UkraineMoscou annonce un retrait militaire, les Occidentaux prudents
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15.2.2022 - 19:50
Les Occidentaux ont noté mardi un premier signe «positif» mais ont réclamé des «actes», après l'annonce d'un retrait partiel des forces russes déployées autour de l'Ukraine. Celles-ci font craindre depuis des semaines une invasion et une guerre d'ampleur.
Keystone-SDA, br
15.02.2022, 19:50
15.02.2022, 20:22
ATS
Le ministère russe de la Défense a annoncé, avant une rencontre à Moscou entre le chancelier allemand Olaf Scholz et Vladimir Poutine, qu'une partie des 100'000 hommes déployés retournaient dès mardi en garnison, diffusant à cet effet des images de blindés chargés sur un train.
Le président russe a confirmé ce «retrait partiel». La Russie poursuit cependant par ailleurs d'importantes manoeuvres au Bélarus, voisin prorusse de l'Ukraine, jusqu'au 20 février.
Les présidents français Emmanuel Macron et américain Joe Biden ont qualifié cette annonce de «premier signal positif», lors d'un entretien téléphonique, tout en convenant sur la nécessité de «vérifier» ce début de retrait. «Les paroles, c'est bien. Nous attendons les actes», a explicité le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, devant l'Assemblée nationale.
«Dialogue pragmatique»
A Moscou, le chancelier allemand qui rencontrait au Kremlin le président russe Vladimir Poutine a salué «un bon signe», et a estimé qu'il y avait «suffisamment de bases de discussion» avec la Russie «pour que les choses évoluent positivement». Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a de son côté exprimé un «optimisme prudent», tout en disant attendre un «signe de désescalade».
Pour sa part, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a appelé, lors d'un entretien téléphonique mardi, son homologue américain Antony Blinken à un «dialogue pragmatique». Kiev a salué lui l'union de l'Ukraine et de ses alliés occidentaux qui a «empêché toute nouvelle escalade de la part de la Russie».
Vladimir Poutine a pour sa part assuré que «bien sûr» il ne voulait pas d'une guerre, tout en martelant que l'expansion de l'Otan et les ambitions de l'Ukraine de rejoindre l'Alliance constituaient une menace pour la Russie. MM. Poutine et Scholz ont insisté vouloir un processus de négociations sur les questions de sécurité en Europe.
«Le chemin de la négociation»
Les Occidentaux et Moscou doivent trouver un compromis «sans abandonner leurs principes», a relevé M. Scholz. «Nous sommes prêts à aller sur le chemin de la négociation», a dit le maître du Kremlin.
Il a cependant dénoncé le rejet par les Occidentaux de ses principales exigences, à savoir la fin de la politique d'élargissement de l'Alliance, l'engagement à ne pas déployer d'armes offensives à proximité du territoire russe et le retrait d'infrastructures de l'Otan d'Europe de l'Est.
Les Occidentaux ont proposé en échange des pourparlers sur des sujets comme le contrôle des armements, les visites d'installations sensibles ou des discussions sur les craintes russes en matière de sécurité. Pour M. Poutine, ces questions et ses exigences doivent faire partie d'un même «ensemble» de pourparlers.
Cyberattaque
Dans la soirée, l'Ukraine a annoncé que des sites internet du ministère de la Défense et ceux de deux banques publiques avaient été visés par une cyberattaque, les autorités ukrainiennes pointant du doigt «l'agresseur», une expression généralement employée pour désigner la Russie.
Cette annonce s'est produite au terme d'un ballet diplomatique intense de responsables occidentaux, dont le président français Emmanuel Macron, lui-même venu à Moscou et à Kiev au début de la semaine dernière, alors que Washington dénonçait une offensive probablement imminente sur l'Ukraine.
Lundi, les Etats-Unis, jugeant toujours le risque à son maximum, avaient abandonné leur ambassade à Kiev pour l'installer à Lviv, plus à l'ouest. Des dizaines de pays ont exhorté leurs ressortissants à partir d'Ukraine, en dépit d'appels du président ukrainien Volodymyr Zelensky à garder le calme.
Le porte-parole du Kremlin a lui dénoncé une «hystérie sans fondement». La Russie a annexé la Crimée en 2014 et soutient des séparatistes prorusses dans un conflit dans l'est de l'Ukraine depuis huit ans.
Mardi, le Parlement russe a demandé à M. Poutine de reconnaître l'indépendance des territoires sécessionnistes. «Cette reconnaissance serait une claire violation des accords de Minsk», signés sous médiation franco-allemande et prévoyant à terme le retour de ces territoires sous le contrôle de Kiev, a aussitôt averti le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
France et Allemagne tentent de relancer le processus de paix par des discussions avec Moscou et Kiev. Le président ukrainien a lui décrété le 16 février «journée de l'unité», appelant les Ukrainiens à manifester leur patriotisme face à la Russie.