Le temps presse Quelles seraient les conséquences d'un «shutdown» aux Etats-Unis?

ATS

20.12.2024 - 07:07

Si le Congrès américain ne parvient pas à trouver un accord budgétaire avant vendredi minuit (06h00 suisses samedi), l'Etat fédéral serait paralysé. Le pays connaîtra un «shutdown» partiel, c'est-à-dire la fermeture de certains services publics, qui perturbera le fonctionnement de nombreux secteurs.

Le président de la Chambre des représentants, Mike Johnson, s'adresse aux médias alors que la Chambre des représentants vote sur un plan républicain visant à éviter une fermeture du gouvernement au Capitole des États-Unis à Washington, DC, États-Unis, le 19 décembre 2024. EPA/SHAWN THEW
Le président de la Chambre des représentants, Mike Johnson, s'adresse aux médias alors que la Chambre des représentants vote sur un plan républicain visant à éviter une fermeture du gouvernement au Capitole des États-Unis à Washington, DC, États-Unis, le 19 décembre 2024. EPA/SHAWN THEW
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Qui sera concerné?

Sans accord, de nombreux fonctionnaires se retrouveront au chômage technique, soit «875'000 travailleurs» selon Shai Akabas, expert au Bipartisan Policy Center de Washington.

Et «1,4 million» de personnes «continueraient de travailler car ils sont considérés comme assurant des services essentiels», tels que le contrôle du trafic aérien et le maintien de l'ordre. Les fonctionnaires recevront leur salaire à l'issue du «shutdown», selon Bernard Yaros, d'Oxford Economics.

Un shutdown «obligerait des centaines de milliers d'employés fédéraux, (...) à travailler pendant la période des fêtes sans toucher de salaire», a prévenu le syndicat des employés du gouvernement fédéral (AFGE) dans un communiqué publié jeudi.

«Cela peut entraîner des perturbations financières majeures pour les ménages dont l'un des membres travaille pour le gouvernement fédéral», a avancé M. Akabas.

Lors des paralysies de 2013 et début 2018, «environ 850'000 des 2,1 millions d'employés fédéraux (hors service postal) ont été mis au chômage technique», rappelle de son côté le Comité pour un budget fédéral responsable (CFRB), une organisation bipartisane.

Quelles conséquences?

Chaque ministère ou agence établit son propre plan en cas de «shutdown» mais les services essentiels – comme la protection des frontières, les soins médicaux hospitaliers, le maintien de l'ordre ou encore la maintenance du réseau électrique – continuent de fonctionner.

Les fois précédentes, les dépenses liées aux retraites ainsi qu'à la santé des personnes à bas revenus et âgées (programmes Medicare et Medicaid) avaient également été maintenues, mais les demandes d'inscriptions avaient été repoussées, souligne le CFRB.

Les parcs nationaux pourraient eux aussi être touchés, les «rangers» qui s'en occupent étant des fonctionnaires fédéraux. En 2013, plus de 400 parcs avaient été fermés dans le pays, et la perte de recettes évaluée à 500 millions de dollars. En 2018-2019, toutefois, la majorité des parcs étaient restés ouverts, sans toutefois offrir de services aux visiteurs, mais des dommages avaient été signalés et les poubelles y débordaient.

Pour combien de temps?

La durée d'un éventuel «shutdown» reste pour le moment méconnue, mais Bernard Yaros estime qu'il pourrait s'étendre jusqu'à deux semaines, soit une période de paie habituelle aux Etats-Unis.

«La pression en faveur de la reprise des activités du gouvernement s'accentuerait rapidement, les employés fédéraux perdant leur salaire et s'inquiétant de ne pas pouvoir en recevoir un autre», a-t-il ajouté.

Le «shutdown» le plus long de l'histoire des Etats-Unis a duré 34 jours, en décembre 2018 et janvier 2019, sous la présidence de Donald Trump.

Quel impact économique?

«Il a été démontré que les 'shutdown' ont un impact sur l'économie américaine, réduisant la croissance d'environ 0,2 point de pourcentage une fois que les effets sur le secteur privé sont pris en compte, a expliqué Thibault Denamiel, chercheur au groupe de réflexion américain Center for strategic and international studies (CSIS).

«Le simple fait de devoir se préparer à un 'shutdown' entraîne des coûts», notamment pour «le contribuable», a souligné Shai Akabas. Les marchés ne sont généralement pas durement touchés par un «shutdown», mais les analystes pourraient se demander s'il s'agit d'un signal avant-coureur de la nouvelle administration, a ajouté David Wessel, de Brookings Institution.