Pour des motifs douteuxL'ONU mentionne plus de 350 arrestations en Birmanie
sn, ats
12.2.2021 - 10:25
Plus de 350 responsables politiques, activistes et citoyens ont été arrêtés dans le cadre du coup d'Etat militaire en Birmanie, selon l'ONU. «Plusieurs sont accusés de motifs douteux», a estimé vendredi à Genève la Haute commissaire adjointe aux droits de l'homme.
«Certains sont toujours portés disparus», a affirmé Nada al-Nashif au début d'une session spéciale du Conseil des droits de l'homme après le coup d'Etat. La plupart n'ont pas accès à un avocat. La communauté internationale regarde la Birmanie, a aussi dit la Haute commissaire adjointe. Le recours indiscriminé à des armes létales contre les manifestants pacifiques «est inacceptable».
Selon elle, l'attitude des militaires, déjà condamnée à de nombreuses reprises par l'ONU, expose le pays à de possibles «larges sanctions» qui, ajoutées à la pandémie, détérioreront encore la situation économique. Et d'appeler plutôt à des actions ciblées sur les responsables.
Quelques heures auparavant, les dirigeants militaires emmenés par Min Aung Hlaing avaient relâché plus de 23'000 prisonniers. Mais ce dispositif est mené régulièrement pour vider les centres de détention surchargés du pays, sans lien avec les arrestations liées au coup d'Etat.
Les membres devront se prononcer dans l'après-midi sur un projet de résolution, lors de cette réunion soutenue par la Suisse. Celui-ci va un peu plus loin que la déclaration approuvée il y a une dizaine de jours par le Conseil de sécurité de l'ONU à New York. Il «déplore fortement» le coup d'Etat, là où l'organe exécutif onusien avait été incapable de trouver un consensus, et appelle au rétablissement du gouvernement démocratiquement élu.
Pas de nouveau mécanisme
Il faudra voir si la Chine et la Russie demandent un vote pour bloquer, comme à New York, toute condamnation. La volonté est d'atteindre un consensus, selon un diplomate européen.
Comme le Conseil de sécurité, le projet demande aussi la libération des personnes détenues arbitrairement, dont la cheffe du gouvernement Aung San Suu Kyi et le président Win Myint. Il appelle les forces de sécurité à la retenue, à garantir les libertés fondamentales et à lever toute restriction sur Internet.
En revanche, il ne prévoit aucun nouveau mécanisme de surveillance des droits de l'homme. La Haute-Commissaire Michelle Bachelet devra rendre un rapport d'ici fin septembre et le rapporteur spécial Tom Andrews fera une évaluation lors de la session du Conseil qui démarre dans dix jours. Jeudi, le chef du Mécanisme international d'investigations sur la Birmanie avait également dit suivre la situation.
Son dispositif, chargé de collecter des preuves et de préparer des dossiers criminels pour d'éventuels procès sur les violations des droits de l'homme, avait été lancé après le massacre des Rohingyas, considéré par des acteurs onusiens comme un génocide. Pas prévu pour se prononcer sur des questions constitutionnelles ni sur des élections, il évaluera aussi l'impact du coup d'Etat sur les droits de l'homme.