Colère à Mayotte Macron: «C'est pas moi le cyclone! Je ne suis pas responsable!»

ATS

20.12.2024 - 07:16

Emmanuel Macron prolonge vendredi sa visite à Mayotte, dévastée par le cyclone Chido, auprès d'habitants partagés entre exaspération et accablement face à l'énorme travail de reconstruction qui se profile. Il doit se rendre dans un des nombreux bidonvilles de l'archipel.

Une femme regarde une maison détruite à Mamoudzou, Mayotte, jeudi 19 décembre 2024. (AP Photo/Adrienne Surprenant)
Une femme regarde une maison détruite à Mamoudzou, Mayotte, jeudi 19 décembre 2024. (AP Photo/Adrienne Surprenant)
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Keystone-SDA

Jeudi, lors d'une première journée dans le département le plus pauvre de France qui a été ravagé le 14 décembre par le cyclone le plus violent depuis 90 ans, le chef de l'Etat a pu constater l'étendue des dégâts et l'ampleur de la détresse.

«J'ai décidé de dormir ici parce que je considérais que compte tenu ce que vit la population», repartir le jour-même aurait pu «installer l'idée qu'on vient, on regarde, on s'en va», a-t-il expliqué dans la soirée à la presse. «C'est une marque de respect, de considération», a-t-il assuré.

Colère et désespoir

Le président de la République a été confronté pendant de longues heures à l'impatience, la colère et même le désespoir de Mahorais qui ont souvent tout perdu. «Macron démission!», «tu racontes des salades», «de l'eau, de l'eau, de l'eau», lui ont lancé jeudi soir des jeunes et des mères de famille.

N'arrivant pas à détailler les mesures égrénées au fil de la journée, Emmanuel Macron a fini par lâcher: «C'est pas moi le cyclone! Je ne suis pas responsable!».

Vendredi, il devrait s'éloigner du chef-lieu Mamoudzou pour se rendre dans les localités les plus isolées où les secours, l'eau potable, l'électricité et la distribution de vivres prennent plus de temps à arriver.

L'éloignement et l'inaccessibilité sont évoqués parmi les raisons qui compliquent l'établissement d'un bilan précis. Selon des chiffres provisoires, 31 morts et quelque 2500 blessés ont été officiellement recensés. «Il est vraisemblable qu'il y ait beaucoup plus de victimes», a reconnu Emmanuel Macron.

Reconstruction en deux ans?

Il a aussi dit qu'il se rendrait vendredi matin dans un bidonville, où les logements en tôle ont souvent été pulvérisés par le cyclone. Environ un tiers de la population, soit plus de 100'000 habitants, notamment les personnes en situation irrégulière venant des Comores voisines, vivent dans des logements précaires.

«Mettre fin» aux bidonvilles et «supprimer» ces habitats «indignes» et «dangereux», c'est l'un des objectifs de la «loi spéciale» promise par le président pour «rebâtir» Mayotte. Il s'agit de «déroger aux règles», raccourcir les délais et faciliter la construction, à l'instar de ce qui a été fait pour organiser les Jeux olympiques et restaurer Notre-Dame de Paris en cinq ans.

Alors que M. Macron n'a pas fixé de calendrier à ce stade pour la reconstruction, son Premier ministre François Bayrou, depuis Paris, s'est voulu ambitieux. «Il faut se fixer un délai beaucoup plus bref que les cinq années», «peut-être deux ans», a-t-il dit jeudi soir. «J'espère qu'on y arrivera. C'est une tâche surhumaine, immense.»