Législatives britanniques Polémique et propos chocs : le Royaume-Uni a aussi «son» Donald Trump

AFP

3.7.2024

La huitième fois sera-t-elle la bonne ? Nigel Farage, figure emblématique de la droite dure britannique, espère être enfin élu député jeudi, avec pour objectif que son parti devienne d'ici 2029 la grande force d'opposition en remplacement des conservateurs.

Nigel Farage (à gauche), figure emblématique de la droite dure britannique, s’inspire de Donald Trump.
Nigel Farage (à gauche), figure emblématique de la droite dure britannique, s’inspire de Donald Trump.
ats

AFP

3.7.2024

Inspiré d’un Donald Trump qu’il apprécie depuis des années, l'ancien député européen de 60 ans a créé un électrochoc dans la campagne, en annonçant le 3 juin non seulement qu'il était candidat sous l'étiquette du parti anti-immigration Reform UK, à Clacton-on-Sea, ville balnéaire à l'est de Londres, mais qu'il prenait la tête du parti.

Il parle bien, joue sur les peurs, dénonce un pays en «déclin social» et aux services publics «cassés». Il martèle, meeting après meeting, que l'immigration est hors de contrôle, parle d'"invasion des îles" britanniques, amalgame immigration légale et illégale, dénonce les politiques en faveur de l'environnement qui selon lui appauvrissent les petites gens.

Eduqué dans les meilleures écoles privées, ayant commencé sa carrière dans la finance à Londres, il est charismatique, drôle parfois, volontiers provocateur. Le résultat de sa candidature a été immédiat, Reform UK est passé de 12% à 17% des intentions de vote, talonnant les conservateurs, quand le parti était à 5% il y a un an.

Loin d’être un inconnu

Ce week-end ils étaient des milliers venus l'acclamer à Birmingham, dans le centre du pays, avec force et feux d'artifice. Quelques casquettes dans l'audience arboraient le slogan «make Britain Great again».

Farage est loin d'être un inconnu. En 1993, cet ancien conservateur est à l’origine de la création du parti UKIP (parti pour l’indépendance du Royaume-Uni). Il est élu député européen en 1999, réélu à trois reprises, jusqu'en 2020.

Il a dirigé l’UKIP de 2000 à 2016, et a mis sous pression le Premier ministre conservateur David Cameron qui a organisé le référendum sur la sortie de l’Union européenne en 2016. Après le passage du Brexit, son plus grand moment de fierté selon lui, Farage quitte la tête de l'UKIP.

En 2016, on le retrouve de l'autre côté de l'Atlantique. Il présente Trump, qui l’a surnommé M. Brexit, lors d’un meeting dans le Mississippi. Le 12 novembre, le tout nouveau président élu américain le reçoit à la Trump Tower à New York. Une photo célèbre les montre tous sourires dans l’ascenseur de la Trump Tower. Farage voit dans cette élection américaine une «révolution politique».

Il crée un nouveau parti en 2019, le Parti du Brexit (depuis devenu Reform UK), puis entame une carrière lucrative de commentateur politique à la radio puis à la télévision, sur la chaîne conservatrice GB News, pendant quatre ans. Il a essayé en vain à sept reprises d'être élu à la Chambre des communes.

«Révolte politique»

Depuis le mois dernier, il appelle à une «révolte politique», critique les élites, les médias, affuble de surnoms ridicules le travailliste Keir Starmer - qui sauf énorme surprise devrait devenir cette semaine Premier ministre - et l'actuel occupant de Downing Street Rishi Sunak. La foule jubile. Clacton-on-Sea avait voté à 73% pour le Brexit en 2016, et Farage a de fortes chances de l'emporter.

Ses prises de position sur l'Ukraine durant la campagne, affirmant que l'Occident avait «provoqué» la guerre en Ukraine, ont suscité de vives critiques, tout comme les propos racistes et homophobes prêtés à des militants ou candidats de Reform, dont au moins trois ont perdu son soutien.

Mais rien ne semble devoir diminuer l'optimisme de cet homme deux fois divorcés, père de quatre enfants, et grand-père, a-t-il confié, depuis le 23 juin.

Réjoui par les foules qui se pressent à ses meetings, il dit construire un «mouvement», mener une «révolte» populaire dans l'objectif de gagner les élections en 2029 après avoir cannibalisé et remplacé des conservateurs qui selon lui ont trahi les électeurs sur le Brexit.

«Nous avons besoin que Reform soit une voix forte au parlement et dans le pays» insiste-t-il. Reform ne peut espérer qu'une poignée de sièges à la Chambre, en raison du mode de scrutin uninominal à un tour, mais cela ne l'arrête pas.

«Etes-vous prêts à rejoindre notre armée du peuple ? A rejoindre notre révolte contre l'establishment?», haranguait-il récemment la foule lors d'un meeting dans le Devon, dans le sud. La réponse était enthousiaste.