Attaque chimique à DoumaTrois soignants disent avoir été forcés à faire un faux témoignage
AFP
23.12.2024
Deux médecins et un infirmier affirment avoir subi des «pressions» du pouvoir de Bachar al-Assad pour fausser leur témoignage et nier tout recours à des armes chimiques devant des enquêteurs internationaux, après une attaque au chlore meurtrière en 2018 à Douma, près de Damas.
AFP
23.12.2024, 16:02
23.12.2024, 16:15
Marjorie Kublun
Le 7 avril 2018, alors que Douma, dernier bastion rebelle dans la Ghouta orientale, subit d'intenses bombardements, un bâtiment près d'un hôpital de campagne est touché.
Dans un entretien exclusif à l'AFP, les trois soignants qui ont pris en charge des victimes de l'attaque disent avoir été interrogés par les services de sécurité.
«Ils m'ont dit qu'ils savaient où trouver ma famille», a indiqué à l'AFP le chirurgien orthopédique Mohammad Al-Hanach.
«Un pistolet était posé sur la table, pointé vers moi», rapporte de son côté le médecin urgentiste Hassan Ouyoun.
Mouwafaq Nisrine, qui était ambulancier et infirmier à l'époque, a également été interrogé, après avoir été repéré dans une vidéo où il apparaissait tapotant sur le dos d'une fillette aspergée d'eau et déshabillée, qui crachait des muqueuses après avoir inhalé un gaz toxique.
«Ils nous ont dit qu'il n'y avait pas eu d'attaque chimique (...) qu'ils voulaient mettre fin à ces affirmations (...) afin que Douma puisse tourner la page des arrestations», se souvient-t-il.
«J'étais sous pression car ma famille habite à Douma, comme la plupart des familles du personnel médical», dit-il.
Dans un rapport, l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) avait accusé en janvier 2023 Damas d'avoir mené l'attaque au chlore qui a fait 43 morts.
Selon ses enquêteurs, «il existe des motifs raisonnables de croire» qu'au moins un hélicoptère de l'armée de l'air syrienne a largué deux barils de gaz toxique sur la ville de Douma.