Procès d'une décennie de violsTémoignages des enfants de la victime attendus
AFP
18.11.2024
Florian, David et Caroline, les trois enfants du couple Pelicot, vont s'exprimer lundi au procès retentissant d'une décennie de viols organisés sur Gisèle Pelicot, une femme droguée par son mari en France.
AFP
18.11.2024, 14:29
18.11.2024, 14:31
Marjorie Kublun
Avant leur audition, prévue pour le début d'après-midi, la cour criminelle de Vaucluse (sud) a entamé sa onzième semaine d'audience lundi matin par l'interrogatoire des quatre derniers des 51 accusés de 26 à 74 ans, poursuivis pour la plupart pour avoir violé Gisèle Pelicot, 71 ans, préalablement sédatée aux anxiolytiques par son désormais ex-mari, qui la violait également.
«Ça va être compliqué mais on reste combatif avec mon frère. J'en profite avec ce micro pour remercier toutes celles et ceux qui nous soutiennent dans ce procès et leur dire que ce soutien est vraiment essentiel», a déclaré lundi David Pelicot, le fils aîné, à la presse, lors de l'interruption de séance à 12h00 (11H00 GMT).
Si Florian et son ex-épouse Aurore étaient présents dès le début de la journée, à 09h00 (08H00 GMT), Caroline, David et son épouse Céline sont eux arrivés en milieu de matinée. Gisèle Pelicot était attendue en début d'après-midi.
À la différence de Florian et David, Caroline avait été entendue dès la première semaine du procès, comme ses deux belles-sœurs. Des images des trois femmes nues, prises à leur insu, avaient été publiées par Dominique Pelicot sur les réseaux sociaux, ainsi que des photomontages à caractère pornographique.
Caroline pense avoir été également droguée par son père, avec le doute lancinant d'avoir elle aussi été violée dans son sommeil.
Mais Dominique Pelicot, celui qu'elle appelle désormais son «géniteur», a toujours nié ces faits: «Ce sera un de mes objectifs, de le faire parler là-dessus et de dire la vérité», a confié à l'AFP son avocate Béatrice Zavarro.
Lundi matin, Joseph C., retraité de 69 ans, a été le premier à s'exprimer à la barre, sur sa visite, la nuit du 9 au 10 juin 2020, au domicile des Pelicot à Mazan (sud). Lui est jugé pour «atteinte sexuelle» pour des attouchements sur Gisèle Pelicot, et non pour viols, faute d'avoir pu la pénétrer en l'absence d'érection.
«Manque de discernement»
C'était «un peu glauque et c'était difficile d'avoir une érection. J'ai juste fait une caresse "libertine" et suis parti», a expliqué ce célibataire adepte d'échangisme.
Cette nuit-là, il était présent en même temps qu'un autre accusé, Romain V., venu lui à six reprises entre 2019 et 2020 pour agresser sexuellement Gisèle Pelicot, sédatée et totalement inerte, comme l'a encore attesté une nouvelle vidéo projetée à l'audience.
Après lui, Nicolas F., journaliste indépendant de 43 ans, a avoué, d'une voix fluide et claire, avoir «manqué de discernement et de force de caractère» lors de cette nuit du 14 au 15 janvier 2018. Jeudi, l'expert-psychologue Laurent Chaïb l'avait défini comme une «personnalité de type obsessionnel compulsif», ces personnes qui ont «tendance à réfléchir après coup» et qui «fonctionnent en mode automatique» sous la pression.
Expliquant être allé à Mazan «pour une relation avec Monsieur Pelicot», sur qui il effectuera une fellation, il agressera cependant Gisèle Pelicot par plusieurs attouchements mais aussi des pénétrations digitales et un anulingus.
Également jugé pour détention d'images pédopornographiques, Nicolas F. aurait aussi proposé à une jeune fille de «soulager» son labrador, selon un mail de 2010. «Ce n'est pas moi. (...) Je ne suis pas attiré par la zoophilie ou la scatophilie», a-t-il assuré.
Après les auditions des enfants Pelicot, lundi en fin d'après-midi voire mardi, la cour devrait examiner les dossiers des deux derniers accusés, Philippe L., jardinier de 62 ans, et Boris M., salarié dans une entreprise de transport de 37 ans.
Puis le président Arata devrait donner une dernière fois la parole à Dominique et Gisèle Pelicot.
À partir de mercredi sans doute, ce seront alors les plaidoiries des avocats des parties civiles, puis des deux représentants du ministère public, pour un réquisitoire initialement prévu sur deux jours.
La parole sera enfin donnée aux avocats des 51 accusés, pendant trois semaines.
Restera alors une semaine aux cinq magistrats professionnels de la cour pour délibérer, avec un verdict attendu le 20 décembre au plus tard.