Bolivie Les confrontations se poursuivent en Bolivie

ATS

18.11.2019 - 23:34

Les partisans de l'ex-président de gauche bolivien Evo Morales manifestaient et bloquaient des routes lundi pour exiger le départ de la présidente par intérim de droite.
Les partisans de l'ex-président de gauche bolivien Evo Morales manifestaient et bloquaient des routes lundi pour exiger le départ de la présidente par intérim de droite.
Source: KEYSTONE/EPA EFE/RODRIGO SURA

Les partisans de l'ex-président de gauche bolivien Evo Morales manifestaient et bloquaient des routes lundi pour exiger le départ de la présidente par intérim de droite. L'influente Eglise catholique a elle appelé au «dialogue» pour pacifier le pays sud-américain.

Aux cris de «Jeanine Añez démission!«, ils étaient plusieurs milliers à défiler dans le calme à La Paz pour exiger le départ de celle qui a pris les rênes du pays andin la semaine dernière, 48 heures après la démission d'Evo Morales.

Amérindiens, comme Evo Morales, dans leur immense majorité, certains brandissaient la «Wiphala», la bannière multicolore des indigènes andins. Selon eux , la démission de leur champion a été un «coup d'Etat».

«Respectez la vie! Non aux balles», pouvait-on lire sur une pancarte, en référence à la mort vendredi de neuf cultivateurs de coca près de Cochabamba (centre), le fief d'Evo Morales, lors de heurts avec la police et l'armée. «Nos fils meurent. Nous exigeons que justice soit faite!«, a dit à l'AFP Angelina Charka, vêtue de la «pollera», l'ample jupe traditionnelle des Amérindiennes.

Des élections «très vite»

Au moins 23 personnes ont trouvé la mort dans des violences en un mois de convulsions, selon la Commission interaméricaine des droits de l'homme. Les premières manifestations à secouer la Bolivie ont eu lieu fin octobre à l'initiative de l'opposition. Elle accusait alors Evo Morales de «fraude» lors de la présidentielle du 20 octobre qu'il assurait, lui, avoir remportée dès le premier tour.

Acculé, lâché par l'armée, il a jeté l'éponge il y a huit jours et est parti en exil au Mexique. Ses partisans ont alors organisé des manifestations qui ont parfois donné lieu à des heurts avec les forces de l'ordre.

Pour tenter de calmer le jeu, Jeanine Añez a promis dimanche soir qu'elle convoquerait «très vite» des élections présidentielle et législatives «transparentes».

«Dialoguer» pour «pacifier»

De son côté, l'influente Eglise catholique de Bolivie a convié le gouvernement intérimaire, tous les partis et la société civile à un «dialogue» dans l'après-midi. «Le dialogue est le chemin le plus approprié pour surmonter les différences entre Boliviens», a déclaré le secrétaire général de la Conférence épiscopale de Bolivie, Mgr Aurelio Pesoa.

En Bolivie, 75% des habitants se disent catholiques, selon sondage du quotidien Pagina Siete paru en septembre.

Le nouveau ministre de l'Intérieur Arturo Murillo a tendu un peu plus le jeu politique en affirmant, sans apporter de preuves, qu'«un groupe criminel veut s'en prendre à la présidente». «Au lieu de pacifier», s'est indigné sur Twitter Evo Morales depuis son exil mexicain, les nouvelles autorités «ordonnent de diffamer et de réprimer nos frères qui dénoncent le coup d'Etat».

Négociations

Le parti du premier président indigène de Bolivie, le MAS (Mouvement vers le socialisme), qui a la majorité dans les deux chambres du Parlement, a proposé à des groupes parlementaires minoritaires une réunion lundi pour «travailler, dialoguer, débattre au sujet de la situation politique» et ainsi «pacifier» le pays, a expliqué la députée Betty Yañiquez.

Le gouvernement de Mme Añez doit négocier avec le MAS pour organiser les scrutins présidentiel et législatif. Car, selon la Constitution, le Congrès doit désigner six des sept membres du Tribunal suprême électoral. Et les précédents magistrats de l'organe électoral ont été arrêtés pour «irrégularités» lors de la présidentielle.

Les invitations au dialogue et la perspective d'élections prochaines n'ont en rien éteint la fronde des partisans d'Evo Morales.

Pénuries dans les stations-service

Six syndicats de «cocaleros» (cultivateurs et récoltants de coca) de Chapare, près du fief d'Evo Morales ont donné 48 heures samedi soir à Mme Añez pour démissionner. Ils ont aussi exigé du pouvoir législatif qu'il approuve une loi «qui garantisse la tenue d'élections nationales d'ici à 90 jours».

Pour se faire entendre, certains manifestants bloquent les routes qui mènent de La Paz (800'000 habitants) aux régions agricoles qui nourrissent la capitale administrative. A El Alto, ville-jumelle de La Paz, ils bloquent la raffinerie de Senkata, provoquant des pénuries dans les stations-service.

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