France Marine Le Pen «n'a rien à gagner de la victoire de Trump», selon un politologue

AFP

6.11.2024

Le cheffe de file de l'extrême droite française Marine Le Pen «n'a rien à gagner de la victoire de Donald Trump», ce qui explique sa discrétion dans ses félicitations au nouveau président américain, a indiqué mercredi à l'AFP le politologue spécialiste de l'extrême droite Jean-Yves Camus.

Le RN (Rassemblement national) n'a rien à gagner à le montrer parce que l'image de Donald Trump en France est très mauvaise (archives), selon le politologue Jean-Yves Camus.
Le RN (Rassemblement national) n'a rien à gagner à le montrer parce que l'image de Donald Trump en France est très mauvaise (archives), selon le politologue Jean-Yves Camus.
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La triple candidate à la présidentielle qui, contrairement à 2016 et 2020, n'avait pas fait ouvertement campagne pour Donald Trump, s'est contentée d'adresser ses «voeux de succès» au futur président américain.

«La démocratie américaine s’est clairement exprimée et les Américains se sont donné en toute liberté le président qu’ils ont choisi», a réagi sur X Marine Le Pen.

Pour le politologue, «Marine Le Pen avait donné des consignes de ne pas trop clamer sa proximité avec Trump pendant la campagne par crainte que Donald Trump, encore plus radical et excentrique qu'en 2016 et en 2020, ne nuise à sa propre trajectoire de dédiabolisation».

«Il peut y avoir une jubilation intérieure "les wokistes ont été défaits, la candidate racisée a été défaite" mais le RN (Rassemblement national) n'a rien à gagner à le montrer parce que l'image de Donald Trump en France est très mauvaise», a-t-il souligné.

Pour ses électeurs, «le résultat des élections américaines est un sujet secondaire. Ce qui compte, ça reste le triptyque immigration/pouvoir d'achat/sécurité».

En politique étrangère, «si Marine Le Pen donne l'impression de s'aligner sur les efforts que Donald Trump mènera en politique internationale pour marginaliser l'Europe, résoudre le conflit ukrainien dans le sens de Poutine et quitter la ligne actuelle de l'administration américaine sur un cessez le feu au Moyen-Orient, elle reviendra à sa diabolisation initiale».

«Elle apparaîtra comme un pion et un des soutiens de tous ces partis ouvertement pro-russes, ceux qui en fait travaillent contre leur camp. Elle serait de nouveau ramenée à la case pro-Poutine et pro-Trump alors qu'elle a tout fait pour s'en défaire depuis trois ans».

En outre, Marine Le Pen «n'a pas fait sur les questions sociétales les mêmes choix que ceux qui soutiennent Trump, notamment sur l'avortement. La puissance du lobby pro-vie n'est absolument pas comparable au sein de RN et aux Etats-Unis», a rappelé le politologue.

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