Moscou veut récupérer les armes lourdesPoutine s'est félicité d'avoir évité une «effusion de sang»
ATS
27.6.2023 - 12:09
La Russie a affirmé mardi que des préparatifs étaient en cours pour transférer à l'armée les armes «lourdes» de Wagner. Pour Moscou, c'est une manière de neutraliser le groupe paramilitaire rebelle contre lequel les poursuites ont été abandonnées.
Keystone-SDA
27.06.2023, 12:09
27.06.2023, 12:20
ATS
Le groupe Wagner, dont le patron Evguéni Prigojine a été qualifié de «traître» par Vladimir Poutine, n'a pas confirmé qu'il allait remettre ses armes aux autorités et il n'était pas clair quels types d'équipements étaient concernés.
Dans un discours prononcé lundi soir, où il est apparu en colère, le président russe, confronté à sa pire crise depuis son arrivée au pouvoir il y a plus de 20 ans, s'était félicité d'avoir évité une «effusion de sang» lors de cette rébellion qui a fait trembler le Kremlin vendredi et samedi.
Poutine propose aux combattants de Wagner de rejoindre l'armée ou de partir pour le Bélarus
Le président russe Vladimir Poutine a déclaré lundi soir que les combattants de Wagner qui ont pris part à la mutinerie «ont la possibilité» de signer un contrat avec le ministère russe de la Défense, de retourner dans leurs familles ou de partir pour le Bélarus.
27.06.2023
«La situation nous a échappé»
Tout en dénonçant une «trahison», M. Poutine a assuré que les combattants de Wagner pouvaient rentrer chez eux, intégrer l'armée régulière ou se rendre au Bélarus, dont le dirigeant Alexandre Loukachenko a servi de médiateur. Certains analystes ont vu dans cette clémence inhabituelle un aveu de faiblesse.
M. Loukachenko, justement, a estimé mardi que la rébellion était le résultat d'une mauvaise gestion des rivalités entre Wagner et l'armée russe qui n'ont cessé de croître ces derniers mois. Une critique implicite de M. Poutine.
«La situation nous a échappé, puis nous avons pensé que cela se résoudrait, mais cela ne s'est pas résolu», a déclaré M. Loukachenko à des journalistes. «Il n'y a pas de héros dans cette histoire», a-t-il déploré.
Où est Prigojine?
Comme pour tourner la page de cet épisode, le ministère russe de la Défense a affirmé mardi que «des préparatifs sont en cours pour le transfert des équipements militaires lourds de Wagner aux unités actives des forces armées» régulières.
Une telle mesure reviendrait à neutraliser dans les faits le groupe Wagner, dont le dirigeant affirme pourtant avoir lancé sa révolte pour «sauver» cette organisation menacée d'être absorbée par l'armée le 1er juillet.
M. Prigojine n'est pas réapparu en public depuis la fin de la révolte samedi soir. Dans un enregistrement audio lundi, il s'est défendu d'avoir voulu «renverser le pouvoir». Certains médias belarusses ont rapporté qu'un jet privé lui appartenant a atterri mardi matin au Bélarus, mais ni l'intéressé, ni les autorités n'ont confirmé.
Abandon des poursuites
Signe en tout cas qu'un accord semble bien avoir été trouvé entre le milliardaire et le Kremlin, les services de sécurité (FSB) ont annoncé mardi l'abandon des poursuites contre Wagner pour «mutinerie armée».
Il a été établi que les participants à la mutinerie «ont mis fin à leurs actions visant directement à commettre un crime», a indiqué le FSB dans un communiqué. Compte tenu de ce fait et d'"autres circonstances» non précisées, «l'abandon des poursuites a été décidé», a ajouté la même source.
Cette mansuétude – alors que M. Poutine a lui-même reconnu lundi soir que des pilotes de l'armée russe avaient été tués par les mutins – contraste avec l'implacable répression visant opposants et anonymes dénonçant l'offensive militaire en Ukraine.
Pour nombre d'analystes, la rébellion avortée du groupe Wagner a mis en lumière des faiblesses du régime de M. Poutine et de son armée face à des hommes lourdement armés qui ont pris le contrôle de sites militaires et avalé plusieurs centaines de kilomètres en direction de Moscou en une journée.
Signe d'inquiétude, M. Loukachenko a indiqué mardi qu'il avait ordonné à son armée de se tenir «prête au combat» lorsque la rébellion a éclaté.
Certains analystes estiment aussi qu'elle pourrait affaiblir les forces russes en Ukraine et profiter à Kiev dans sa contre-offensive. Malgré le choc suscité, les autorités russes se sont efforcées tout au long de la journée de lundi de donner une image de normalité dans le pays, levant les mesures de sécurité qui avaient été instaurées à Moscou et dans plusieurs régions.