Perturbateur en chef de l'ordre international Bluff ou réalité? Trump suscite l'inquiétude avec ses menaces

ATS

24.12.2024 - 07:34

Prise de contrôle américaine du canal de Panama, appels à acheter le Groenland ou encore boutades sur une annexion du Canada: le président américain élu Donald Trump enchaîne les déclarations provocantes et le monde se demande s'il faut le prendre au sérieux.

En défiant la souveraineté de certains alliés de Washington quatre semaines avant son retour à la Maison-Blanche, le républicain rappelle qu'il a le profil d'un perturbateur en chef de l'ordre international.
En défiant la souveraineté de certains alliés de Washington quatre semaines avant son retour à la Maison-Blanche, le républicain rappelle qu'il a le profil d'un perturbateur en chef de l'ordre international.
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En défiant la souveraineté de certains alliés de Washington quatre semaines avant son retour à la Maison-Blanche, le républicain rappelle qu'il a le profil d'un perturbateur en chef de l'ordre international.

Ses récents commentaires ont ravivé des craintes remontant à son premier mandat, selon lesquelles Donald Trump sera plus intransigeant avec les alliés des Etats-Unis qu'avec les ennemis chinois ou russe. Mais certains soupçonnent le milliardaire de jouer de son image d'ancienne vedette de téléréalité et de vouloir faire les gros titres pour s'imposer comme homme fort, à l'étranger comme aux Etats-Unis.

«Pas à vendre»

«C'est difficile de savoir à quel point il pense ce qu'il dit et à quel point il fait cela pour que ses petites phrases soient reprises», explique Frank Sesno à l'AFP, professeur à l'université George Washington et ancien journaliste détaché à la Maison-Blanche. «Il met les autres dirigeants dans la position de devoir démêler le vrai du faux», a-t-il ajouté.

«Pour la sécurité nationale et la liberté à travers le monde, les Etats-Unis d'Amérique estiment que la propriété et le contrôle du Groenland en font une nécessité absolue», avait écrit dimanche Donald Trump sur Truth Social. Réponse du premier ministre du Groenland, Mute Egede: le territoire, riche en ressources naturelles, n'est «pas à vendre».

Ses récentes déclarations sur le Groenland font écho à celles qu'il avait tenues en 2019. Donald Trump, alors président, avait ouvertement envisagé l'achat au Danemark par les Etats-Unis de ce territoire de l'Arctique, évoquant une potentielle «grosse transaction immobilière» qui serait «stratégiquement intéressante».

Plus tôt dans le week-end, le milliardaire avait menacé de reprendre le contrôle du canal de Panama et s'en était pris aux droits de passage, «ridicules» selon lui, auxquels sont astreints les navires américains.

«Blague?»

Il a également pointé l'influence grandissante de la Chine sur le canal. Le président du Panama, José Raul Mulino, a exigé du «respect» envers son pays et assuré que «chaque mètre carré du canal de Panama et de ses zones adjacentes appartient au Panama et continuera à lui appartenir». «On verra bien», a répondu Donald Trump.

Le contrôle du canal de Panama, ouvrage achevé par les Etats-Unis en 1914, a été entièrement rendu au pays d'Amérique centrale en 1999, en vertu d'un accord signé par le président américain Jimmy Carter en 1977.

La semaine dernière, l'ancien promoteur immobilier avait répété que ce serait une «excellente idée» de faire du Canada le 51e Etat américain, après avoir menacé ce pays voisin d'augmenter les droits de douane de 25%.

«Est-ce une blague, est-ce sérieux? Imaginez que vous soyez le président du Panama, comment réagissez-vous à une telle situation? Vous ne pouvez pas l'ignorer et votre pays ne vous laissera pas le faire. De tels commentaires ont une grande répercussion», affirme Frank Sesno.

Stratégie plus large

La rhétorique de Donald Trump pourrait toutefois faire partie d'une stratégie plus large. «Ses déclarations sur le Groenland sont peut-être destinées à la Chine», songe Stephanie Pezard, chercheuse en sciences politiques à l'institut Rand Corporation.

Tout comme M. Trump s'est inquiété de l'influence de Pékin au Panama, la présence croissante de la Chine dans l'Arctique et ses liens avec la Russie sont «quelque chose qui préoccupe vraiment les Etats-Unis», relève Mme Pezard.

Mais il pourrait également s'agir d'un signal adressé au Danemark: «Si vous êtes trop amical avec la Chine, vous nous trouverez sur votre chemin», même si le Danemark et le Groenland ont été «de très bons alliés au sein de l'OTAN», poursuit la chercheuse.

«Acheter» le Groenland est un projet irréalisable, «non seulement en matière de droit international, mais plus largement dans l'ordre mondial que les États-Unis essaient de maintenir», estime Stephanie Pezard.