Avant le premier débat«Biden recevra une piqûre dans le cul» - Trump dérape encore
AFP
25.6.2024
Deux hommes qui se connaissent autant qu'ils se détestent, deux visions radicalement différentes de l'Amérique: Joe Biden et Donald Trump, au coude-à-coude dans les sondages, s'affronteront jeudi lors du premier débat dans la course à la Maison Blanche.
AFP
25.06.2024, 08:08
Gregoire Galley
Jamais encore les Américains n'ont eu à départager des candidats aussi âgés que le président démocrate, 81 ans, et son prédécesseur républicain, 78 ans, dont les camps sont déjà passés à l'attaque.
Le débat permettra au pays «de prendre conscience du choix entre Joe Biden (...) et Donald Trump, un repris de justice» qui «mène une campagne détraquée» nourrie par l'obsession de la «vengeance», a affirmé dimanche Michael Tyler, porte-parole de campagne du démocrate.
Un jury new-yorkais a prononcé un verdict de culpabilité au pénal contre l'ancien président, du jamais vu, pour des paiements dissimulés à une ancienne actrice de films X. Donald Trump est poursuivi dans plusieurs autres affaires, en lien notamment avec la contestation et les violences ayant suivi l'élection de 2020.
Le républicain, qui n'a jamais concédé sa défaite et ne s'est pas engagé à respecter le verdict des urnes en novembre, a attaqué samedi la forme physique et mentale de son adversaire.
Devant ses partisans à Philadelphie, il a ironisé sur la préparation méticuleuse et secrète du débat par Joe Biden, retranché avec ses conseillers dans une résidence proche de Washington.
«Il est en train de dormir, parce qu'ils veulent qu'il soit en forme. Et un peu avant le débat, il recevra une piqûre dans le cul», a lancé le républicain. Il avait déjà insinué que le président démocrate serait «dopé» pour leur rencontre.
Les duettistes ont toutefois accepté des règles censées éviter que le duel ne tourne au pugilat comme leur premier débat en 2020. Joe Biden avait lancé un «Mais tu vas la fermer, mec?» après une énième interruption intempestive de Donald Trump.
D'ordinaire, les candidats à la Maison Blanche attendent l'automne pour débattre, mais le démocrate a mis son rival au défi de lui faire face avant l'été afin d'établir au plus vite un contraste qui, Joe Biden en est persuadé, jouera en sa faveur. Une autre confrontation aura lieu en septembre.
Les deux candidats vont «refaire connaissance avec un électorat qui les connaît bien, mais qui jusqu'ici n'a pas prêté beaucoup d'attention» à la campagne, commente Donald Nieman, analyste de l'université Binghamton.
L'enjeu, pour Donald Trump comme pour Joe Biden, est de mobiliser les électeurs qui échappent à l'extrême polarisation de la vie politique américaine et que ce match retour rebute. Une nouvelle fois, l'élection pourrait se jouer à quelques dizaines de milliers de voix près dans une poignée d'Etats.
Grant Reeher, politologue de l'université de Syracuse, se demande si Donald Trump cherchera devant les caméras à prouver sa «stature présidentielle» pour convaincre cet électorat modéré, en rompant avec la violence verbale dont il abreuve sa base.
«Le point faible de Trump, c'est sa rhétorique extrémiste», et celui de Joe Biden, «c'est de savoir s'il a l'acuité mentale requise pour la fonction», résume Kathleen Hall Jamieson, professeure de communication à l'université de Pennsylvanie. L'écart d'âge entre les deux hommes n'est que de trois ans environ.
Mais les Américains s'inquiètent plus des facultés du président en exercice, qui a indéniablement perdu en prestance physique et en aisance oratoire, que de celles du républicain, bien que ce dernier se lance souvent en meeting dans des digressions incohérentes.
Joe Biden promet de sauver la démocratie face à un rival qui a traité ses opposants politiques de «vermine» et qui a publiquement envisagé d'être dictateur «pour un jour».
L'octogénaire se pose aussi en garant du droit à l'avortement, en allié des classes moyennes et en rempart face à des Etats autoritaires tels que la Russie et la Chine.
Donald Trump dit quant à lui vouloir enrayer le «déclin» de l'Amérique à coups de baisses d'impôts, de droits de douane, de forages pétroliers et d'expulsions massives de migrants.
Régulièrement critiqué pour des propos xénophobes, le milliardaire a récidivé samedi en évoquant l'organisation de combats à main nue entre des migrants et des champions américains, sur le modèle des compétitions d'arts martiaux mixtes (MMA). «Ce n'est pas la plus mauvaise idée que j'aie eue», a-t-il dit devant un rassemblement de chrétiens évangéliques.
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