Les principales dates du calvaire de Srebrenica, symbole de la politique de «nettoyage ethnique» menée par les Serbes de Bosnie de 1992 à 1995, pour lequel la justice internationale rendra mardi son verdict en appel à l'encontre de l'ancien chef militaire Ratko Mladic.
Il avait été condamné en 2017 à la détention à perpétuité pour génocide.
Première chute
Peu après le début du siège de Sarajevo, le 6 avril 1992, par les forces serbes, Srebrenica et les villes de la vallée de la Drina (est) à majorité musulmane tombent aux mains des troupes serbes de Bosnie, aidées par des unités paramilitaires venues de Serbie.
Chassés par le «nettoyage ethnique», les musulmans bosniens reprennent l'enclave, mais à la fin de l'année, celle-ci est cernée par les Serbes qui coupent les accès routiers.
«Zone de sécurité»
Entre mars et avril 1993, quelque 8000 personnes sont évacuées de l'enclave qui subit une pression de plus en plus forte. Des bombardements menés par les forces serbes bosniennes font des dizaines de morts.
Le 16 avril, alors que la ville est sous le feu des chars d'assaut et des tirs d'artillerie, le conseil de sécurité de l'ONU décrète Srebrenica «zone de sécurité», protégée par les forces des Nations unies et l'OTAN. Un accord de cessez-le-feu et de démilitarisation est signé le lendemain à Sarajevo sous les auspices de la FORPRONU (force de protection des Nations unies), mais il ne sera pas respecté.
Le haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) achemine vivres et matériels divers dans la ville, désormais zone protégée. En mai, l'ONU crée cinq autres «zones de sécurité»: Sarajevo, Tuzla, Zepa, Gorazde et Bihac.
Le 1er mars 1994, une unité d'environ 450 casques bleus néerlandais est déployée dans l'enclave où la rotation des soldats de la FORPRONU avait été bloquée. Les soldats du Dutchbat (bataillon néerlandais) relèvent les casques bleus canadiens.
L'ultime offensive
Au début juillet 1995, les forces serbes de Bosnie attaquent les positions des Bosniaques au sud, à l'est et au nord de l'enclave et prennent le contrôle de positions de la FORPRONU le 9, après avoir capturé une trentaine de casques bleus néerlandais. Des chars serbes sont alors à moins de 2 km de la ville.
Le 11 juillet, deux F-16 de l'OTAN bombardent deux chars serbes aux abords de Srebenica, ce qui n'empêche pas, en fin de journée, quelque 1500 soldats commandés par le général Ratko Mladic de s'emparer de la zone.
Le gros des casques bleus néerlandais se replient sur leur base de Potocari, au nord, suivis de plusieurs milliers de réfugiés, espérant y trouver protection. L'enclave de 148 km2 carrés compte alors 42'000 habitants, dont 36'000 personnes déplacées ayant fui au début du conflit de plusieurs autres villes de Bosnie orientale.
L'effroyable massacre
Dès la prise de la ville de Srebrenica, Ratko Mladic ordonne l'évacuation des civils, femmes, enfants et vieillards, tandis que sont faits prisonniers tous les hommes en âge de combattre.
En l'espace de quelques jours, plus de 8000 hommes et adolescents vont être exécutés sommairement avant d'être enterrés dans des fosses communes. Les restes des victimes seront retrouvés dans plus de 80 charniers.
Dès le 17 juillet, des témoignages affluent émanant de réfugiés qui font état de meurtres, torture, viols commis par les forces serbes dans l'enclave et sur la route de l'exode de la population civile.
Le 24 juillet et le 16 novembre, Radovan Karadzic, chef des Serbes de Bosnie et le commandant des forces serbes bosniennes, le général Ratko Mladic, sont inculpés par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre. Longtemps en fuite après la guerre, tous deux ont été condamnés à perpétuité.
Division entérinée
Le 21 novembre 1995, arraché sous la pression internationale, l'accord de paix de Dayton (Etats-Unis) met un terme à la guerre, mais consacre la division de la Bosnie en deux entités, l'une serbe la Republika Srpska (RS) et l'autre croato-bosniaque, chacune avec un haut degré d'autonomie et unies par de faibles institutions centrales.