«Garder la tête froide»Le Canada et le Mexique cherchent une parade aux menaces de Trump
ATS
21.1.2025 - 21:10
Promesse d'une riposte ferme, appel à garder «la tête froide»: les voisins des Etats-Unis, le Canada et le Mexique, cherchent une parade aux pressions commerciales de Donald Trump, qui menacent de faire tanguer leurs économies.
Keystone-SDA
21.01.2025, 21:10
ATS
Cela fait des semaines que le président américain a annoncé son intention d'imposer des droits de douane de 25% à ses voisins en dépit de l'accord commercial qui les lie.
Pour son retour lundi à la Maison Blanche, sans tenir compte de leurs protestations, il a prévenu que ce serait fait dès le 1er février.
Dans la foulée mardi, le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a promis une «riposte» ferme et rapide si les Etats-Unis imposent leurs tarifs douaniers. Mais il n'a pas dans l'immédiat donné de détails sur les mesures de représailles envisagées.
«Tout est sur la table et je soutiens le principe de droits de douane équivalents au dollar près», a déclaré lors d'une conférence de presse M. Trudeau, reconnaissant que cela «aura un coût pour les Canadiens».
L'imposition de droits de douane supplémentaires déclencherait selon des économistes une profonde récession dans le pays, dont 75% des biens et services exportés partent vers les Etats-Unis.
Des centaines de milliers d'emplois canadiens sont en jeu et, selon un scenario de la Chambre de commerce du Canada, une hausse américaine des droits de douane suivie d'une riposte du Canada sur les importations américaines pourrait faire chuter le PIB canadien de 2,6%, alors que le PIB américain encaisserait un recul de 1,6.%.
Au sud des Etats-Unis, la présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, a de son côté appelé à «rester calme» et à «garder la tête froide» face à Donald Trump.
Le Mexique est devenu en 2023 le premier partenaire commercial des Etats-Unis, devant la Chine. Cette année-là, le déficit commercial américain a atteint 150 milliards de dollars.
Fentanyl
«Nous devons nous référer aux décrets», a ajouté la présidente mexicaine. «Pour l'instant, ce que le président Donald Trump a signé, c'est que l'accord commercial continue, qu'ils ouvrent des consultations pour la révision qui aura lieu en 2026».
Cet accord de libre-échange Canada-Etats-Unis-Mexique (USMCA), signé en 2018 pendant le premier mandat de Trump, protège théoriquement le Mexique et le Canada. Le président américain avait lui-même estimé à l'époque qu'il s'agissait du «meilleur et du plus important accord commercial jamais signé par les Etats-Unis».
Il prévoit également un dispositif de révision potentielle, prévue pour 2026, et qui permettrait aux trois Etats d'adapter l'accord commercial, alors que les conflits entre les signataires se sont multipliés ces dernières années, concernant par exemple le maïs transgénique américain, les produits laitiers canadiens ou les pièces automobiles.
Donald Trump a justifié lundi l'imposition de droits de douane parce que le Mexique et le Canada «laissent un grand nombre de personnes (...) entrer (sur le sol américain), et beaucoup de fentanyl aussi», en référence à cet opioïde responsable d'une immense crise sanitaire aux Etats-Unis.
Si les sociétés étrangères veulent échapper aux barrières douanières américaines, «la seule chose qu'elles puissent faire, c'est de construire des usines aux Etats-Unis et d'embaucher des Américains avec de très bons salaires», a déclaré Howard Lutnick, pressenti comme futur secrétaire d'Etat au Commerce.
Le Premier ministre canadien, qui a présenté sa démission début janvier, mais dont le remplaçant ne sera connu que le 9 mars prochain, espère toujours convaincre l'administration Trump de ne pas imposer de droits de douane. «C'est un moment crucial pour le Canada et les Canadiens», a-t-il estimé.