Longue journée Macron lance ses consultations pour sortir de l'impasse

ATS

23.8.2024 - 11:56

Le président Emmanuel Macron a lancé vendredi ses consultations avec les principales forces politiques françaises en recevant l'opposition de gauche, sa première initiative depuis la trêve des JO pour doter enfin le pays d'un gouvernement.

Le président Emmanuel Macron lance des consultations pour former le prochain gouvernement.
Le président Emmanuel Macron lance des consultations pour former le prochain gouvernement.
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La journée s'annonce longue et tendue pour le chef de l'Etat, contesté jusque dans son propre camp depuis qu'il a décidé seul ou presque, au lendemain d'élections européennes désastreuses, de dissoudre l'Assemblée nationale et de convoquer des législatives, qui ont privé son camp de sa majorité relative.

Démissionnaire, le précédent gouvernement de Gabriel Attal gère les affaires courantes du pays depuis maintenant 38 jours, un record depuis l'après-guerre, alors qu'approchent de cruciales échéances budgétaires.

Pour tenter de sortir de l'impasse, le président a lancé ses consultations aux alentours de 10h30 (08H30 GMT), en recevant à l'Elysée le Nouveau Front populaire (NFP), alliance de circonstance des forces de gauche. (gauche radicale, socialistes, écologistes et communistes), qui ont créé la surprise en conquérant 193 députés, loin toutefois de la majorité absolue (289).

A son arrivée à l'Elysée, leur candidate au poste de Première ministre, la haute fonctionnaire Lucie Castets, a assuré être porteuse d'une «solution de stabilité» pour le pays. «Nous sommes venus rappeler au président l'importance de respecter le résultat des élections et de sortir le pays de la paralysie dans laquelle il est plongé», a-t-elle également lancé.

M. Macron doit enchaîner à 13H00 avec les responsables de son camp, qui compte 166 députés, puis ceux de la droite républicaine.

Deux autres formations plus minoritaires achèveront la journée, avant de nouveaux entretiens lundi avec l'extrême droite du Rassemblement national (RN) et ses alliés (142 députés), les seuls à exclure une coalition et à préparer les prochaines échéances, notamment la présidentielle de 2027.

Ces consultations ont pour but «de savoir dans quelles conditions» les forces politiques peuvent définir une «majorité large», a expliqué l'Élysée jeudi, assurant que le président était «garant des institutions».

«La stabilité», c'est «la capacité pour un gouvernement à ne pas tomber à la première motion de censure déposée», a-t-on insisté de même source.

Un budget début octobre

A gauche, le NFP défend bec et ongles sa candidate et accuse le chef de l'Etat de tergiverser pour éviter une cohabitation avec la gauche.

Force dominante de la coalition, La France insoumise (LFI, gauche radicale) a dénoncé vendredi le «comportement d'autocrate» du chef de l'Etat. «Il doit accepter sa défaite, on a déjà perdu beaucoup trop de temps», a estimé Manuel Bompard, le coordinateur du parti.

La cheffe des Ecologistes Marine Tondelier a, elle, jugé qu'"Emmanuel Macron fait son Gaulois réfractaire» en pratiquant «l'inaction» et «l'obstruction».

Le blocage semble total: M. Macron exclut de nommer Lucie Castets, figure méconnue du grand public. Et le camp présidentiel, la droite et l'extrême droite menacent d'une motion de censure tout gouvernement comprenant des ministres issus de LFI.

Le parti fait figure d'épouvantail, accusé en particulier de complaisance vis-à-vis du mouvement islamiste palestinien Hamas, voire d'antisémitisme.

Et son bouillant et très clivant chef de file, Jean-Luc Mélenchon, a enfoncé un nouveau coin dans l'alliance en menaçant de demander la destitution du chef de l'État.

Si le président campe sur son refus du NFP – la censure d'un gouvernement Castets comprenant des ministres insoumis «est acquise, c'est arithmétique», répète-t-on au sommet de l'exécutif, le flou persiste sur les forces politiques qui seraient en mesure de former un gouvernement.

Au centre, le camp présidentiel n'ose s'avancer. A droite, Les Républicains sont plutôt rétifs à la perspective d'un accord de gouvernement. D'autres sont plus ouverts. Et des noms d'anciens ministres circulent, jusqu'au centre-gauche.

Les joutes politiques, entamées avant les JO, ont repris de plus belle. Avec l'impérieuse nécessité pour le pays d'accoucher, au 1er octobre, d'un budget pour 2025.

La gauche promet une politique de rupture, avec notamment l'augmentation du salaire minimum et l'abrogation de la très impopulaire réforme des retraites.

Mais Gabriel Attal, resté en poste depuis six semaines pour expédier les affaires courantes, a déjà envoyé les lettres plafonds octroyant leurs crédits aux ministères. «Pur scandale», «coup de force», a vociféré le NFP.

ATS