L'armée débarque Des chaises contre des fusils: nuit de chaos au Parlement en Corée du Sud

ATS

4.12.2024 - 11:35

Chaises de bureau contre fusils d'assaut: des membres du personnel parlementaire ont utilisé les moyens du bord pour empêcher des soldats armés, venus faire respecter la loi martiale, d'entrer dans l'Assemblée nationale de Corée du Sud.

Des personnes se rassemblent devant l'Assemblée nationale à Séoul, Corée du Sud, 04 décembre 2024. Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a annoncé son intention de lever la loi martiale d'urgence quelques heures après que l'Assemblée nationale a voté à l'unanimité en faveur d'une résolution exhortant le président à retirer la loi martiale lors d'une session plénière d'urgence. M. Yoon avait déclaré la loi martiale la nuit précédente, citant la nécessité d'éradiquer les forces pro-nord-coréennes et de maintenir l'ordre constitutionnel.
Des personnes se rassemblent devant l'Assemblée nationale à Séoul, Corée du Sud, 04 décembre 2024. Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a annoncé son intention de lever la loi martiale d'urgence quelques heures après que l'Assemblée nationale a voté à l'unanimité en faveur d'une résolution exhortant le président à retirer la loi martiale lors d'une session plénière d'urgence. M. Yoon avait déclaré la loi martiale la nuit précédente, citant la nécessité d'éradiquer les forces pro-nord-coréennes et de maintenir l'ordre constitutionnel.
KEYSTONE

Peu après l'annonce de l'instauration de la loi martiale par le président Yoon Suk Yeol tard mardi, une première depuis plus de 40 ans dans le pays, des hélicoptères ont déposé des troupes lourdement armées dans l'enceinte du Parlement, selon des images de vidéosurveillance diffusées mercredi.

D'autres soldats ont escaladé les clôtures de l'enceinte gouvernementale après minuit, a déclaré Kim Min-ki, le secrétaire général de l'Assemblée, lors d'un point de presse. Ils ont ensuite brisé des fenêtres pour pénétrer dans le bâtiment, a-t-il ajouté, qualifiant cette action d'intrusion «inconstitutionnelle et illégale».

Action en justice

«Nous identifierons les dommages physiques et les pertes causés par la déclaration de la loi martiale et demanderons des comptes aux responsables par le biais d'une action en justice», a-t-il promis.

Environ 280 militaires ont fait irruption dans l'institution, selon M. Kim, mais ils se sont rapidement heurtés à la résistance des employés, qui ont saisi tout ce qui leur tombait sous la main pour barricader les entrées et empêcher les troupes de pénétrer dans l'hémicycle. Des images ont montré des dizaines de soldats tentant d'entrer dans le bâtiment, avant d'être repoussés.

Les soldats «ont illégalement bouclé l'Assemblée nationale après avoir déclaré la loi martiale, violant la Constitution et la loi en interdisant aux députés d'entrer dans l'Assemblée» et «infligeant de profondes blessures au coeur du peuple», a encore déclaré M. Kim.

«J'ai craint pour ma vie»

Lors d'une scène hallucinante, An Gwi-ryeong, une porte-parole du Parti démocrate (opposition), a affronté un soldat, tentant de s'emparer de son fusil. La lutte a duré plus de dix secondes, et après qu'elle a relâché l'arme, le soldat l'a brièvement pointée sur elle.

Sans se laisser décourager, Mme An, une ancienne présentatrice de journaux télévisés, a crié: «Vous n'avez pas honte?», a-t-on pu voir sur les images de l'échauffourée.

«Je n'ai pas eu d'autre choix que de les empêcher d'entrer dans le bâtiment principal parce qu'une résolution était présentée pour bloquer la loi martiale», a expliqué Mme An à l'AFP mercredi.

Selon la constitution sud-coréenne, si le Parlement demande la levée de la loi martiale, le président est tenu d'obtempérer. Des experts ont émis l'hypothèse que les soldats avaient été envoyés pour tenter de faire échouer le vote. «J'ai craint pour ma vie», a confié Mme An à propos de la confrontation.

Entrave au travail des députés

Pendant que des soldats tentaient de pénétrer dans le bâtiment, la police a verrouillé les portes de l'Assemblée, interdisant même aux députés d'entrer. «Certains députés ont dû escalader la clôture pour entrer et voter la résolution», a indiqué Shin Chang-sik, député de l'opposition.

Cependant, tous n'ont pas réussi à entrer dans le bâtiment. Lee Jun-seok, également député de l'opposition, a été bloqué par les rangées de policiers qui gardaient les portes. «Vous êtes en train d'entraver les fonctions officielles d'un législateur», a-t-il alors lancé.

Une fois les soldats dans les murs du Parlement, ils ont constaté que les portes de l'hémicycle étaient barricadées par des piles de meubles érigées par le personnel parlementaire, comme l'ont montré les images de vidéosurveillance.

On peut également voir des soldats se précipitant vers la porte barricadée, armes pointées vers le personnel parlementaire non armé, qui continuait à empiler des chaises et des bureaux sur leur passage.

Retrait des militaires

Derrière la foule, des dizaines de flashes d'appareils photo immortalisaient ce moment surréaliste.

Ce n'est qu'après l'adoption de la résolution demandant le retrait de la loi martiale, vers 01H00 du matin locales, que les soldats ont commencé à battre en retraite. A 02h00, ils s'étaient complètement retirés, mais sans avoir tiré un seul coup de feu.

ATS