Les Portoricains en colère Ce clown va-t-il coûter l'élection à Trump?

Philipp Dahm

30.10.2024

Un humoriste a rendu un mauvais service à Donald Trump en se produisant au Madison Square Garden de New York: sa tirade sur Porto Rico, qu'il comparait à «une île d'ordures» a mis en colère des électeurs potentiels. Cela pourrait coûter cher au candidat républicain.

Un humoriste qualifie Porto Rico d'«île flottante d'ordures» lors d'un meeting de Trump

Un humoriste qualifie Porto Rico d'«île flottante d'ordures» lors d'un meeting de Trump

«Et ces Latinos, ils aiment faire des bébés aussi (...) ils ne pratiquent pas le retrait. Ils ne font pas ça, ils viennent à l'intérieur, comme ils l'ont fait pour notre pays».

30.10.2024

Philipp Dahm

C'était le grand souhait de Donald Trump d'organiser un meeting de campagne au Madison Square Garden. Pourtant, l'homme de 78 ans n'a aucune chance de gagner à New York: l'Etat fédéral vote traditionnellement de manière démocratique. Les républicains y ont été distancés de plus de 20 points lors des derniers scrutins.

L'humoriste Tony Hinchcliffe a probablement été invité parce qu'il est connu pour ses insultes politiquement incorrectes.
L'humoriste Tony Hinchcliffe a probablement été invité parce qu'il est connu pour ses insultes politiquement incorrectes.
© no source

L'apparition de Trump lui coûte une «fortune», selon l '«Independent». Pourquoi l'ex-président paie-t-il ? Un confident révèle à «The Bulwark» que Trump «est obsédé par cela depuis au moins un an. C'est sa campagne. Donc ça arrive».

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Mais l'événement pourrait coûter au républicain bien plus qu'une fortune : il pourrait lui faire perdre la victoire électorale. Et la faute n'en revient même pas à Trump lui-même, mais à Tony Hinchcliffe: L'humoriste a probablement été invité parce qu'il est connu pour ses insultes politiquement incorrectes. Hinchcliffe est quasiment le contraire de woke.

«Nous savons comment sortir les ordures, Donald Trump»

La campagne de Trump savait qui elle invitait à danser. Et le quadragénaire n'a pas tardé à mettre des bâtons dans les roues de toute une catégorie de la population. «Il existe littéralement une île flottante de déchets au milieu de l'océan», déclare l'humoriste à New York. «Je crois qu'elle s'appelle Porto Rico».

Les réactions ne se font pas attendre.

Il est évident que les célébrités d'origine portoricaine contre-attaquent : selon «Variety», les musiciens Bad Bunny, Jennifer Lopez et Ricky Martin ont donné en réponse des recommandations de vote pour Kamala Harris et ont posté une vidéo de l'émission de télévision «The View» dans laquelle la présentatrice Sunny Hostin règle ses comptes avec Trump.

La femme de 56 ans est en colère. Sa famille est originaire de cette île, explique Hostin, qui est née dans le Bronx à New York. «Porto Rico est une poubelle? Nous sommes américains, Donald Trump. Volontairement, nous servons de manière disproportionnée dans l'armée, alors que toi, tu as un éperon osseux». C'est à cause de ce dernier que Trump s'est fait réformer pour ne pas devoir aller au Vietnam.

Beaucoup de Portoricains dans les Swing States

L'hôtesse rappelle à l'humoriste et à l'équipe de campagne de Trump à qui ils ont affaire: en Pennsylvanie, il y a environ 500'000 Américains avec des racines portoricaines. Ils seraient 150'000 en Caroline du Nord, 100'000 en Géorgie, 64'000 en Arizona, 61'000 dans le Wisconsin, 43'000 dans le Michigan et 27'000 dans le Nevada.

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Patrick Semansky/AP/dpa

Ces sept États sont les swing states où la course est si serrée. Et les chiffres cités par la présentatrice pèsent lourd au vu de la faible avance: si ces personnes se décident effectivement toutes pour Harris, l'élection pourrait être terminée pour Trump.

Les artistes qui, comme Lopez et Martin, se prononcent désormais contre l'homme de 78 ans, auraient ensemble 345 millions de followers sur les médias sociaux. «Je crois que tu n'en as que 26 millions», lance Hostin en direction de Trump. «Parce que la taille est si importante pour toi».

La communauté est en colère : «Nous savons comment sortir les ordures, Donald Trump. Des ordures qui sont collectées depuis 2016. Et c'est toi, Donald Trump. Chers camarades portoricains, le jour de la collecte des ordures est le 5 novembre». Les yeux d'Hostin brillent de colère tandis qu'elle prononce ces paroles.

«La campagne s'est fait tellement de mal à elle-même»

Les gens dans la rue sont également en colère. «La campagne s'est fait tellement de mal à elle-même», déclare à la BBC Ivonne Torres Miranda, représentante de Philadelphie, en Pennsylvanie. «Je pense que c'est fou. Même si [Hinchcliffe] a fait une blague: on ne fait pas de telles blagues. Nous sommes portoricains. Nous avons de la dignité et nous sommes fiers».

«Chacun a sa propre opinion», ajoute Dalma Santiago. «Mais personne ne l'oubliera». Ce sont de telles déclarations qui tirent désormais la sonnette d'alarme chez les républicains: certains politiciens s'efforcent désormais de limiter les dégâts. En Floride, les républicains Rick Scott, Maria Elvira Salazar et Carlos Giminez ont critiqué l'insulte.

Même la campagne de Trump a pris ses distances avec l'humoriste. Et Hinchcliffe lui-même? Celui-ci n'a pas encore tout à fait compris l'ampleur de ses propos. Il a réagi ainsi aux critiques des démocrates Tim Walz et Alexandria Ocasio-Cortez: «Ces gens n'ont pas le sens de l'humour».

Hinchcliffe va-t-il maintenant coûter l'élection à Trump? Ce qui est sûr, c'est que Donald Trump, au moins, n'a plus envie de rire.