Israël a de nouveau bombardé mercredi la bande de Gaza, faisant grimper le bilan des morts à au moins 1055. Israël fait pour sa part état d'au moins 169 soldats tués dans les combats contre le Hamas, 4 jours après l'attaque lancée par ce mouvement palestinien.
«Nous avons au moins 1055 martyrs et 5184 personnes souffrant de différentes blessures», a déclaré le ministère palestinien de la santé, dans un nouveau bilan revu à la hausse. Le Hamas a aussi annoncé que deux de ses hauts responsables avaient été tués par des frappes israéliennes.
Du côté israélien, le dernier bilan s'élève à «1200 morts», a déclaré l'armée israélienne, qui a fait état par ailleurs de 169 soldats tués. Plus de 2700 personnes ont été blessées et des dizaines sont officiellement recensées comme «otages ou disparues».
Israël ne se conduit pas «comme un Etat»
Israël ne se conduit pas «comme un Etat» dans la bande de Gaza, a affirmé dans ce contexte le président turc Recep Tayyip Erdogan.
«Israël ne doit pas oublier que s'il se conduit comme une organisation plutôt que comme un État, il finira par être traité comme tel», a déclaré le chef de l'Etat turc, dénonçant les «méthodes honteuses» de l'armée israélienne.
«Bombarder des localités civiles, tuer des civils, bloquer l'aide humanitaire et tenter de présenter cela comme des exploits ne peut être qu'un réflexe d'une organisation et non d'un État», a insisté le président turc, qui utilise d'ordinaire le terme «organisation» pour qualifier le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), classé comme terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux.
«Nous pensons que la guerre doit avoir une éthique et que les deux parties doivent la respecter. Malheureusement, ce principe est gravement violé en Israël et à Gaza», a-t-il dit encore, dénonçant les «meurtres de civils sur le territoire israélien» ainsi que «le massacre aveugle d'innocents à Gaza soumis à des bombardements constants».
Gaza en état de siège
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a affirmé que son pays allait «vaincre avec de la force, énormément de force»
L'attaque du Hamas a provoqué la sidération dans le pays. Outre le bombardement sans relâche de l'enclave palestinienne densément peuplée, Israël a mobilisé 300'000 réservistes et déployé des dizaines de milliers de soldats autour de Gaza et à sa frontière nord avec le Liban.
La bande de Gaza, une enclave pauvre et exiguë où s'entassent 2,3 millions d'habitants, est désormais en état de siège. Israël y a coupé les approvisionnements en eau, en électricité et en nourriture.
Dans la nuit de mardi à mercredi, des bombardements ont fait au moins 30 morts dans l'enclave palestinienne, touchant des dizaines d'immeubles, des usines, des mosquées et des magasins, selon le Hamas. Selon l'armée israélienne, plusieurs cibles du mouvement islamiste ont été touchées.
Civils en fuite, université bombardée
Mercredi matin, des femmes, leurs enfants dans les bras, fuyaient entre les décombres des immeubles effondrés, dans des rues dévastées de la ville de Gaza.
Des avions de combat israéliens ont aussi bombardé une université islamique liée au Hamas, soulevant dans le ciel d'épais nuages de poussière lorsque les bâtiments se sont effondrés, selon un correspondant de l'AFP.
A la frontière nord, l'armée israélienne a frappé une nouvelle fois mercredi le sud du Liban en riposte à des tirs de roquettes revendiqués par le Hezbollah pro-iranien, allié du Hamas.
L'offensive a suscité de multiples condamnations internationales, ainsi que des inquiétudes face à l'éventualité d'un assaut terrestre sur Gaza. Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza depuis 2007, menace de son côté d'exécuter des otages enlevés en Israël.
Samedi à l'aube, après avoir franchi la barrière frontalière qu'Israël considérait infranchissable, des centaines de combattants du Hamas s'étaient engouffrés depuis la bande de Gaza dans des localités du sud du pays, allant de maison en maison, abattant des personnes ou les enlevant.
Les hôpitaux débordés
Dans les hôpitaux de la bande de Gaza, la situation est catastrophique. L'hôpital al-Chifa de la ville de Gaza déborde de blessés. «Certains meurent bien avant» d'avoir pu être soignés, raconte un médecin.
L'ONU a affirmé que le siège total de la bande de Gaza, où plus de 263'000 personnes ont déjà été déplacées par la guerre, était «interdit» par le droit international humanitaire.
L'offensive du Hamas a été lancée 50 ans et un jour après la guerre israélo-arabe de 1973 qui avait pris Israël par surprise et fait 2600 morts côté israélien en trois semaines.
Les Brigades Al-Qassam, la branche militaire du Hamas, ont annoncé avoir déclenché cette offensive pour «mettre fin aux crimes de l'occupation», en référence à l'occupation israélienne des territoires palestiniens.