Troisième vague L'Allemagne se prépare à un nouveau tour de vis sur le Covid-19

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21.3.2021 - 17:22

Les autorités allemandes s'apprêtent lundi à donner un nouveau tour de vis pour contrer la troisième vague de Covid, au risque de plonger un peu plus le pays dans le marasme et de nourrir la grogne. Les restrictions pourraient être prolongées jusqu'en avril.

En trois semaines, la donne a complètement changé en Allemagne, «bonne élève» européenne de la gestion pandémique au printemps dernier et désormais menacée d'être submergée par une troisième vague.
En trois semaines, la donne a complètement changé en Allemagne, «bonne élève» européenne de la gestion pandémique au printemps dernier et désormais menacée d'être submergée par une troisième vague.
KEYSTONE/EPA/Omer Messinger / POOLE

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Angela Merkel et les régions allemandes se retrouvent à cette occasion pour une nouvelle réunion sur la stratégie anti-pandémie. Mais alors qu'elle devait être consacrée il y a quelques semaines encore à relâcher la pression, l'ordre du jour a complètement changé face à la propagation du variant britannique du virus.

Dans un document préparatoire à la rencontre, rédigé par plusieurs Etats régionaux et obtenu dimanche par l'AFP, il est demandé que toutes les restrictions et fermetures en vigueur dans le pays, en théorie jusqu'à fin mars, soient «prolongées» en avril. La date exacte devant être déterminée lundi.

Le document parle d'une «dynamique exponentielle» des infections.

Freinage d'urgence

Cette prolongation paraît désormais acquise car la chancelière s'est elle-même déjà prononcée en ce sens.

Le taux d'incidence national est en effet passé dimanche au-dessus du seuil symbolique de 100 (à 103,9), qui déclenche des «freins d'urgences», à savoir de nouvelles restrictions au niveau local.

«Nous allons malheureusement devoir utiliser ces freins», a prévenu vendredi Angela Merkel.

En trois semaines, la donne a complètement changé en Allemagne, «bonne élève» européenne de la gestion pandémique au printemps dernier et désormais menacée d'être submergée par une troisième vague.

Les réouvertures envisagées le 4 avril dans la restauration en plein air ou de lieux culturels et sportifs notamment, paraissent très lointaines.

Retour en arrière

Sans attendre, la ville de Hambourg, a décidé vendredi de revenir sur les assouplissements décidés début mars et les réouvertures annoncées de zoos, musées ou de certains commerces.

Et le président de l'association nationale des enseignants a dit dimanche dans le quotidien Bild craindre «que nous ne pourrons garder les écoles ouvertes durant la troisième vague».

«Il est tout à fait possible que nous ayons à Pâques une situation similaire à celle que nous avons connue avant Noël, avec un nombre très élevé de cas, de nombreux cas graves et de décès, et des hôpitaux débordés», a aussi mis en garde Lars Schaade, de l'institut de veille sanitaire RKI.

L'Allemagne tablait sur la montée en puissance de sa campagne de vaccination pour freiner cette dynamique. Mais elle compte parmi les pays européens les plus lents en la matière.

120'000 magasins menacés

«Une analyse honnête de la situation montre qu'il n'y a pas encore assez de vaccins en Europe pour arrêter la troisième vague par la seule vaccination», admet aussi le ministre de la Santé, Jens Spahn.

C'est lorsque les groupes à risques seront vaccinés «que nous pourrons parler d'ouvertures plus larges de la société», prévient-il.

«Vous pouvez le tourner comme vous voulez, nous devons revenir au verrouillage», assène Karl Lauterbach, expert sanitaire du parti social-démocrate.

Comme ailleurs en Europe, l'usure de la population et des secteurs économique et culturel se fait sentir un an après les premières fermetures provoquées par la pandémie.

Si les fermetures d'une grande partie des magasins perdurent, quelque 120'000 d'entre eux pourraient ainsi disparaître, estime l'Association allemande du commerce de détail.

Appel à l'aide de la culture

Le monde de la culture appelle lui aussi à l'aide ou tente de proposer des protocoles permettant de rouvrir des lieux. Une dizaine de grandes scènes berlinoises ont ainsi entamé vendredi un projet-pilote permettant de faire des représentations devant un public préalablement testé.

La popularité de la chancelière et surtout de son parti conservateur, plombé par des scandales d'enrichissement de députés grâce à des achats de masques, en pâtit.

Achat de masques controversé

Le gouvernement d'Angela Merkel fait face dimanche à de nouvelles révélations de presse concernant l'achat controversé de masques anti-Covid et impliquant cette fois son ministre de la Santé, déjà au centre des critiques pour sa gestion de la pandémie.

Le ministre conservateur Jens Spahn a fait acheter par ses services au printemps 2020, lors de la première vague de la pandémie, des centaines de milliers de masques via le groupe de média allemand Burda pour lequel travaille son mari Daniel Funke, selon des documents du ministère transmis à la chambre des députés, rapporte l'hebdomadaire Der Spiegel.

La commande passée de 570'000 masques FFP2 par le ministère «pourrait engendrer des conflits d'intérêts» du fait que le mari du ministre «travaille comme lobbyiste et directeur de bureau de représentation de Burda à Berlin», écrit l'hebdomadaire.

Interrogé par l'AFP, le ministère rejeté ces soupçons. Le contrat «a été conclu et traité après réception de l'offre en utilisant une procédure standardisée au prix du marché», a assuré un porte-parole.

L'époux du ministre n'a «jamais été informé ni impliqué dans la transaction» et «aucune commission n'a été payée», a ajouté Burda dans le Spiegel.

A raison de 1,73 dollar (1,60 euro) facturé par masque, le ministère a au final réglé 909'000 euros à Burda, qui avait avancé la somme à un fournisseur en Chine. L'éditeur de presse allemand a indiqué avoir transmis l'intégralité de la somme au fournisseur asiatique.

Même si le ministre ou son mari ne sont pas ici accusés de s'être enrichis, cette affaire survient néanmoins à un moment sensible.

Commissions perçues

Le parti démocrate-chrétien CDU du ministre et de la chancelière Angela Merkel, ainsi que leur camp conservateur tout entier, sont ébranlés depuis plusieurs semaines par un scandale portant sur des commissions perçues par des élus du mouvement lors de l'achat de masques, ou d'autres soupçons d'enrichissement.

Ces affaires ont contribué dimanche dernier à deux revers électoraux cinglants de la CDU lors de scrutins régionaux. Et, depuis, le parti est en chute dans les sondages, à quelques mois des élections législatives de fin septembre.

La victoire de la droite aux élections de septembre, qui semblait acquise, n'est ainsi plus du tout assurée, selon de récents sondages.