«Je n'arrive pas à le faire partir» L'idylle Musk-Trump peut-elle durer?

AFP

19.11.2024

«Je n'arrive pas à le faire partir (...) mais j'aime bien l'avoir ici»: la plaisanterie du président américain élu Donald Trump à propos du milliardaire Elon Musk, amené à jouer un rôle important dans sa future administration, pourrait être le signe de futures divergences.

Elon Musk a été omniprésent durant la fin de la campagne de Trump.
Elon Musk a été omniprésent durant la fin de la campagne de Trump.
KEYSTONE

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Après avoir été omniprésent durant la fin de la campagne du républicain, l'homme le plus riche du monde est resté dans les parages et a été nommé à la tête d'une commission pour appelée à tailler dans les dépenses publiques.

Mais des différends sur des sujets de fond et les personnalités des deux hommes pourraient faire des remous dans leur idylle naissante.

Personnalités concurrentes

Patron de X, Tesla et SpaceX, Elon Musk est connu pour son obsession pour le travail et revendique un style de management «hardcore». Des usines au conseil d'administration, il n'hésite pas à procéder à des licenciements expéditifs ou à insulter l'intelligence de ses employés en public.

Donald Trump, dont la phrase d'accroche a longtemps été «vous êtes viré» lorsqu'il présentait l'émission The Apprentice, demande de ses proches une loyauté absolue, n'hésitant pas à les monter les uns contre les autres, selon d'anciens conseillers.

Selon le site d'information Axios, une dispute aurait éclaté la semaine dernière entre Elon Musk et Boris Epshteyn, membre de l'équipe de transition.

Samedi, Elon Musk a décidé de tester son influence en soutenant Howard Lutnick, PDG de la banque d'investissement Cantor Fitzgerald, pour le poste de secrétaire du Trésor.

Changement climatique et transition énergétique

Entré au capital de Tesla en 2004 partiellement en raison de ses inquiétudes concernant le réchauffement climatique, Elon Musk avait quitté en 2017 le comité de dirigeants d'entreprise qui conseillaient Donald Trump durant son premier mandat lorsque ce dernier avait retiré les Etats-Unis de l'Accord de Paris.

«Le changement climatique est réel. Quitter (l'Accord de) Paris n'est pas bon pour l'Amérique ou pour le monde», avait-il écrit sur Twitter. Depuis, il a nuancé ses propos, affirmant dans un échange avec Donald Trump diffusé sur X lors de la campagne que «si dans 50-100 ans nous sommes majoritairement durables, je pense que ça sera ok».

Ouvertement climatosceptique, Donald Trump devrait de nouveau retirer son pays de cet accord visant à limiter le réchauffement.

Elon Musk a tiré une partie de sa fortune de la vente de voitures électriques mais il a aussi investi dans le développement de batteries et de panneaux solaires quand Donald Trump mise lui sur le secteur des énergies fossiles, par le passé tourné en dérision par le patron de Tesla.

Donald Trump a nommé au poste de secrétaire à l'Energie Chris Wright, PDG de l'entreprise Liberty, climatosceptique notoire, avec pour feuille de route la dérégulation du secteur pour permettre l'ouverture de nouveaux sites.

Chine

Donald Trump menace d'augmenter drastiquement les droits de douane pour les produits chinois, au risque de provoquer une nouvelle guerre commerciale avec Pékin.

La Chine est un marché majeur pour Tesla, qui y dispose d'une usine gigantesque visant à concurrencer la production nationale de véhicules électriques.

Elon Musk s'est bien gardé jusqu'ici de critiquer les dirigeants chinois, contrairement au futur secrétaire d'Etat nommé par Trump, Marco Rubio.

«Efficacité» gouvernementale

Connu pour tailler sans ménage dans les dépenses de ses propres entreprises, Elon Musk a été chargé de réduire celles de l'Etat fédéral.

Mais réduire les coûts pourrait s'avérer plus facile à dire qu'à faire, certains élus républicains ayant déjà exprimé des réticences à revenir sur des programmes utiles à leur réélection.

Big Tech

Le risque de conflit d'intérêts est grand dans le secteur de la tech, Elon Musk cumulant les rivalités dans la Silicon Valley.

Que se passerait-il en cas de rapprochement entre Donald Trump et OpenAI? Elon Musk a contribué à lancer le spécialiste de l'intelligence artificielle il y a dix ans, mais la rupture a été tumultueuse, aboutissant à la création de sa propre entreprise xAI.

Le milliardaire tolérerait-il des échanges entre le président élu et Jeff Bezos, fondateur d'Amazon mais aussi du concurrent de SpaceX dans le spatial, Blue Origin?

Se tairait-il si le républicain s'attaquait à Facebook pour ses positions anticonservatrices alors qu'il défend corps et âme la liberté d'expression?