Election dimancheLe président du Belarus Loukachenko vise encore un 7e mandat
ATS
23.1.2025 - 07:43
Les Biélorusses sont appelés aux urnes dimanche pour un scrutin voué à réélire le président sortant Alexandre Loukachenko. En 30 ans au pouvoir, l'homme de 70 ans a éliminé toute forme d'opposition et aligné son pays sur Moscou, jusqu'à faciliter l'invasion de l'Ukraine.
Keystone-SDA
23.01.2025, 07:43
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Avec cette présidentielle, M. Loukachenko entend s'offrir un septième mandat de cinq ans à la tête de cette ex-république soviétique frontalière de l'Union européenne, de l'Ukraine et de la Russie.
Ses détracteurs et des ONG de défense des droits fondamentaux ont qualifié cette élection de mise en scène. Des députés du Parlement européen ont, eux, appelé à ne pas en reconnaître les résultats, d'autant que le précédent scrutin, en 2020, avait été suivi de la répression sans merci d'un mouvement de contestation historique.
Dans un entretien à l'AFP, au début janvier, Svetlana Tikhanovskaïa, cheffe de file de l'opposition en exil et candidate face à M. Loukachenko en 2020, a dénoncé un «simulacre» d'élection dans un climat de terreur.
Satellite du Kremlin
Depuis 1994, M. Loukachenko a écrasé plusieurs vagues de protestations. La dernière et la plus sérieuse a duré des mois à partir d'août 2020, lorsque des dizaines de milliers de Biélorusses dénonçaient dans la rue une présidentielle truquée.
Soutenu par son allié, le président russe Vladimir Poutine, M. Loukachenko, un temps fragilisé, a réussi à consolider son pouvoir à coups d'arrestations, de violences et de longues peines de prison visant opposants, journalistes, employés d'ONG et simples manifestants.
Selon l'ONU, plus de 300'000 Bélarusses, sur une population de neuf millions, ont fui leur pays pour des raisons politiques, principalement vers la Pologne.
Pour punir cette répression, les Occidentaux ont imposé de lourdes sanctions au Belarus, conduisant Alexandre Loukachenko à accélérer son rapprochement avec le Kremlin, abandonnant son jeu d'équilibriste entre Moscou et l'Occident.
Illustration de cette alliance, le territoire biélorusse a servi de base arrière aux forces russes en février 2022 pour envahir l'Ukraine. Et Moscou y a déployé en été 2023 des armes nucléaires tactiques, une menace pour Kiev mais également les membres de l'OTAN bordant la Biélorussie (Lituanie, Lettonie, Pologne).
Narratif sécuritaire
Dans de récentes déclarations, M. Loukachenko, personnage haut en couleur qui aime s'afficher en uniforme, au volant d'un tracteur ou une arme a la main, s'est posé en rempart face au chaos de la guerre en Ukraine.
Son service de presse a publié en janvier un livre, «Notre président», le montrant comme un dirigeant aimant et responsable. On y voit une photographie de lui tenant un fusil mitrailleur et prise lors des protestations de 2020.
Autre habitude: ce moustachu à la carrure imposante aime faire la tournée des usines. Cet ancien directeur de ferme collective, connu aussi pour son style machiste assumé, se félicite d'avoir maintenu une économie dirigiste, la majorité des industries et exploitations agricoles restant contrôlée par l'Etat.
Lors d'une récente visite, il a déclaré n'avoir aucun intérêt à participer à des débats électoraux: «Ce n'est pas le moment de débattre», a-t-il dit, alors que quatre candidats sans envergure ont été choisis pour se présenter face à lui.
«Prochaine génération»
Au début janvier, lors d'un sermon dans une église, il a aussi appelé à préparer «la prochaine génération» à gouverner le Belarus. L'un de ses trois fils, Nikolaï, a longtemps été perçu comme un potentiel successeur.
Les organisations de défense des droits fondamentaux estiment que le pays compte toujours plus de 1000 prisonniers politiques détenus dans des conditions difficiles, souvent privés d'accès à des avocats ou de contact avec leurs proches.
Svetlana Tikhanovskaïa, dont le propre mari, Sergueï Tikhanovski, est emprisonné et interdit de correspondance, a appelé néanmoins les Biélorusses à ne pas manifester lors du scrutin, jugeant la répression encore trop forte.
«Ce moment viendra, c'est certain, et les gens doivent rester prêts à agir» lorsque l'opportunité se présentera, a-t-elle insisté auprès de l'AFP. Elle a évoqué plusieurs hypothèses pouvant faire vaciller le pouvoir: une défaite de Moscou en Ukraine, des turbulences économiques, un coup d'Etat ou encore de problèmes de santé de M. Loukachenko.