Russie Russie: mobilisation pour les manifestants

ATS

18.9.2019 - 17:22

Les manifestations se sont soldées par environ 2700 interpellations. Cinq personnes ont à ce jour été condamnées pour violence (archives).
Les manifestations se sont soldées par environ 2700 interpellations. Cinq personnes ont à ce jour été condamnées pour violence (archives).
Source: KEYSTONE/AP/PAVEL GOLOVKIN

Un mouvement de solidarité en faveur des manifestants récemment emprisonnés a pris de l'ampleur mercredi en Russie. Il a reçu le soutien d'acteurs, de professeurs et même de membres de l'Eglise orthodoxe.

Depuis début septembre, les tribunaux russes ont condamné six hommes à des peines allant de deux à quatre ans de prison pour des «violences» contre la police commises lors des manifestations en faveur d'élections libres cet été ou pour leur participation «répétée» à des manifestations non autorisées.

Le dernier jugement en date, celui par lequel l'acteur Pavel Oustinov a été condamné à trois ans et demi de prison, a provoqué la mobilisation de dizaines de personnalités du monde de la culture, un univers qui reste habituellement en Russie à l'écart des questions politiques.

Pavel Oustinov, 23 ans, clame son innocence et assure qu'il ne participait même pas à la manifestation non autorisée au cours de laquelle il a été arrêté cet été, mais qu'il attendait simplement un ami devant une station de métro.

Piquet de manifestation

Mercredi, plus d'un milliers de personnes, dont plusieurs acteurs célèbres, se sont succédé une à une à un piquet de manifestation, la seule forme de protestation en Russie qui ne nécessite pas d'autorisation préalable. Devant le siège de l'administration présidentielle, les protestataires ont tenu une pancarte appelant à la libération du jeune homme et des autres manifestants.

«Cela concerne tout le monde», a lancé l'actrice Alexandra Bortitch, connue pour avoir joué dans plusieurs films grand public russes tandis que le metteur en scène Dmitri Sobolev appelait à ce que «Pavel et les autres condamnés à tort soient libérés».

Plusieurs autres manifestants portaient des pancartes proclamant «Je suis/Nous sommes le pays entier». Ce slogan fait référence au mouvement de soutien inédit ayant permis la libération en juin du journaliste Ivan Golounov, injustement accusé de trafic de drogue.

Interrogé sur le dossier, le Kremlin s'est borné mercredi à suggérer d'attendre le résultat de l'appel déposé par l'avocat de Pavel Oustinov.

Prêtres et professeurs

Fait rarissime, une lettre ouverte appelant à la libération de Pavel Oustinov et des autres manifestants condamnés, publiée mardi soir sur un journal religieux en ligne, a déjà été signée par plus de 90 prêtres de l'Eglise orthodoxe, pourtant réputée proche du pouvoir.

«Il est de notre devoir d'exprimer la conviction que les peines de prison infligées à plusieurs personnes dans cette affaire doivent être révisées», indique cette lettre ouverte. Le texte qualifie la condamnation du manifestant accusé d'avoir pris part de façon répétée à des manifestations non autorisées d'acte de «cruauté sans précédent».

Une autre lettre ouverte signée par près de 800 professeurs a de son côté dénoncé «l'illégalité flagrante» des condamnations et demandé que ceux ayant emprisonné les manifestants soient jugés. Les soutiens de M. Oustinov dénoncent notamment le fait que la justice ait refusé d'examiner une vidéo prouvant selon eux l'innocence du jeune acteur.

Ces images, diffusées sur les réseaux sociaux et dans les médias, montrent des membres de la police anti-émeute, casqués, se jetant sur Pavel Oustinov alors qu'il se tient debout, un téléphone à la main, parmi d'autres passants. L'acteur a un geste de recul avant de tomber et d'être frappé à coups de matraque par les policiers.

2700 interpellations

De mi-juillet à fin août, des manifestations quasi hebdomadaires ont secoué la capitale russe après l'interdiction faite à de nombreux candidats d'opposition de se présenter aux élections locales. La plus importante manifestation, début août, a regroupé plus de 50'000 personnes dans le centre de Moscou.

La majorité des manifestations n'étaient pas autorisées et se sont soldées par environ 2700 interpellations. Si la plupart des personnes arrêtées ont été rapidement libérées, une quinzaine ont été maintenues en détention, dont cinq ont à ce jour été condamnées pour violence.

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