InquiétantLa fièvre Ebola fait son retour en Afrique de l'Ouest
ATS
14.2.2021 - 17:17
L'Afrique de l'Ouest est à nouveau confrontée à une épidémie de fièvre hémorragique Ebola. Sept cas, dont trois mortels étaient recensés dimanche dans le sud-est de la Guinée. La pire épidémie de l'histoire du virus (2013-2016) était partie de cette région.
Conakry et l'OMS s'estiment toutefois mieux armées qu'il y cinq ans, grâce notamment aux progrès de la vaccination, pour faire face à cette maladie virale apparue pour la première fois en 1976 dans l'actuelle République démocratique du Congo (RDC), où elle sévit encore régulièrement.
Au Liberia, pays voisin de la Guinée, où aucun cas n'a été signalé, le président George Weah a immédiatement ordonné le renforcement de la vigilance et la sensibilisation des populations, en particulier le long de la frontière.
Les sept nouveaux cas, dont trois mortels, sont apparus dans la région de Guinée forestière, près du Liberia. Des tests effectués à Conakry ont confirmé dimanche qu'il s'agissait bien d'Ebola.
«Cela met la Guinée en situation d'épidémie Ebola», a annoncé dimanche le patron de l'agence sanitaire guinéenne (ANSS), le Dr Sakoba Keïta, à l'issue d'une réunion d'urgence.
Rites funéraires
Selon lui, une infirmière est décédée fin janvier à Gouecké, près de la capitale régionale Nzérékoré, et «plusieurs personnes ayant pris part à son enterrement ont, quelques jours après, commencé à avoir des manifestations de diarrhées, de vomissements, de saignements et de fièvre».
C'est également de cette région, située à plus de 800 km de Conakry par la route, qu'était partie la pire épidémie de l'histoire du virus, qui avait fait plus de 11'300 morts entre 2013 et 2016, principalement en Guinée, en Sierra Leone et au Liberia. La Guinée avait elle-même été sévèrement éprouvée, avec plus 2500 morts.
Les nouveaux patients ont été isolés et des centres de prise en charge «réactivés» à Nzérékoré et à Conakry. Une «mission d'investigation» va «délimiter la zone incriminée et déterminer les villages de toutes les personnes qui ont pris part à la cérémonie d'inhumation de cette première victime afin d'identifier les contacts et les isoler», a expliqué le patron de l'ANSS.
Il faudra aussi déterminer l'origine de cette résurgence, qui pourrait provenir d'un «malade anciennement guéri dont la maladie s'est réveillée» ou d'une transmission par des «animaux sauvages, notamment les chauves-souris», a souligné le Dr Keïta.
«La situation par rapport à 2014 est très différente, puisqu'à l'époque, on avait mis 3,5 mois pour le diagnostic, alors que cette fois-ci on a mis moins de deux semaines», a-t-il relevé.
«Arme fatale»
«Sans compter que le vaccin aussi existe et est à portée de main à Genève», le siège de l'OMS. «Nous allons utiliser notre arme fatale qu'est la vaccination», a-t-il lancé.
L'OMS va déployer «rapidement» des moyens et faire en sorte que des doses de vaccins nécessaires soient «mises à disposition le plus rapidement possible pour aider à cette riposte», a affirmé son représentant à Conakry, le professeur Alfred George Ki-Zerbo.
Le bilan de la précédente épidémie en Afrique de l'Ouest, bien que sous-évalué de l'aveu même de l'OMS, est sept fois supérieur en nombre de morts à celui cumulé de toutes les précédentes épidémies d'Ebola depuis son apparition 1976.
La deuxième plus grave épidémie d'Ebola, la dixième enregistrée en RDC, s'était déclarée en août 2018 dans l'Est du pays. Elle s'est officiellement achevée en juin 2020, avec un bilan de 3481 cas et 2299 décès, selon l'OMS. Kinshasa a annoncé début février une nouvelle «résurgence», qui a fait au moins deux victimes.
Pays pauvre malgré d'importantes ressources naturelles, la Guinée reste en proie à des de profondes divisions causées par l'élection pour un troisième mandat controversé en octobre dernier de son président Alpha Condé et par des arrestations d'opposants.