons gagné l'élection. Nous avons une obligation.» En 2016, sa promesse de nommer des juges conservateurs avait pesé dans le ralliement de nombreux électeurs évangélistes.
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