«Tout le monde veut être mon ami» Pas encore président, déjà omniprésent: Trump n'a pas changé

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22.12.2024 - 08:33

Il donne déjà des suées aux médias, au Canada, au patron de la banque centrale et au Congrès. Donald Trump, un mois avant d'être investi, rappelle déjà sa capacité unique à dominer l'actualité et à faire régner l'incertitude.

Entre deux commentaires sur l'actualité internationale, Donald Trump a aussi montré qu'il n'avait rien perdu de sa capacité à livrer des messages sinon contradictoires, du moins flous.
Entre deux commentaires sur l'actualité internationale, Donald Trump a aussi montré qu'il n'avait rien perdu de sa capacité à livrer des messages sinon contradictoires, du moins flous.
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Keystone-SDA, ro

«Nous allons voir plus de chaos dans sa seconde présidence que pendant sa première», prédit Todd Belt, professeur de sciences politiques à l'université George Washington. «Ce qui s'est passé cette semaine est une bonne indication», selon le chercheur, qui souligne qu'avec la large immunité présidentielle dont l'a doté la Cour suprême, le républicain pourrait être tenté de «suivre ses pires instincts «.

Alors que le président démocrate sortant Joe Biden a déjà plus ou moins disparu de la place publique, son prédécesseur et désormais successeur occupe l'espace. Il a donné lundi sa première conférence de presse depuis sa victoire du 5 novembre.

Pendant plus d'une heure, le milliardaire de 78 ans a balayé devant un petit groupe de journalistes une dizaine de sujets différents, en savourant l'attention qui l'entoure. «Tout le monde veut être mon ami», a-t-il lancé en commentant les visites de patrons et personnalités dans sa résidence de Floride, qu'il quittera le 20 janvier pour la Maison Blanche.

Vaccins

Il a promis de «redresser» la presse à coup de poursuites judiciaires, menaçant pêle-mêle la chaîne CBS et l'un des reporters ayant révélé le scandale du Watergate, le légendaire Bob Woodward -- et a plus tard joint l'acte à la parole en déposant plainte contre un journal de l'Iowa.

Entre deux commentaires sur l'actualité internationale, Donald Trump a aussi montré qu'il n'avait rien perdu de sa capacité à livrer des messages sinon contradictoires, du moins flous.

Exemple avec les vaccins. Le républicain a assuré qu'il «croyait beaucoup» au vaccin contre la polio, mais a entretenu le doute sur de prétendus liens entre vaccination et autisme. «Il y a quelque chose qui ne va pas et nous allons trouver ce que c'est», a dit le président élu en évoquant une montée des cas d'autisme aux Etats-Unis.

Son premier mandat avait été une suite d'annonces fracassantes, de limogeages spectaculaires, de revirements constants et de convulsions diplomatiques. D'où, pour les commentateurs comme pour les décideurs dans tous les domaines, un dilemme permanent, et à vrai dire insoluble: faut-il prendre au pied de la lettre tout ce que dit Donald Trump? Dans le même temps, comment faire l'impasse sur la parole du chef d'Etat de la première puissance mondiale?

Quatre ans plus tard, le problème reste entier, comme le montrent les déclarations récentes de l'ancien promoteur immobilier sur le Canada. Mercredi, Donald Trump a répété que ce serait une «excellente idée» de faire du grand pays voisin le 51ème Etat américain. Ce n'est évidemment pas réaliste. Mais ces sorties provocatrices ont un impact, au moins diplomatique, au moment où le Canada, menacé par le président élu d'une guerre commerciale, traverse une grave crise politique.

Wall Street prend l'eau

La confusion qu'entretient en permanence le tribun républicain est déjà un casse-tête pour les journalistes, les diplomates, les responsables politiques et les acteurs de la finance. «Nous ne savons pas grand-chose» des projets d'augmentation des droits de douane de Donald Trump, «nous ne savons pas ce qui va être taxé, ni quels pays, ni pour quelle durée», a énuméré jeudi le patron de la Fed, la banque centrale américaine, Jerome Powell, en faisant un constat d '"incertitude».

L'institution a relevé ses prévisions d'inflation et décidé de ralentir nettement le rythme de ses baisses de taux. Les marchés boursiers ont flanché et le Dow Jones a signé sa dixième séance consécutive de baisse, du jamais vu en un demi-siècle. Le second mandat Trump s'annonce d'autant plus remuant que l'imprévisible républicain est, pour le moment au moins, flanqué d'une personnalité particulièrement éruptive en la personne du multimilliardaire Elon Musk.

Le patron de SpaceX, Tesla et X, et le président élu ont ensemble bouleversé des discussions budgétaires du Congrès visant à éviter un «shutdown», une paralysie partielle des services publics fédéraux. Dans une biographie autorisée, l'auteur Walter Isaacson définit ainsi l'approche de l'entrepreneur: «Prendre des risques. Apprendre en faisant exploser des choses. Corriger. Recommencer».