Colère des agriculteurs Gabriel Attal donne des gages sur le terrain

ATS

28.1.2024 - 13:42

Le Premier ministre Gabriel Attal a dit dimanche envisager des mesures «supplémentaires» pour protéger l'agriculture française, sur fond de menace de «siège» de Paris par certains paysans qui estiment insuffisantes les premières annonces en faveur du secteur.

Pour tenter d'éteindre la révolte, le Premier ministre a dévoilé vendredi des mesures d'urgence, comme l'abandon de la hausse de la taxe sur le gazole non routier (GNR) ou des indemnités gonflées pour les éleveurs dont les bovins ont été touchés par la maladie hémorragique épizootique (archives).
Pour tenter d'éteindre la révolte, le Premier ministre a dévoilé vendredi des mesures d'urgence, comme l'abandon de la hausse de la taxe sur le gazole non routier (GNR) ou des indemnités gonflées pour les éleveurs dont les bovins ont été touchés par la maladie hémorragique épizootique (archives).
KEYSTONE

Arrivé en milieu de matinée dans une exploitation à Parçay-Meslay en Indre-et-Loire, pour son deuxième déplacement sur le terrain en trois jours, M. Attal, lors d'échanges à bâtons rompus, a été interpellé sur de multiples volets de la crise: baisse des revenus, retraites faibles, complexité administrative, inflation des normes, concurrence étrangère...

«Je veux qu'on clarifie les choses et qu'on voie les mesures que l'on peut prendre, supplémentaires, sur ces histoires de concurrence déloyale», a lancé le chef du gouvernement: «ce n'est pas normal que vous soyez empêchés d'utiliser certains produits», alors que «des pays voisins, Italie ou autres» peuvent y avoir recours.

Cette visite, lors de laquelle M. Attal a réitéré le soutien de l'exécutif aux agriculteurs et promis d'égrener prochainement de nouvelles mesures, notamment sur le sujet des jachères, a eu lieu au moment où la situation menace de se tendre de nouveau après un début d'accalmie sur le terrain.

«Dès lundi 29 janvier à 14h00 les agriculteurs des départements: l'Aisne, l'Aube, l'Eure, l'Eure-et-Loir, l'Ile-de-France, la Marne, le Nord, l'Oise, le Pas-de-Calais, la Seine-et-Marne, la Seine-Maritime et la Somme, membres du réseau FNSEA et Jeunes Agriculteurs du Grand Bassin Parisien entament un siège de la capitale pour une durée indéterminée», promettent les deux syndicats, qui représentent la majorité de la profession au niveau national.

«Tous les axes lourds menant à la capitale seront occupés par les agriculteurs», ajoutent-ils.

Mais les instances nationales des deux organisations n'ont pas encore tranché sur la suite du mouvement au niveau de l'ensemble du pays. «C'est le terrain qui décide», fait valoir le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, dans La Tribune dimanche.

«Le Premier ministre n'a pris en compte qu'une partie des 122 revendications que nous lui avons adressées», regrette-t-il, réclamant de «discuter avec lui, revendication par revendication».

Plusieurs axes importants restent bloqués dimanche, même si selon la gendarmerie, la décrue s'est poursuivie par rapport à samedi: à 6H00, 20 actions étaient recensées, touchant 17 départements.

L'autoroute A7 est toujours coupée entre Chanas (Isère) et Orange en direction de Marseille et entre Avignon et Chanas en direction de Lyon, selon l'exploitant Vinci Autoroutes. Dans la Meuse, l'A4 est bloquée entre Manheulles et Haudiomont, selon les JA.

Dans le Gard, des agriculteurs ont passé la nuit sur le barrage de l'autoroute A9, à hauteur de Nîmes. «On est là et l'autoroute est toujours coupée», a déclaré à l'AFP dimanche matin le président de la FDSEA30, David Sève. En Normandie, l'A13 est coupée dans les deux sens à hauteur de Gaillon (Eure) selon la direction interdépartementale des routes.

Stratégie de relais

En Bretagne, de nombreux barrages restent en place sur des voies express, notamment à Caulnes (Ille-et-Vilaine), à Carhaix (Finistère) et Lorient (Morbihan).

En Eure-et-Loir, la FDSEA prévoit des opérations «péage gratuit» de 12H00 à 22H00 sur l'A10 et l'A11.

Face aux annonces du gouvernement destinées à calmer la colère agricole, les réactions divergent entre ceux qui estiment avoir obtenu satisfaction et ceux qui pensent que le compte n'y est pas.

Parmi les premiers, Joël Tournier, l'un des porte-parole du mouvement à Carbonne (Haute-Garonne), avec l'éleveur Jérôme Bayle: «On a été entendu, on a eu quelques réponses» même si «tout ne sera pas parfait de suite», juge-t-il pour expliquer la décision de lever samedi le barrage emblématique sur l'A64.

Au sujet d'un éventuel «blocus» de Paris lundi, «je pense qu'il va y avoir une délégation de tracteurs meusiens qui va monter», éventuellement «un peu plus tard dans la semaine», souligne M. Douxdoux, des JA de la Meuse.

Dans le nord du pays, «les départements vont se relayer» et «tour à tour», des tracteurs «prendront la route pour se rendre à Paris», explique à l'AFP Lucie Delbarre, secrétaire générale FDSEA du Pas-de-Calais, en prévoyant également un blocage de l'A16 lundi au sud de Boulogne-sur-Mer.

La Coordination rurale du Lot-et-Garonne prévoit pour sa part de «monter à Paris» pour «bloquer» le marché de Rungis.

Pour tenter d'éteindre la révolte, le Premier ministre a dévoilé vendredi des mesures d'urgence, dont l'abandon de la hausse de la taxe sur le gazole non routier (GNR), des indemnités gonflées pour les éleveurs dont les bovins ont été touchés par la maladie hémorragique épizootique, des sanctions lourdes contre trois industriels de l'agro-alimentaire ne respectant pas les lois Egalim sur les prix.

Mais le président des Républicains Eric Ciotti a jugé ces réponses «ridiculement faibles» et plaidé, dans un entretien au Journal du Dimanche, pour un revenu minimum net mensuel des agriculteurs de 1500 euros.