PrésidentielleLa Russie jugera Trump sur ses «actes», en particulier sur le soutien à l'Ukraine
AFP
6.11.2024
Moscou jugera Donald Trump sur ses «actes», en particulier concernant l'éventuelle diminution du soutien américain à l'Ukraine. Un espoir caressé par certains Russes mercredi après la victoire du milliardaire à la présidentielle américaine.
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06.11.2024, 13:45
Marjorie Kublun
«Nous avons répété à maintes reprises que les États-Unis étaient en mesure de permettre la fin de ce conflit» et Donald Trump sera jugé «sur des actes concrets», a relevé le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.
Selon lui, ce sont les Etats-Unis qui «alimentent ce conflit» car ils fournissent armes et argent à l'Ukraine depuis que la Russie s'est lancée à l'assaut de ce pays voisin le 24 février 2022.
Le président sortant, Joe Biden, a été le principal soutien des Ukrainiens, notamment via des livraisons massives d'armements, leur permettant de résister à une armée russe bien plus puissante.
Donald Trump, qui sera investi le 6 janvier, n'a cessé pendant la campagne électorale de dénoncer les montants faramineux débloqués par Washington et a promis d'imposer la paix «en 24 heures» pour mettre fin aux combats déclenchés par le président russe Vladimir Poutine.
«Aucune illusion»
L'Ukraine et les chancelleries européennes craignent que Donald Trump ne force Kiev à négocier avec la Russie dans des conditions très favorables à Moscou.
«Il est pratiquement impossible que les relations se détériorent davantage» avec les Etats-Unis, «elles sont à leur plus bas niveau historique. S'agissant de ce qu'il adviendra, tout dépendra des dirigeants américains», a encore dit Dmitri Peskov, ajoutant que Vladimir Poutine n'avait pas prévu de féliciter Donald Trump : «N'oublions pas que nous parlons d'un pays hostile qui est directement et indirectement impliqué dans une guerre contre notre Etat».
De son côté, la diplomatie russe s'est dit prête à travailler avec le nouveau gouvernement américain, tout en soulignant que la Russie ne nourrit «aucune illusion» sur Trump et qu'elle poursuivra tous ses objectifs en Russie.
Il y a deux semaines, au cours de la conférence de presse de clôture du sommet des Brics à Kazan, en Russie, Vladimir Poutine avait relevé que Donald Trump avait eu des propos «sincères» en déclarant «vouloir tout faire pour mettre fin au conflit en Ukraine».
«L'évolution des relations russo-américaines après l'élection dépendra des Etats-Unis. S'ils sont ouverts, nous le serons aussi», avait-il ajouté.
«Moins d'aide à l'Ukraine»
A Moscou mercredi, parmi les rares badauds acceptant de s'exprimer sur l'élection américaine, certains affichaient l'espoir prudent que la victoire de Donald Trump permette de mettre fin au conflit.
Alexandre, un ingénieur de 48 ans qui ne donne pas son nom de famille, est convaincu que le Républicain ne poursuivra pas «la politique actuelle» des États-Unis. «Je pense que (Trump), c'est un homme fort et une personnalité charismatique», «quelque chose va changer», commente-t-il, interrogé dans le centre de la capitale russe.
Evguéni, un étudiant de 19 ans, pense qu'"il y aura moins d'aide à l'Ukraine".
«J'espère qu'avec l'arrivée de Trump, la situation politique dans le monde et chez nous, avec notre conflit (en Ukraine), va changer», renchérit Sergueï, un étudiant en architecture de 18 ans.
Nombre d'autres Russes interrogés à Moscou assurent que «rien ne changera» ou répondent «ne pas s’intéresser» à la présidentielle aux États-Unis.
Toute marque d'opposition à l'assaut en Ukraine ou tout «discrédit» de l'armée russe sont sévèrement réprimés en Russie et des milliers de personnes ont été sanctionnées, menacées ou emprisonnées pour ces motifs.
Pour de nombreux Russes, quel que soit le locataire de la Maison Blanche, il s'agira d'un adversaire de la Russie.
«Kamala (Harris) ou Trump, c'est la même chose. Ils n'aiment pas les Russes», lance Evguéni, un sculpteur de 70 ans.
«Il ne faut pas avoir d'attentes excessives. Il me semble que la politique des États-Unis ne changera pas radicalement», renchérit Valentina Matvienko, la présidente de la chambre haute du Parlement et fervente partisane de Vladimir Poutine.