France Les ministres prennent leur fonction, le PS hausse le ton

ATS

24.12.2024 - 12:32

Les ministres du gouvernement de François Bayrou ont commencé à prendre leurs fonctions mardi, à la veille de Noël, mais déjà le parti socialiste n'exclut plus de le censurer rapidement au nom d'une trop grande «dépendance» au bon vouloir de l'extrême droite.

Le ministre français de l'Outre-mer sortant, François-Noël Buffet (à droite), accueille le nouveau ministre de l'Outre-mer, Manuel Valls (à gauche), lors de la cérémonie de passation des pouvoirs au ministère français de la Justice à Paris mardi.
Le ministre français de l'Outre-mer sortant, François-Noël Buffet (à droite), accueille le nouveau ministre de l'Outre-mer, Manuel Valls (à gauche), lors de la cérémonie de passation des pouvoirs au ministère français de la Justice à Paris mardi.
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Keystone-SDA

«Je suis persuadé que l'action que je définis devant vous et l'équipe gouvernementale feront que nous ne serons pas censurés», a déclaré lundi le chef centriste quelques heures après la présentation de son gouvernement.

«Aucune des conditions du pacte de non-censure n'a été respectée» dans la composition du nouveau gouvernement, a néanmoins répliqué mardi le chef du PS Olivier Faure, «il n'y a aucune raison d'accorder quoi que ce soit à ce gouvernement».

Le responsable socialiste, qui avait accepté de négocier une sorte de pacte de non-agression avec François Bayrou, a regretté que ses conditions n'aient pas été respectées: «pas de dépendance à l'extrême droite, plus de passage en force au 49.3 et un changement de cap».

Il a précisé que son groupe pourrait voter la censure dès la déclaration de politique générale du Premier ministre le 14 janvier.

«Mal endémique»

Les passations de pouvoirs ont commencé dans les ministères, avant la réunion d'un premier Conseil des ministres après les fêtes, le 3 janvier.

L'ex-Première ministre Elisabeth Borne a pris possession d'un large ministère de l'Education et de la Recherche, non sans lancer un appel très politique à «trouver la voie de la stabilité institutionnelle».

Autre ex-chef de gouvernement, Manuel Valls, aux Outre-mer, sera particulièrement scruté tout comme un autre revenant, Gérald Darmanin, qui occupera le portefeuille de la Justice.

Du côté de Bercy, le nouveau ministre de l'Économie Éric Lombard a pris ses fonctions dès lundi, en remplacement d'Antoine Armand. L'ancien directeur de la Caisse des dépôts et consignations, présenté par François Bayrou comme un homme de gauche, a immédiatement appelé à «traiter notre mal endémique, le déficit».

Il était reçu mardi matin à Matignon, a constaté un journaliste de l'AFP.

Ce sera le premier défi de l'équipe Bayrou: faire passer un budget pour 2025 à l'Assemblée nationale, là même où le 4 décembre son prédécesseur Michel Barnier a été renversé par une motion de censure.

Le nouveau Premier ministre espère que la présence de poids lourds dans son équipe permettra de l'en prémunir. Il n'a pas prévu en tout cas de demander la confiance le 14 janvier à une Assemblée fracturée le 14 janvier.

«Dans la foulée de cette déclaration de politique générale, il y aura une sorte de vote de confiance parce qu'il y aura probablement une motion de censure», a fait valoir le Premier ministre, qui «respecte le fait que des forces politiques n'ont pas envie d'être assimilées contre leur gré à la politique du gouvernement».

La France insoumise (LFI) a d'ores et déjà annoncé son intention de déposer une motion de censure. Mais le Rassemblement national, groupe le plus nombreux à l'Assemblée, a à nouveau répété qu'il ne censurerait pas a priori le nouveau gouvernement.

«Pas besoin»

Mais en termes de poids lourds, au moins deux manquent à l'appel: l'ancien Premier ministre socialiste, Bernard Cazeneuve, qui a décliné, et surtout Xavier Bertrand qui a annoncé lundi une heure avant l'annonce du gouvernement qu'il n'en ferait pas partie «en raison de l'opposition du Rassemblement national».

Il a dénoncé dans un communiqué un gouvernement «formé avec l'aval de Marine Le Pen».

La rumeur, démentie par M. Bayrou, bruisse d'un échange téléphonique entre le Premier ministre et Marine Le Pen dans les derniers réglages de la composition du gouvernement.

«Je ne crois pas, il n'y a pas besoin de cela puisque Marine Le Pen avait été très claire» en disant que Xavier Bertrand, ennemi historique du RN, serait accepté au sein d'un gouvernement mais pas à sa tête, a répondu un de ses bras droit, le député Jean-Philippe Tanguy sur RTL mardi.

De fait, Olivier Faure a condamné dès lundi un gouvernement de «droite extrême» en forme de «provocation». Et a dénoncé le lendemain un Premier ministre qui «a dérivé».

Marine Le Pen a de son côté assuré mardi dans un message vidéo que les Français seraient amenés «bientôt, très bientôt, au pire dans quelques mois» à choisir «une nouvelle voie». Et le président de son parti Jordan Bardella n'a pas mâché ses mots contre la liste gouvernementale: «Heureusement que le ridicule ne tue pas» car «François Bayrou a réuni la coalition de l'échec».

Pour La France insoumise, Mathilde Panot a critiqué une équipe remplie «de gens désavoués dans les urnes et qui ont contribué à couler notre pays».

Du côté des Républicains (LR), qui demeurent au gouvernement, Laurent Wauquiez a évoqué un soutien «très exigeant» à François Bayrou qui pourrait être «retiré» en fonction du cap affiché.

L'équipe gouvernementale compte 35 membres, légèrement plus resserrée que celle de Michel Barnier (42) et quasiment paritaire avec 18 femmes et 17 hommes. Et marquée par une certaine continuité avec 19 ministres qui sont conservés.